Olmert : « Il n’y a jamais eu de pots-de-vin »

L’ancien Premier ministre, à la barre pour la première fois, dans le procès Holyland.

P6 JFR 370 (photo credit: Marc Israel Sellem)
P6 JFR 370
(photo credit: Marc Israel Sellem)

Yonah Jeremy BobUn témoignage très attendu. L’ancien Premier ministre Ehoud Olmert étaitinterrogé pour la première fois à la barre des témoins dans le procès Holyland,dimanche 29 septembre. Celui qui fêtait ses 68 ans le lendemain et ne cache passon ambition de retourner en politique a nié avec véhémence les faits qui luisont reprochés, doutant ouvertement de l’intégrité du témoin d’Etat, del’accusation, mais aussi de son frère Yossi.

Frappant la barre des témoins à plusieurs reprises, l’ancien dirigeantparaissait furieux. Non, a-t-il martelé face au Tribunal de Tel-Aviv, il n’ajamais reçu de pots-de- vin. Et d’accuser Shmuel Duchner, le témoin d’Etatdécédé en mars dernier, d’avoir fabriqué de toutes pièces les accusations à sonégard. « Mon nom a été mêlé à tout cela uniquement pour que le témoin obtiennedes millions de shekels de la part de l’Etat », a-t-il lancé. Lorsque le jugeDavid Rozen lui a demandé de ne pas s’en prendre aussi violemment au systèmejudicaire, Olmert a rétorqué avec colère que celui-ci n’avait pas hésité àl’accuser « de corruption ».
L’ancien Premier ministre a nié avoir demandé à Duchner de verser 350 000shekels et objets de valeur à sa directrice de cabinet Shula Zaken, tout commede verser des fonds importants à son frère Yossi Olmert, et ce dans l’objectifde le soudoyer pour obtenir son soutien dans le projet immobilier d’Holyland àJérusalem. Et l’ancien dirigeant de remettre en question le témoignage deDuchner, affirmant : « le Duchner que j’ai connu en 1994 n’est pas celui quej’ai rencontré au cours de ce procès ».
Interrogé de savoir s’il avait été soudoyé de quelconque manière par Duchner,tel que ce dernier l’a prétendu jusqu’au jour de sa mort, la réponse d’Olmert aété catégorique : « Il n’y a jamais eu de pots-de-vin. Ce ne sont que mensongeset falsifications ». Et au sujet d’un document que Duchner avait admis avoirfalsifié, il a enchaîné : « son travail était de mentir, y a-t-il de quoi êtresurpris ? ». Olmert a eu l’air de se mettre franchement en colère en discutantde ce faux document. Frappant la table de la main, il s’en est pris à la Courpour avoir permis à son principal témoin de produire une pièce à convictionfalsifiée sans avoir pris le temps de vérifier son authenticité. « Toutes leshistoires de Shmuel Duchner ont été fabriquées de toutes pièces pour convaincrele procureur d’Etat qu’il avait attrapé un gros poisson et qu’on pouvait fairetomber Ehoud Olmert », a-t-il clamé. Et d’ajouter qu’il « s’attendait à mieux »de la part du système judiciaire.
Frères ennemis

Concernant son frère Yossi, l’ancien élu a déclaré que leurrelation était « précaire », pleine de « tensions » et qu’il prenait garde à«conserver ses distances » avec lui. Les conflits entre eux ont été nombreux, acontinué Olmert. A plusieurs reprises, Ehoud aurait refusé de soutenir Yossidans certaines courses électorales ou pour obtenir de bons postes dansl’administration, faute de le croire suffisamment qualifié. Yossi auraitégalement été fâché car Ehoud ne lui aurait donné que 10 000 shekels pouréponger ses dettes quand il réclamait « des millions ». L’ancien Premierministre a également déclaré qu’en raison de leur relation distante, il nesavait pas à quel point la situation de son frère était désespérée. Etd’ajouter qu’il était donc absurde de penser qu’il avait demandé à Duchner deverser 500 000 shekels à son frère. Car, selon lui, s’il avait voulu aiderYossi, il l’aurait plutôt fait en lui faisant obtenir un meilleur emploi, entoute légalité.

L’ancien Premier ministre a conclu en déclarant que si l’accusation pensaitvraiment qu’il était tombé dans la corruption afin d’aider un frère dont iln’était absolument pas proche, cela prouvait que chaque évènement le concernantétait interprété de la pire manière par le bureau du procureur et que celui-ci« faisait tout et n’importe quoi » pour le coincer et le « prenait pour unidiot ».
Quid d’Holyland, ce complexe résidentiel si souvent décrié ? Pour Olmert, leprojet « était important pour le développement de Jérusalem. C’était la bonnechose à faire à ce moment-là, et cela le reste rétrospectivement».