Qu’as-tu appris de beau à l’école ?

Le travail inlassable de l’ONG Palestinian Media Watch pour démontrer la haine d’Israël véhiculée par l’Autorité Palestinienne semble enfin porter ses fruits

Professeur des écoles voilée, dans une école de l’UNRWA (photo credit: REUTERS)
Professeur des écoles voilée, dans une école de l’UNRWA
(photo credit: REUTERS)

Début mai, alors qu’il se tenait aux côtés de Donald Trump à la Maison-Blanche,  Mahmoud Abbas, a déclaré en arabe : « Monsieur le président, je vous affirme que nous élevons notre jeunesse, nos enfants et nos petits-enfants dans une culture de paix ». Suite à cette déclaration, les réactions moqueuses ont fusé parmi la classe politique israélienne, et le Premier ministre Benjamin Netanyahou n’a pas tardé à réagir : « J’ai entendu le président Abbas dire hier que les Palestiniens enseignent la paix à leurs enfants », a-t-il dit. « Ce n’est malheureusement pas vrai ». Pour appuyer son propos, son bureau a publié via Twitter une vidéo dont le contenu contredisait d’une manière flagrante les propos du chef de l’AP. Ces images accablantes reprennent d’abord plusieurs citations d’Abbas se présentant comme un homme de paix, assorties de ce commentaire :

« C’est étrange, venant de quelqu’un qui loue les terroristes, baptise les écoles d’après leurs noms, érige des statues en leur honneur, et s’affiche avec des enfants brandissant leurs portraits ». Puis la vidéo montre le chef de l’AP proclamer en arabe :
« Nous accueillons chaque goutte de sang versé à Jérusalem », et se termine sur cette affirmation : « Président Abbas, il vous serait peut-être parfois utile de taper votre nom sur Google. » A deux reprises, la vidéo a recours à des captures d’écran provenant du site Palestinian Media Watch (PMW).
Le poison de la haine
Itamar Marcus, fondateur et directeur de PMW, n’a pas été surpris par les réactions qu’ont suscitées les paroles du dirigeant palestinien. Depuis vingt ans, en effet, son ONG s’occupe de traduire et de dénoncer la propagande de haine à laquelle l’Autorité palestinienne habitue la société palestinienne. « Quand j’interviens au sein des parlements ou au Congrès américain, je raconte cette haine qui est un véritable poison », explique Itamar Marcus. « Je montre les enfants à la télévision officielle en train d’apprendre que les juifs sont des singes et des cochons. Lorsqu’on leur demande ce qu’ils ont appris à l’école le jour même, on les voit répondre fièrement qu’ils ont appris « à combattre les juifs et à les tuer ». PMW a également réalisé sa propre vidéo, suite à la déclaration d’Abbas à la Maison-Blanche. Elle cite ce dernier ainsi que Netanyahou au sujet de cette prétendue « éducation à la paix », et pose la question : « Qui dit la vérité ? »
Puis elle montre comment la télévision palestinienne endoctrine les écoliers dans la haine et la terreur : « Combattez les Juifs, tuez-les, vainquez-les » ; « Les fils de Sion sont les plus diaboliques de toutes les créatures, ce sont des singes barbares, de misérables cochons ». Un poème est récité par des enfants dont le refrain est : « Notre ennemi Sion est le Satan avec une queue ». Puis on aperçoit le personnage de Satan s’allier avec des Juifs pour lutter contre l’Islam, tandis que les enseignants palestiniens acquiescent en applaudissant.
PMW ne donne pas son avis sur les actions à entreprendre. Elle se contente de répertorier et présenter ce qui s’entend et se lit dans les journaux palestiniens, sur Internet, à la télévision, dans les programmes pour enfants, les manuels scolaires, ainsi que sur les sites officiels de l’AP et les sites indépendants. Le site Internet de l’ONG couvre tous les aspects, depuis la revendication selon laquelle Jésus était un Palestinien, jusqu’aux manifestations variées d’antisémitisme.
Il liste également les 28 écoles portant le nom de terroristes, et les trois baptisées selon des collaborateurs nazis, et indique le montant des salaires versés aux prisonniers et familles de terroristes par l’Autorité palestinienne.
Des actions ciblées
L’organisation cible deux publics différents. Elle cherche d’une part à doter les députés qui soutiennent Israël, des outils dont ils ont besoin dans leur lutte, et qui leur permettront ensuite d’informer ceux qui critiquent le pays, souvent
par ignorance. La réaction de ces derniers est d’ailleurs souvent unanime : « Oh mon Dieu, nous n’avions aucune idée de tout cela ! » D’autre part, l’organisation vise ceux qui détestent foncièrement Israël. Et Itamar Marcus en connaît beaucoup.
Il raconte que l’année dernière, un certain nombre de parlementaires allemands sont venus l’écouter. « L’une d’entre eux était très anti-israélienne, elle était même à bord du Mavi Marmara. Tout au long de la présentation, elle posait des questions, et disait : “ J’ai déjà entendu ça auparavant. Je n’y crois pas ”. « Je lui ai montré toutes les citations ainsi que leurs sources. Elle s’est finalement levée et elle est sortie. C’est en général la réaction des plus anti-israéliens ».
Les interventions de Marcus l’ont amené à rencontrer les politiques d’une vingtaine de pays parmi lesquels le Canada, l’Australie, l’Afrique du Sud, le Japon, la Corée ou les Philippines, ainsi que les Etats-Unis et de nombreux pays d’Europe. « Au départ, nous demandons simplement aux législateurs de faire preuve d’ouverture d’esprit et d’accepter de regarder les cassettes, d’écouter les entretiens, et de lire les manuels scolaires que nous leur présentons. Nous leur faisons comprendre qu’il s’agit bien de ce que l’AP présente à la télévision et de ce qu’elle enseigne aux enfants.
Ensuite, nous les laissons libres de leur jugement et de leurs actions », explique Marcus. PMW, déjà à l’origine de plusieurs résolutions et législations, a récemment connu une victoire importante, à travers le Taylor Force Act, un projet de loi présenté au Congrès en février. Celui-ci appelle à réduire l’ensemble des fonds destinés à Gaza et aux territoires disputés de Judée-Samarie, à moins que l’AP ne s’engage à cesser de verser des salaires aux terroristes, et des allocations aux familles des « martyrs ».
L’AP dans le texte
L’organisation est très mal perçue par les Palestiniens et les groupes anti-israéliens. Comme ils ne peuvent pas mettre en cause les traductions de Google Translate, ils mettent en cause les motivations de Marcus et attaquent son travail. « La plupart du temps, lorsqu’ils cherchent à nous attaquer, ils le font sur un mode généraliste. Ils ne se risquent pas à dire qu’un fait spécifique est faux. » Une fois, la veille d’une intervention devant le parlement suédois, un quotidien local a écrit : « Si nous n’invitons pas le Hamas à venir s’exprimer au parlement, pourquoi invitons-nous Itamar Marcus ? »
Ses détracteurs l’accusent de servir les intérêts de la droite, et accusent son ONG d’être l’une de ces organisations fauteuses de troubles, chargées de créer des polémiques. Marcus hausse les épaules. « Quand je rencontre des gens, que ce soit à l’occasion d’une présentation devant un groupe, ou d’une réunion en tête-à-tête, je laisse toujours les Palestiniens parler pour eux-mêmes. Tout est là, et les citations se passent de commentaires. Les Palestiniens nous accusent d’inciter à la haine contre eux, mais 95 % du contenu de notre site Internet n’est constitué que des propres citations de l’AP. Nous nous contentons simplement de rédiger de petites introductions pour replacer les citations dans leur contexte. Les voix ne sont pas doublées, nous utilisons des sous-titres car nous voulons que le spectateur comprenne ce qui est dit en arabe. Si quelqu’un veut savoir par exemple ce que Mahmoud Abbas pense réellement, il lui suffit de consulter la section « Personnalités » de notre site, cliquer sur son nom, et il verra apparaître ses citations les plus importantes de ces vingt dernières années. »
Marcus, qui vit à Efrat dans le Goush Etzion, est né le 28 août 1953 à New York. Il a grandi comme un juif orthodoxe moderne typique outre-Atlantique. Entre le lycée et l’université, il a servi pendant un an et demi dans l’unité d’artillerie de Tsahal. « Le rôle que j’occupais à l’époque dans l’armée n’existe plus aujourd’hui », sourit-il. « Je m’occupais des estimations et j’effectuais des calculs pour les trajectoires, le tout à la main. Aujourd’hui tout est fait sur ordinateur. » A la fin de ses études, il a fait son aliya et a travaillé pour Shimon Shetreet du parti travailliste, qui a été ministre des Affaires religieuses en 1995-1996, juste après la signature des Accords d’Oslo.
À cette époque, Marcus recevait des traductions de quelqu’un qui recueillait les propos tenus à la télévision palestinienne, puis il en faisait part aux membres du Parti travailliste du Comité de l’éducation de la Knesset. « Ces traductions n’étaient pas orientées politiquement, elles avaient juste un but informatif, c’est la raison pour laquelle elles étaient admises au Comité de l’éducation. Il s’agissait de dire : ‘’Regardez ce que Yasser Arafat dit, regardez les programmes pour enfants. » Puis lorsque le gouvernement a changé, Marcus s’est retrouvé sans travail. « A ce moment, je me suis dit qu’il y avait certainement encore beaucoup de choses à découvrir et à dénoncer concernant les médias palestiniens. C’est ainsi que l’organisation Palestinian Media Watch est née, soutenue par une vingtaine de donateurs privés. »
Lanceur d’alerte
Marcus ne parle pas arabe, mais travaille avec dix traducteurs qui consacrent leurs journées à examiner et analyser des dizaines de sources, dont quatre chaînes de télévision palestiniennes, trois quotidiens, et des dizaines de sites Internet, pages Facebook, chaînes YouTube et comptes Twitter. « Aujourd’hui, les dirigeants palestiniens disposent de tellement de canaux différents pour envoyer leurs messages aux gens », dit Marcus. « Et nous devons rester au courant de tout ». Avec le temps, il a constaté que les médias semblent se partager le travail, et avoir chacun un rôle particulier. « L’année dernière, pendant la vague de terrorisme, les dirigeants du Fatah utilisaient la télévision pour appeler à la violence et au meurtre d’Israéliens », explique-t-il. « La page Facebook du Fatah quant à elle, était utilisée pour glorifier les terroristes, publiant parfois leurs photos quelques heures après qu’ils aient commis leurs attaques. »
Il existe plusieurs ONG qui surveillent les propos tenus dans les différentes sociétés du monde arabe, mais la particularité de PMW est de se concentrer uniquement sur les médias palestiniens. De ce fait, elle peut procéder à un épluchage minutieux de chaque support, allant jusqu’aux pages de sport et aux mots croisés. « Nous connaissons l’Autorité Palestinienne comme personne. Et c’est justement grâce au fait que notre travail se focalise uniquement sur le monde palestinien, que nous avons été en mesure de présenter les rapports concernant la nomination d’événements sportifs, d’écoles et de camps d’été d’après des noms de terroristes, mais aussi concernant les salaires aux terroristes ou l’endoctrinement incessant des enfants à la haine d’Israël. »
Autant de rapports qui ont considérablement changé la façon dont le monde voit l’Autorité palestinienne. Vingt ans après les débuts de son ONG, Itamar Marcus se réjouit du fait que ce qui est dit, enseigné et montré dans la société palestinienne puisse être vu partout dans le monde. Il exprime tout de même une certaine amertume. « Les enfants palestiniens sont des victimes ; on les persuade que vous, moi et l’ensemble des Juifs sommes les ennemis d’Allah, que nous sommes des cochons et des singes, et que nous devons être exterminés afin de provoquer la « résurrection ». Je ressens une énorme frustration. C’est toute une génération dont le cerveau a pu être empoisonné, simplement parce que la communauté internationale n’a pas su écouter ce que nous leur disions il y a vingt ans. »
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