Fausse nouvelle : mode d’emploi

Face aux informations erronées qui pullulent sur le Web, la prudence est de mise

Hoax, terme anglais qui désigne un canular (photo credit: FREEIMAGE)
Hoax, terme anglais qui désigne un canular
(photo credit: FREEIMAGE)
«Hoax » : le terme est à la mode de part et d’autre de l’Atlantique. Mais de quoi s’agit-il au juste ? D’une information erronée, ou inexacte ? Quoi qu’il en soit, le phénomène ne date pas d’hier. On se souvient que l’illustre écrivain américain Mark Twain, apprenant qu’il était mort en lisant son journal, s’était empressé de répondre que la nouvelle était prématurée. A priori, la rumeur reposait sur un malentendu. Dans la même veine, on se souvient également qu’à la suite d’un canular douteux, Avraham Burg, alors président de la Knesset, avait un jour annoncé en séance la mort d’Amnon Rubinstein – lequel est toujours bien vivant – et fait observer une minute de silence aux députés ? Un spectacle auquel le ministre, hospitalisé pour une affection bénigne, avait assisté en direct à la télévision…
La fausse nouvelle moderne est encore autre chose. Celle-ci relève le plus souvent d’une malveillance délibérée et peut prendre deux formes bien distinctes. Il y a l’information fausse parce que fabriquée de toutes pièces dans l’intention de nuire et qui, à l’heure de l’Internet et des réseaux sociaux, se répand avec une incroyable rapidité. De façon générale, elle sera acceptée par ceux auxquels elle convient idéologiquement. Pour ceux qui doutent, la recherche de la vérité n’est pas toujours facile. C’est ce qui explique l’apparition de sites Web dont c’est la vocation. Citons, parmi les plus anciens, urbanlegends.com et snopes.com.
En France, le journal Le Monde a relevé le défi et créé Les décodeurs, un site qui propose « des vérifications factuelles et des explications autour de l’actualité du moment, au rythme des réseaux ». C’est ainsi qu’il s’est penché il y a quelques jours sur un prétendu courrier de Jean d’Ormesson à la ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem. Intitulé Si tu savais Najat, ce texte très dur a été partagé des dizaines de milliers de fois sur Facebook et a fait l’objet de commentaires vengeurs. Les Décodeurs ont démontré qu’il s’agissait d’un faux et en ont révélé l’origine, preuves à l’appui. Malheureusement, il n’est pas sûr que tous ceux qui avaient approuvé et partagé cette lettre aient lu le rapport du journal ; par ailleurs, tous les internautes ne connaissent pas ces sites spécialisés qui ne peuvent de toute façon pas étudier toutes les fausses rumeurs. Reste que plus l’information est sensationnelle, plus il importe d’effectuer un minimum de vérifications avant de la partager. Il existe également un autre type de fausse nouvelle, bien plus insidieux. Il s’agit de rapporter un fait, en lui-même exact, sans donner le contexte qui l’éclaire. Rendre compte, par exemple, d’un meeting politique en montant en épingle l’expulsion sans douceur d’un opposant, sans mentionner que le candidat avait parlé devant une salle enthousiaste, ni même évoquer ce qu’il avait dit. Plus près de chez nous, titrer « Un Palestinien tué par l’armée israélienne », sans préciser qu’il venait de blesser grièvement un passant à coups de couteau.

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