Le nouveau Moloch

Pourra-t-on arrêter la machine de haine ?

Une bannière à la gloire d'un auteur d'un attentat  (photo credit: REUTERS)
Une bannière à la gloire d'un auteur d'un attentat
(photo credit: REUTERS)
Au seuil d’une nouvelle année, le triste bilan de la terreur palestinienne se résume en quelques chiffres : près de 500 attentats, environ 50 victimes innocentes assassinées, 5 000 personnes plus ou moins grièvement blessées. Pour la plus grande gloire d’Allah, hurlent les terroristes. Certains se ruent sur des policiers ou des policières, et sur des soldats ; d’autres préfèrent des cibles plus faciles : mère de famille sur le pas de sa porte, fillette endormie paisiblement dans son lit, femmes faisant leurs emplettes au supermarché, passants en route vers leur lieu de travail, passagers d’un bus bondé, famille rentrant chez elle après une petite fête.
Tous les moyens sont bons. Revolver ou fusil parfois, plus souvent un couteau, mais aussi des ciseaux, des tournevis… Il y a aussi la voiture bélier, qui fait un maximum de victimes. Et puis la pierre. Bien ajustée et visant voiture ou autobus, elle peut blesser ou entraîner un accident mortel. Dernière arme, sans doute la plus effroyable, la bombe incendiaire. On a vu des enfants transformés en torches humaines, et des survivants marqués à vie.
Face à cette grande diversité de victimes, une étonnante et navrante uniformité d’assaillants. Il s’agit en majorité de célibataires. Ils sont jeunes, parfois très jeunes. L’an dernier on a vu des gamins de 11 et
12 ans attaquer d’autres enfants ou même des adultes. Plus rarement, une jeune fille ou une jeune femme. Tous sont prêts à se sacrifier, à mourir. Mais pourquoi au juste ? Le savent-ils eux-mêmes ? Ce sont eux aussi des victimes, les victimes d’un Moloch d’un nouveau genre qui fait feu de tout bois pour nourrir son insatiable appétit. Et l’Autorité palestinienne est tout à son service avec sa propagande effrénée, incessante, sinistre lavage de cerveaux qui diabolise « l’ennemi sioniste », ou plus simplement « le juif ». Celui qui empoisonne les puits, et porte atteinte à la sainte esplanade des mosquées. Aucune accusation n’est trop grotesque, trop outrancière.
Amplifiée par la rumeur, exacerbée par les imams dans leurs prêches, alimentée par les discours des dirigeants, reprise par les médias, c’est une arme puissante qui appelle à la vengeance. On en parle dans les foyers, on en discute entre jeunes. On évoque les cousins, les frères, les voisins qui sont passés à l’acte et sont morts en « héros » ; non, en « martyrs ». Des martyrs qui font l’objet de la vénération populaire et dont les portraits auréolés de gloire sont affichés sur la façade d’établissements publics. On donne leur nom à des écoles, à des places, et même dernièrement, à une promotion de juges ! Rien d’étonnant, dès lors, si leurs parents proclament haut et fort leur fierté et leur joie devant « l’héroïsme » d’un fils ou d’une fille abattus, alors qu’ils venaient d’assassiner une victime choisie au hasard. Bien sûr, ces sentiments cachent souvent une douleur qui ne peut être exprimée. Que diraient les voisins, les amis ? Les cyniques ajouteront que l’Autorité palestinienne, qui bénéficie de l’aide humanitaire dispensée par tant de pays occidentaux, sait se montrer généreuse et octroie une rente substantielle à la famille endeuillée.
Peut-on espérer que la nouvelle année apportera enfin le changement ? Sans doute non. Le ministre des Affaires étrangères américain ne vient-il pas de déclarer qu’il mettait sur le même plan terrorisme et implantations ? On pourrait évidemment lui répliquer qu’il n’y a pas d’implantations aux Etats Unis – ou en France – deux pays pourtant frappés par le terrorisme, mais ce serait sans doute sortir du sujet. Le nouveau Moloch a encore de beaux jours devant lui.
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