Tristesse

Le mont du Temple transformé en base terroriste

Un des deux policiers druzes assassinés la semaine dernière (photo credit: DR)
Un des deux policiers druzes assassinés la semaine dernière
(photo credit: DR)
Il y a des images qui font mal. Des images qui resteront longtemps en mémoire. La semaine dernière, c’était celle d’un grand gaillard au franc sourire serrant sur son cœur son fils premier né qui vient tout juste de voir le jour. Avec quelle douceur sa main enveloppe le petit corps ! Combien poignant est le regard illuminé de tendresse et de fierté de ce père ! Cet enfant, Haiel Sitawe, un officier de police druze, ne le verra pas grandir. Alors qu’il était en mission de routine pour assurer la sécurité des visiteurs de la Vieille Ville, et principalement celle des fidèles musulmans venus prier ce vendredi, il a été abattu d’une balle dans le dos lors d’une attaque menée par trois terroristes. Son collègue Kamil Shnaan, druze également, a connu le même sort. Les assaillants étaient des Arabes israéliens comme eux, mais musulmans. L’événement s’est produit à proximité du mont du Temple – l’esplanade des Mosquées pour les musulmans – et c’est de cet endroit sacré que sont venus les terroristes, là qu’ils ont cherché à se réfugier, là aussi que, selon les premiers éléments d’enquête, ils avaient dissimulé préalablement les armes qui ont servi à l’attentat.
Les autorités israéliennes ont momentanément interdit l’accès au site, tant pour éviter tout nouvel incident que pour vérifier que d’autres armes n’y étaient pas cachées, prêtes à servir pour commettre d’autres attaques. Qui ne connaît pas la sinistre réalité du Moyen-Orient aura du mal à comprendre le concert de condamnations venues du monde arabe. Non, il ne s’agissait pas de protester contre la profanation de ce haut lieu de l’islam par des assassins. D’ailleurs le Hamas et le Jihad islamique se sont félicités de ce qu’ils ont appelé « l’héroïsme des martyrs ». Non, ce qui a provoqué la vertueuse indignation du Qatar, de la Ligue arabe et de la Jordanie, c’était la fermeture temporaire de l’esplanade. Et pourtant, moins de 24 heures avant l’attentat, la Jordanie avait salué l’accord historique entre Israël et l’Autorité palestinienne concernant un méga projet qui assurera un meilleur approvisionnement en eau tant pour les Israéliens que pour les Palestiniens et les Jordaniens. Il s’agit de la construction d’un canal long de 220 kilomètres de la mer Rouge à la mer Morte, qui, associée à un processus de dessalement, fournira annuellement plus de cent millions de mètres cubes d’eau. Une partie des installations nécessaires seront sur le sol jordanien. Quelques jours plus tôt, un autre accord conclu entre Israël et l’AP – qualifié lui aussi d’historique – prévoit la construction non loin de Jénine d’une station de relais permettant d’accroître de 135 mégawatts la quantité d’électricité fournie par l’Etat juif à l’Autorité palestinienne qui n’a toujours pas construit de centrale sur son territoire.
Ces mesures auront un impact positif sur le bien-être des populations de part et d’autre du Jourdain. Vont-elles faire évoluer les états d’esprit ? On voudrait bien le croire. Le fait est que les dirigeants de la minorité arabe en Israël, et notamment les députés de la Liste arabe unifiée à la Knesset, se sont montrés incapables de condamner fermement l’attentat. Ils seront peut-être néanmoins amenés à le faire pour pacifier les Druzes, et éviter de sanglantes représailles de la part de quelques têtes brûlées de cette communauté… 
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