La verte forêt de Yatir

Outre la flore unique de cette belle forêt en plein cœur du désert de Judée, Har Amasa offre une vue imprenable sur Tel Arad

La forêt de Yatir (photo credit: MEITAL SHARABI)
La forêt de Yatir
(photo credit: MEITAL SHARABI)
Presque sous notre nez, à quelques heures de route du centre du pays, une région fascinante offre ses surprenants paysages de désert à perte de vue, parsemés de taches de verdure et de champs fleuris. La forêt de Yatir, dans la région de Beersheva, s’étend sur 30 kilomètres carrés et abrite des millions d’arbres. C’est la plus grande forêt plantée dans tout Israël.
La forêt se trouve en bordure de la route 316, une ancienne voie construite par le Fonds national juif (Keren Kayemet LeIsraël ou KKL) pour en faciliter l’accès aux randonneurs. La route a connu des jours meilleurs : fort heureusement, sa rénovation est prévue pour bientôt. Mais elle reste tout à fait praticable et permet d’apercevoir en chemin la rivière Hébron, qui se déverse dans la rivière Lakish.
Pour se rendre à la forêt de Yatir, il faut emprunter une route sinueuse de montagne. Sur la gauche, l’entrée de la forêt de Meitar, avec ses eucalyptus et sa végétation désertique. Un peu plus loin, la rivière Bakra.
De nombreux sentiers balisés sillonnent la forêt. Les repères noirs vous entraîneront sur un chemin où abondent les crocus. Le sentier principal, aux balises vertes, serpente à travers la forêt pour aboutir près du village de Har Amasa.
Plusieurs points d’intérêt éveilleront votre curiosité en route, à commencer par la Maison des forestiers située à gauche du chemin. Ce bâtiment moderne a été construit dans les années 1960, autour des ruines d’une forteresse de l’époque du royaume de Judée, au moment de la plantation des arbres. Par temps clair, on peut apercevoir la côte d’Ashkelon depuis le toit, situé à 650 mètres d’altitude. De là, une vue d’ensemble sur la forêt en contrebas laisse apparaître quelques clairières éparses. Les paysagers du KKL les ont clairement incluses dans leurs plans pour de futures plantations agricoles. Une observation attentive met en lumière de petits vignobles çà et là, propriété des caves viticoles de Yatir.
Phénomène étonnant, dans cette forêt créée de main d’homme en plein désert, toute une faune, non endémique de la région, a trouvé le chemin de ce coin de verdure et de fraîcheur, et s’est établie dans ses sous-bois. Des lièvres, des perdrix, des gazelles, des caracals, des renards et des loups en ont fait leur demeure.
Le Sentier national d’Israël (Chvil Israël) passe par la forêt. Dans les temps anciens, la route de Rome traversait également cette zone.
La forêt de Yatir a eu un impact écologique énorme sur la région : un important institut de recherche mesure sur place les effets du climat. Sa particularité est liée à son emplacement en lisière du désert, qui permet la plus grande absorption de dioxyde de carbone.
Quand les vignes refleurissent
Point d’orgue de la visite : Hourvat Anim, une ville ancienne mentionnée dans le Livre des Juges. Ville souterraine, on marche donc sur ses toits. A découvrir : des trous d’eau, des grottes cachées, ainsi que l’ancienne synagogue d’Anim où se sont déroulés les offices pendant 400 ans, du IVe au VIIIe siècle.
Aucun doute sur la nature de l’édifice, construit en direction de Jérusalem. Ses ouvertures sont toutes orientées vers l’est, dans un effort évident de se démarquer des lieux de prière chrétiens.
Les ruines de Hourvat Anim indiquent qu’une grande quantité de vin était produit sur place et distribué dans toute la région. A une certaine époque, la synagogue a été transformée en mosquée, ce qui marque la fin de la vocation viticole de l’endroit. Pour quelques siècles seulement, car de nouveau les vignes refleurissent, le raisin est conduit au pressoir et le vin de Yatir figure sur les comptoirs. Un ancien pressoir a d’ailleurs été exhumé d’entre les ruines. Le jus de raisin était utilisé par les juifs de la région pour le kidouch du Shabbat et des fêtes et autres événements familiaux.
Après la visite de la ville ancienne, suivez le balisage bleu et montez au réservoir d’eau. Il est encore en service aujourd’hui, bien que le niveau de l’eau ne soit pas particulièrement élevé. Au sommet de la colline qui surplombe le réservoir, des tables de pique-nique en font le lieu idéal pour une pause déjeuner, pour se reposer à l’ombre des arbres et profiter de la belle vue dégagée.
S’il vous reste du temps et de l’énergie, suivez le sentier jusqu’à la réserve naturelle de Har Amasa, un écrin de verdure où poussent les espèces végétales les plus diverses.
La végétation commune au Moyen-Orient se mêle ici à la flore du désert. Quelques heures de bonheur pour amoureux des fleurs, qui sont comblés surtout au printemps. Outre la beauté de la flore environnante, Har Amasa offre une vue imprenable sur Tel Arad et le désert de Judée.
Si vous voyagez dans la région, un arrêt aux caves de Yatir est fortement recommandé. On peut réserver une visite guidée avec dégustation de vin, du dimanche au jeudi, au 052-830-8196.
© Jerusalem Post Edition Française – Reproduction interdite