La rafle du Vel d’Hiv

Comment peut-on encore nier la responsabilité de la France ?

Un des autobus qui servira à transporter les juifs au Vel d'Hiv (photo credit: WIKIPEDIA)
Un des autobus qui servira à transporter les juifs au Vel d'Hiv
(photo credit: WIKIPEDIA)

Cette année, la France officielle a commémoré avec une solennité particulière le 75e anniversaire de la rafle du Vel’ d’Hiv. Le président Macron a convié le Premier ministre israélien pour évoquer avec lui le souvenir des 13 000 juifs, dont un tiers d’enfants, arrêtés par la police française les 16 et 17 juillet 1942. Un peu plus de 8 000 d’entre eux ont été parqués dans des conditions inhumaines dans le Vélodrome d’Hiver durant cinq jours avant d’être envoyés vers les camps de la mort. Pour les enfants, les frères ou les parents des déportés qui ne sont jamais revenus, il s’agit d’une plaie toujours ouverte, d’autant qu’il a fallu attendre 1995 pour entendre le président Jacques Chirac reconnaître enfin la responsabilité de la France et déclarer : « La France, patrie des Lumières et des Droits de l’Homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux. »

Pourtant, il se trouve, aujourd’hui encore, des Français pour nier la responsabilité de leur pays. La France n’était pas Vichy disent-ils : sur ce point l’extrême gauche rejoint l’extrême droite. Faisant écho à Marine le Pen, le chef de file de « La France insoumise » Jean-Luc Mélenchon, proteste : « Des Français ont été personnellement responsables du crime comme ce fut le cas, notamment, dans la police […], mais dire que la France, en tant que peuple, en tant que nation est responsable de ce crime, c’est admettre une définition essentialiste de notre pays totalement inacceptable. » Il est troublant de voir que deux personnalités françaises qui ont été candidates à la présidence se refusent toujours à admettre la réalité.
Les autorités françaises, à tous les échelons, ont collaboré à la programmation et à la réalisation de ce crime. Elles ont fourni les listes des juifs et donné leurs adresses, non pas aux occupants allemands, mais à la police française. Ce sont des policiers français qui sont venus frapper aux portes et entraîner hommes, femmes et enfants vers le Vélodrome d’Hiver.
Ce sont des policiers français qui en ont assuré la garde, qui ont assisté, impassibles, aux souffrances de ces innocents, privés de tout pendant plusieurs jours ; ce sont des policiers français, enfin, qui ont prévenu les tentatives d’évasion. Pourtant, il aurait été facile de faire preuve d’un peu d’humanité, de détourner le regard, qui sait, d’avertir ceux que l’on venait arrêter et leur donner une chance de se sauver. Il y a bien eu quelques justes, mais cela ne suffit pas pour racheter les autres. Pour la grande, la trop grande majorité – sinon la quasi-totalité – de ces policiers, Vichy était bien l’autorité légitime de la France, et ils n’ont donc fait qu’exécuter les ordres. D’ailleurs, rares sont ceux qui ont été inquiétés à la Libération. La vraie question n’est donc pas celle de la responsabilité, mais bien de comprendre que sans l’antisémitisme de tout l’établissement étatique et l’indifférence de la population, ce crime n’aurait jamais eu lieu.

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