Printemps onusien ?

Revirement diplomatique rarissime en faveur d’Israël

L'ambassadeur palestinien au Liban Ashraf Dabbour et Rima Khalaf (photo credit: REUTERS)
L'ambassadeur palestinien au Liban Ashraf Dabbour et Rima Khalaf
(photo credit: REUTERS)
Nous sommes habitués aux déclarations vengeresses de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, qui ne fait pas dans la dentelle quand il s’agit de condamner Israël. Mais on a cru un moment qu’un nouveau pas avait été franchi dans l’offensive menée contre l’Etat juif dans les plus hautes instances internationales. Un rapport commandé par la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie et rendu public le 15 mars, affirme ainsi qu’Israël est un Etat d’apartheid, coupable de ce fait de crimes contre l’humanité ; le document, prétendant s’appuyer « sur une enquête rigoureuse et des preuves irréfutables » (sic), appelle à une action concertée des pays membres pour, entre autres, soutenir et développer les activités de boycott en attendant la convocation d’une conférence globale visant à déterminer les mesures à prendre par le Conseil de sécurité et/ou l’Assemblée générale. Les conclusions de ce rapport ont été immédiatement adoptées par la présidente de la commission, la Jordanienne Rima Khalaf, qui s’est félicitée de voir pour la première fois un organe de l’ONU dire haut et clair qu’Israël était un Etat raciste. L’ambassadeur israélien à l’ONU s’est indigné bien sûr, et cette fois, il n’était pas seul : le Canada et les Etats-Unis ont réclamé le retrait du rapport.
C’est alors qu’est intervenu un véritable coup de théâtre, presque un miracle : le nouveau secrétaire général des Nations unies, l’ancien Premier ministre portugais Antonio Guterres, a fait savoir que ce rapport ne reflétait pas la position de l’organisation, et l’a fait retirer du site Internet de la commission. Dépitée, Rima Khalaf a démissionné. Bref, il faudrait presque des accents lyriques pour décrire ce qui s’est passé à l’ONU, évoquer une brise printanière qui fait fondre à toute vitesse la banquise dans laquelle était prise depuis des décennies la plus importante des institutions internationales.
Cela a commencé en amont avec une série de déclarations faites par Donald Trump, alors candidat à la présidence des Etats-Unis, assurant que son Amérique ne laisserait plus Israël sans défense devant les attaques de ses ennemis sur la scène internationale. Nikki Haley, choisie par le président pour représenter son pays à l’ONU, s’est ainsi indignée, lors de son audition de confirmation devant le Sénat, contre ce qu’elle a appelé l’obsession de l’organisation contre Israël ; un thème qu’elle a repris après sa première participation à une réunion du Conseil de sécurité, soulignant la détermination des Etats-Unis à s’élever contre le parti pris anti-israélien de l’ONU, et évoquant, à cet égard, d’incroyables double standards. « Nous ne permettrons pas à des résolutions iniques de condamner Israël », +a-t-elle martelé.
Peut-on, dès lors, parler d’un printemps onusien ? Restons prudents. L’histoire est là pour nous rappeler qu’une hirondelle ne fait pas le printemps ; on l’a vu avec le printemps arabe et celui de Prague, si vite transformés en de glaciaux hivers. En attendant, pourquoi bouder son plaisir ? Quant à Mme Rima Khalaf, elle vient de recevoir la plus haute distinction de l’Autorité palestinienne.
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