Avi Assouly : la politique du coeur

De passage en Israël, le député français revient sur son parcours et son nouveau rôle à l’Assemblée nationale.

2301JFR08 521 (photo credit: DR)
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Jovialité et humanité. Telle est lamarque de fabrique d’Avi Assouly, bien longtemps déjà avant son arrivée àl’Assemblée nationale, comme député de la 5e circonscription desBouches-du-Rhône. Les passionnés de sport le connaissent surtout pour sacarrière de commentateur radiophonique des matches de l’Olympique de Marseille,pendant près de 20 ans. Sa ferveur communicative lui vaut l’amitié dessupporters. Avant cela, il a lui-même tâté du ballon pour le compte du RCFCBesançon, le temps de quelques rencontres seulement, avant de s’envoler enIsraël au début des années 1970. Il officie alors dans les rangs de Tsahalpendant la guerre de Kippour, et fait ensuite carrière chez El Al à Paris, NewYork, puis Marseille.
Né en Algérie, il a eu le temps de goûter à des horizons très variés avantd’arriver en politique, lorsque l’élu socialiste Michel Vauzelle le solliciteen janvier 2010 pour les élections régionales. Assouly ne prendra jamais sacarte au parti, mais répond à l’appel car il « apprécie l’homme et ses valeurs». Il est élu conseiller sous l’étiquette « Groupe socialiste, Radical etRépublicain ». En 2012, il est suppléant de la candidate socialisteMarie-Arlette Carlotti, que François Hollande nomme ministre déléguée auxPersonnes handicapées.
Assouly se retrouve donc propulsé à l’Assemblée, où il siège à la commissiondes Affaires étrangères, à la commission d’enquête sur le fonctionnement desservices de renseignement français dans le suivi et la surveillance desmouvements radicaux armés ainsi qu’au groupe d’amitié France-Israël.
Depuis, c’est la troisième fois qu’il se rend dans l’Etat hébreu.
Un premier voyage, en septembre 2012, sur invitation du ministère des Affairesétrangères qui, sous l’égide du viceministre Danny Ayalon, lance une campagnede sensibilisation au sujet des Juifs réfugiés des pays arabes. La secondefois, lorsqu’une délégation parlementaire française se rend en Israël pendantl’opération Pilier de Défense afin de prendre la mesure sur le terrain duquotidien des habitants du sud.
L’avenir passera par le compromis 
Son passé de soldat israélien ? Assouly seveut résolument français. Il préfère parler de son travail de député, qu’ilenvisage avec modestie, presque humilité. Refusant les étiquettes, il évoquesurtout des valeurs humaines pour guider ses choix. A ce titre, il se tient ducôté de la solution à deux Etats. Ce qui est, tient-il à souligner, la positiondu Quai d’Orsay. Pour lui, ce n’est pas qu’une façade. L’homme y croit. « Maisjusqu’à quand ? », s’interroge-t-il.
Philosophe : « les élans passionnés appartiennent à la jeunesse ». Il fautaujourd’hui aller vers le compromis au nom des générations futures car « quipaye la note d’un divorce, sinon les enfants ? », se demande encore cet ancienjournaliste qui continue d’émailler son langage d’expressions colorées.
Cela ne l’empêche pas de comprendre la frustration des ressortissants françaisqui ont choisi de faire leur Aliya, ou encore de la communauté juive de France.Et notamment de ceux qui évoquent un « deux poids deux mesures », face àl’intransigeance croissante de Paris envers Jérusalem, tandis que les virulentsdiscours palestiniens sont tolérés.
Le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, n’a pas hésité à accuserl’Etat juif de « nettoyage ethnique » et de « crime contre l’humanité » lors desa demande pour devenir un Etat observateur à l’Onu, le 29 novembre dernier.
Pourtant, la France a voté oui. Assouly s’explique cela par la tendance «universelle à vouloir tendre la main à celui qui paraît le plus faible ».
Et l’antisémitisme ? « Chaque Juif vit avec depuis toujours, on le sait ». Si «on ne peut pas mettre un policier devant chaque foyer », la France agit contrece fléau, continue celui qui salue le travail du ministre français del’Intérieur, Manuel Valls. « J’ai d’excellentes relations avec lui, c’estquelqu’un qui va au bout des choses », se félicite-t-il.
Quant à la position parfois ouvertement propalestinienne des médias hexagonaux,là aussi Assouly veut dédramatiser.
« Les journalistes, je le sais, j’en ai été un, cherchent toujours à frapperfort, à émouvoir. Les trains qui arrivent à l’heure n’intéressent personne,c’est celui qui a deux heures de retard qui focalise l’attention ». Reste quele député veut se faire le témoin d’une réalité israélienne et faire entendreun son de cloche équilibré face à ses collègues de l’hémicycle, et surtout, leministre des Affaires étrangères Laurent Fabius.
Une ambition modeste ? Pas si sûr.