Gil Taïeb, la force par l’action

taieb (photo credit: daniel Cohen)
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(photo credit: daniel Cohen)
A54 ans, père de trois garçons et chirurgiendentiste de profession, Gil Taïeb est bien installé dans la vie. Mais c’est surtout son engagement associatif de vingt ans qui le caractérise.
Notamment fondateur de l’Association de soutien à Israël dans le cadre de laquelle ont été menées de nombreuses initiatives locales en Israël, il préside actuellement l’association pour le bien-être du soldat israélien - Keren Or. Il est par ailleurs à l’initiative d’AMI (Alyah - Meilleure Intégration) et vice-président du FSJU. Si son engagement associatif et communautaire l’a rendu célèbre à travers des réunions publiques telles que la manifestation de soutien à Guilad Schalit, place du Trocadéro à Paris, Gilles Taïeb doit aussi beaucoup à sa principale initiative culturelle, le festival annuel parisien “Onze bouge”.
Au programme du candidat : avant tout, la défense des Français de l’étranger, dont il trouve que les droits sont menacés. Il s’engage d’ailleurs, s’il est élu, à se réunir avec ses 10 homologues des autres circonscriptions des Français de l’étranger pour faire un état des lieux de leur situation très particulière. Ses chevaux de bataille : la défense des droits sociaux, dont l’accès serait toujours plus difficile pour les Français de l’étranger, à l’exemple des retraites. Egalement le financement de l’apprentissage de la langue et de la culture française, de “l’installation de deux ou trois maisons de retraite françaises en Israël”, de multiplication des échanges culturels.
Mais c’est le thème de la binationalité qui résonne le plus dans le cas de la 8e circonscription, pour concerner près de 70 % des inscrits, et plus encore en Israël, à la différence des simples expatriés. “Les attaques de la part du FN d’une part et de l’UMP de l’autre, se sont multipliées sur ce front, et il y a un sujet qui me tient particulièrement à coeur”, note Taïeb, “c’est la “loi des 50 ans”, qui prévoit que si la citoyenneté française n’est pas revendiquée pendant 50 ans elle soit perdue. Elle va malheureusement concerner beaucoup de nos compatriotes expulsés d’Algérie et partis s’installer en Israël alors que certains d’entre eux sont des anciens combattants de l’armée française.”
Sur la question sensible de l’affaire Zeitouni, le candidat avance prudemment : “Je suis le premier à m’être engagé auprès de la famille, organisant leur voyage en France.” Mais je refuse de me prononcer sur l’extradition : “Il ne s’agit pas de se positionner contre la loi, même si je pense que deux grands pays comme les nôtres ont la possibilité de faire changer les choses.”
Le sioniste de l’Assemblée nationale Taïeb compte sur son équipe de campagne israélienne forte de 80 personnes pour se démarquer. “C’est la seule à comprendre des spécialistes dans chaque domaine. Elle est constamment présente sur le terrain”, répond-il quand on lui demande comment gérer l’éloignement d’avec sa circonscription, puisque le candidat vit en France. “Avec mon suppléant binational Avi Zana, les représentants locaux sont à même de me faire remonter les besoins et je compte bien continuer à effectuer huit à dix déplacements par an, en Israël, comme je le fais déjà.”
Si c’est la première fois qu’il se soumet au verdict du suffrage universel, Taïeb ne se considère pas comme un nouveau venu en politique. “Mon engagement pluriel est une expérience de politique d’accompagnement, de transversalité, qui m’ont permis de prendre conscience des enjeux qui existent aujourd’hui”, attaque-t-il. Taïeb considère d’ailleurs être “le seul candidat à pouvoir présenter des réalisations et pas seulement des promesses.” Il est vrai que ses actions lui ont permis de nouer un réseau relativement dense sur le terrain israélien et d’obtenir “le soutien des quatre derniers ambassadeurs d’Israël en France ainsi que de nombreux membres de la classe politique israélienne, représentant un éventail complet de la classe politique locale. Ils savaient vers qui ils pouvaient se tourner quand ils avaient besoin d’être mis en relation sur le terrain.”
En cas de victoire, il assumerait son rôle de “sioniste que l’on montre du doigt” à l’Assemblée nationale. Il se veut donc une “voix indépendante”, et en profite pour attaquer ses principaux opposants. “Valérie Hoffenberg prétend défendre Israël, mais n’a pas eu d’action reconnaissable au sein de l’UMP pour influer sur la position française lors du vote de l’UNESCO”. Daphna Poznanski, elle, “n’a pas mis en application ce qu’elle propose alors qu’elle en avait l’opportunité via son mandat au sein de l’assemblée des Français de l’étranger”. Enfin Philippe Karsenty “est l’homme de l’affaire Al-Doura, c’est son combat unique. Sa candidature n’a donc aucune assise ou consistance en Israël.”
Joint par téléphone depuis Eilat où il tenait un meeting, Gil Taïeb a “salué la décision d’Edward Amiach de se retirer de la course”, le qualifiant “d’autre voix de l’indépendance et de l’efficacité”. Un retrait qui ne change rien à son programme de campagne. Taïeb prévoit de se rendre à Athènes du 14 au 18 mars prochain, pour y rencontrer la communauté française ainsi que des responsables politiques grecs, avant un passage à Rome et à Milan début avril. Enfin un voyage en Turquie devrait être effectué avant le premier tour des élections. De quoi se distancier d’un CV que certains électeurs pourraient considérer par trop “communautaire”.
■ Quel est votre principal trait de caractère ? Je pense être quelqu’un d’entier, avec une forte personnalité. Et je sais travailler en équipe.
■ Hormis vous, quel candidat est le plus adapté ? Aucun.
■ Que vous a toujours reproché votre mère ? [Rires] Ce qu’elle admire le plus chez moi : mon engagement et ma détermination.
■ Le pays où vous souhaiteriez vivre ? J’adore la France et j’adore Israël, ce sont mes deux amours.
■ Qu’est-ce qui vous tire du lit le matin ? Mon réveil. J’ai l’avantage et la chance de pouvoir dormir cinq heures par nuit, ce qui me permet d’avoir 19 heures d’occupations et de travail.
■ Qu’est-ce qui vous tient éveillé la nuit ? Savoir ce que je vais faire le lendemain.
■ Quel est votre artiste préféré ? Shlomo Artzi en Israël et Michel Jonasz en France. Et aussi Michel Boujenah, qui est un ami intime.
■ Quel Israélien mériterait qu’on lui consacre un film ? Il y en a tellement. Les grands hommes, Menahem Begin, Ben Gourion, Itzhak Rabin, Shimon Peres, mais aussi les anonymes, ceux qui ont fait grandir Israël. Si on fait un film sur un des premiers, les seconds devraient aussi être représentés.
■ Que changeriez-vous chez les Israéliens si vous le pouviez ? Qu’ils soient un peu plus français.
■ Que changeriez-vous chez les Français si vous le pouviez ? Qu’ils soient un peu plus israéliens.
■ Quel conseil donneriez-vous à un nouveau venu en politique ? D’être prudent. La politique c’est comme Facebook : ce n’est pas parce qu’on a 4 000 amis que ce sont de vrais amis. Et toujours être fidèle à ses convictions.
■ Donnez-nous une bonne raison de ne pas entrer en politique.
Le temps que cela demande, les haines et jalousies que cela suscite et la difficulté de rester fidèle à ses convictions.
■ Quel est votre modèle ? [Temps de réflexion] Je n’ai jamais réfléchi à cela.
■ Vous êtes plutôt iPad, Blackberry, ou papier et crayon ? En réalité je suis plus papier, mais j’ai un iPad et un Blackberry.
■ Quel est votre souvenir d’enfance le plus marquant ? Mon premier voyage en Israël, avec mes parents, en 1962. C’était la première fois que mon père, aîné de onze enfants, revoyait sa famille depuis qu’elle était partie s’installer en Terre sainte en 1947.
■ Qu’est-ce que personne ne sait de vous ? Qu’ils continuent à ne pas savoir.
■ Ce que vous détestez par-dessus tout ? L’hypocrisie, la lâcheté, le mensonge.
■ Le personnage historique que vous méprisez le plus ? Hitler. Et tous ceux qui ont fait du racisme et de l’antisémitisme leur maître à penser.
■ Le fait militaire que vous admirez le plus ? L’opération Entebbe.
■ La réforme que vous estimez le plus ? L’égalité des femmes, leur obtention du droit de vote.
■ Le talent que vous auriez aimé avoir ? Jouer d’un instrument de musique.
■ Quelle aurait été votre profession en 1912 ? J’aurais aimé accompagner le mouvement sioniste en cette période historique très intéressante.
Mais d’un point de vue professionnel, je serais sûrement resté dans le domaine médical.
■ Baguette ou pita ? Pita.
■ Votre état d’esprit présent ? Je suis très confiant, très serein, très combatif.
■ Quelle est la faute qui vous inspire le plus d’indulgence ? L’impulsivité.
■ Le slogan qui résumerait votre programme politique ? La force par l’action.
■ Votre devise dans la vie ? C’était ma devise avant de devenir un slogan politique