Comment Abbas tire avantage de la mort d’Abou Ein

Lors d’une altercation entre des manifestants palestiniens et la police des frontières israélienne, Ziad Abou Ein, dirigeant de l'OLP, a succombé à une crise cardiaque

Comment Abbas tire avantage de la mort d’Abou Ein (photo credit: AMMAR AWAD / REUTERS)
Comment Abbas tire avantage de la mort d’Abou Ein
(photo credit: AMMAR AWAD / REUTERS)
Une vidéo de l’incident montre Abou Ein hurlant sur les forces israéliennes. Un policier le saisit alors au col. Ses supérieurs interviennent et le somment de ne pas lever la main sur les manifestants. Abou Ein s’évanouit. Une secouriste israélienne lui vient en aide, mais comme l’a rapporté le correspondant de Sky News présent sur la scène, les Palestiniens l’empêchent de lui prodiguer les premiers soins et l’entraînent vers une voiture qui le conduira à l’hôpital.
La réponse israélienne a été instantanée. Le policier qui a bousculé Abou Ein a été suspendu en attendant que lumière soit faite sur l’incident. Le ministre de la Défense Moshé Yaalon a exprimé sa « tristesse » après la mort du responsable palestinien et souhaité que la coordination entre Israël et l’Autorité palestinienne se poursuive. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a promis qu’une enquête serait menée, puis a appelé au calme et invité les dirigeants palestiniens à réagir avec modération.
Israël a également demandé à des médecins légistes palestiniens et jordaniens d’assister à l’autopsie du défunt. Et ceci en dépit du passé terroriste d’Abou Ein et de son implication dans l’attentat de Tibériade en 1979. Deux adolescents, Boaz Lahav et David Lankri, avaient alors été tués et 36 autres blessés dans l’explosion d’une bombe le soir de Lag Baomer. Après l’attentat, Abou Ein s’était enfui aux Etats-Unis. Il sera extradé en 1981 et condamné à la prison à perpétuité.
Mais en 1985, il est relaxé dans le cadre de l’accord Jibril, quand l’ancien Premier ministre Shimon Peres relâche 1 150 terroristes contre 3 soldats israéliens faits prisonniers au cours de la guerre du Liban.
La coopération se poursuit
Palestiniens et Israéliens ont donné à partir de la même autopsie deux versions opposées des causes de la mort du responsable palestinien. Pour ses compatriotes, Abou Ein est décédé des suites des coups portés et des gaz lacrymogènes inhalés. Pour les Israéliens, la victime, déjà malade du cœur, a succombé à un accident cardiaque.
Des résultats contradictoires, qui ont mis le feu aux poudres. La réaction du chef de l’Autorité palestinienne a été virulente. Il a immédiatement accusé l’Etat hébreu d’avoir commis un « meurtre barbare », élevant Abou Ein au rang de martyr. Le Premier ministre palestinien Rai al-Hamdallah a lui affirmé qu’Israël avait « assassiné Abou Ein ». Puis l’AP a annoncé qu’elle suspendrait la coordination sécuritaire avec Israël.
Trois jours plus tard, dimanche, l’Autorité palestinienne décidait finalement de poursuivre cette coordination, dans le but de « protéger les intérêts vitaux du peuple palestinien ». « La coordination militaire ne sera pas suspendue tant qu’elle sera bénéfique aux intérêts palestiniens », a expliqué Mahmoud Abbas. Car dans le cadre de cette coopération, l’AP reçoit des renseignements qui lui permettent de garder le contrôle sur ses territoires, prévenant la montée du Djihad islamique et du Hamas en Judée-Samarie. La coordination avec Israël est ainsi le garant de la stabilité du gouvernement palestinien.
Mahmoud Abbas en est conscient. A-t-il lancé des menaces en l’air ou bien ses mots étaient-ils pesés et avaient-ils tout simplement pour objectif de faire monter la tension et d’envenimer une situation déjà explosive depuis plusieurs semaines ? Depuis la guerre contre le Hamas l’été dernier, la machine diplomatique palestinienne est en marche, enchaînant les victoires et décrochant la reconnaissance de plusieurs parlements européens. Mahmoud Abbas a bien compris comment détourner les événements en sa faveur.
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