Sémantique et politique

Mahmoud Abbas est décidément passé maître dans l’art du double langage

Mahmoud Abbas (photo credit: REUTERS)
Mahmoud Abbas
(photo credit: REUTERS)
Dure semaine pour Mahmoud Abbas. Cela a commencé par une révélation fracassante : selon des documents du KGB, il aurait travaillé en Syrie pour le compte de cette organisation. Son nom de code : « la taupe ». Ni flatteur ni original. Deuxième épreuve, le président de l’Autorité palestinienne, élu en 2005 et toujours en place bien que son mandat ait expiré depuis longtemps, se voit forcé d’annuler les élections parlementaires qui devaient enfin se tenir le mois prochain. Parce que le mandat du Parlement palestinien est lui aussi expiré de longue date. Enfin, parce que jamais deux sans trois, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou l’accuse de vouloir effectuer un nettoyage ethnique dans les territoires du futur Etat palestinien.
On se souvient qu’Abbas a fait ses études à l’université Lumumba de Moscou. Il n’avait alors guère le temps de faire de la politique, car il se consacrait à l’écriture de sa thèse La relation secrète entre les nazis et les dirigeants du Mouvement sioniste. Dans cet ouvrage, publié sous forme de livre en 1984, il remettait en cause le nombre des victimes de la Shoah. Sommé de s’en expliquer lors de son entrée dans l’arène publique, il dira simplement qu’à l’époque Israël était l’ennemi et qu’aujourd’hui il ne ferait pas de semblables déclarations. Non qu’il les regrette ; Abbas explique simplement au quotidien Maariv qu’il « préfère désormais se consacrer au processus de paix ».
Vouloir faire un nettoyage ethnique, lui ? Le chef de l’Autorité palestinienne veut simplement se débarrasser des « colons envahisseurs » dont pas un seul ne sera admis à vivre dans son Etat. Parce qu’ils sont des colons, pas parce qu’ils sont juifs bien sûr, répètent à l’envi les porte-parole de l’AP. Le problème est que les médias palestiniens – comme l’homme de la rue – ne font pas vraiment la différence entre les uns et les autres. Triste à dire, mais ils utilisent le terme « el Yahoud, » les juifs, pour désigner les Israéliens toutes tendances confondues. La télévision du Fatah, le parti de Mahmoud Abbas, diffuse régulièrement prêches et vidéos accusant les juifs – pas les Israéliens – de tous les péchés, les traitant de descendants de porcs et de singes, et leur reprochant d’avoir trahi le prophète Mahomet.
L’exemple vient des plus hauts échelons. Lors des troubles sur l’esplanade du Temple – pardon, l’esplanade des Mosquées, les Arabes rejetant tout lien entre le judaïsme et ce haut lieu musulman – Abou Mazen lui-même a accusé les juifs de « le souiller avec leurs pieds sales ». D’ailleurs, une caricature parue sur le site « culturel » du Fatah le 16 novembre 2014, et reproduite par l’ONG Palestinian Media Watch, montre les juifs sous forme de rats attaquant les fondations de la mosquée Al-Aqsa. La légende : « Où sont les nations du monde ? »
La presse occidentale, elle, a d’autres choses à faire que d’évoquer déclarations, vidéos et autres caricatures palestiniennes en arabe, et s’indigne que l’on puisse douter de la bonne foi de Mahmoud Abbas.
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