Ahmed Jaabari : la fin du leader militaire du Hamas

Le jour de sa libération, au terme de 5 ans de captivité à Gaza, Guilad Schalit était escorté par un homme à chemise blanche. Petit bilan des activités de Jaabari.

Jabari Guilad (photo credit: Khalid Farid/MENA/Reuters)
Jabari Guilad
(photo credit: Khalid Farid/MENA/Reuters)

Cet homme, AhmedSaid Khalil Jaabari, tête dirigeante et négociante de la branche militaire duHamas, les brigades Ezzedin el- Qassam, a réussi à faire libérer les 1 000terroristes palestiniens des prisons israéliennes. Et ce, en échange de sonbutin, Guilad Schalit, capturé par ses soins en 2006. Ce jour-là, il s’étaitdit l’homme le plus heureux du monde, rapporte sa femme. Il confiait, non sansfierté, au journal Hayat al-Ayoun que les terroristes relâchés auraient étéresponsables de 569 assassinats de civils israéliens.

Jaabari, suivi de près depuis des années par les services secrets israéliens, aété tué par une frappe aérienne ciblée de Tsahal le 14 novembre. Uneélimination qui représente un franc succès pour les services israéliens. Aprèsune longue traque, les vidéos montrent que les forces de sécurité ont attendul’isolation totale de la cible. On voit passer et s’éloigner un mini-bus remplide passager. Pas de civils à l’horizon. Une explosion, puis le silence et aucundommage collatéral. Une mission minutieuse qui lance l’opération “Pilier dedéfense”, après plusieurs semaines d’hostilités venant de Gaza et de tirs deroquettes aggravés. Ouri Dromi, colonel dans l’aviation de Tsahal, conclut :“En termes pratiques, c’est une opération brillamment réussie”.
Les communiqués officiels expliquent la cause de ce délai de 5 ans avant sonexécution.
Tant que Schalit était aux mains du Hamas, il était dangereux d’éliminer lecommanditaire de son enlèvement.
Les forces de Jaabari ? Professionnaliser et organiser les brigades Qassam,renforcer les infrastructures terroristes, rarement apparaître en public, desorte que sa traque fut difficile, obtenir un tel échange d’hommes et laisserune armée puissante derrière lui.
Jaabari : vie et mort 
Né à Gaza en 1960 dans la ville de Shujaiyya, il débutesa “carrière” au Fatah, le rival du Hamas. Diplômé de l’Université islamique duHamas en 1982, il est rapidement arrêté et incarcéré pendant 13 ans par lesautorités israéliennes pour implication dans un attentat. C’est en cellulequ’il rencontre des membres du Hamas, dont le cofondateur de l’entitéterroriste Abdel Aziz Rantissi. Les prisons israéliennes et palestinienness’avèrent être des terrains de recrutement fertiles pour l’organisationterroriste.
A sa libération, en 1995, il abandonne le Fatah pour rejoindre les bancs duHamas, et accentuer les activités terroristes dans la bande de Gaza. Ilorganise de nombreux attentats suicides. Arrêté par la suite en 1998 parl’Autorité palestinienne cette fois, il reprend ses activités à sa libération.
Il aidait alors la société Al-Nur à rassembler des fonds - amputés aux aideseuropéennes et américaines destinées à l’Autorité palestinienne - pourrécompenser les familles des terroristes emprisonnés.
A la mort de son prédécesseur dans la branche armée du Hamas, Mohammed Deif,tué par une frappe aérienne, il est choisi pour mener les opérations. Sonprincipal rôle : former à la mort près de 10 000 terroristes, et multiplier lesattaques de roquettes. Il est financé par l’Arabie Saoudite pour compenser sesannées en prison. On lui reverse alors 2 655 dollars. En 2006 et 2007, ilfomente la révolte militaire violente du Hamas contre le Fatah dans la bande deGaza.
Gershon Baskin, cofondateur du thinktank et ONG “Centre pour la Recherche etl’information Israël/Palestine”, se plaçait comme un négociateur de choix avecJaabari. Il dit regretter fortement cette opération ciblée, qui met un termeaux pourparlers de “paix” en cours avec le terroriste. L’homme aurait été prêt,selon ses dires, à négocier une longue trêve des attaques du Hamas, parl’intermédiaire de l’Egypte, suite à l’attentat qui avait blessé des soldats,le 6 novembre, et l’explosion d’un tunnel le 8 novembre.
Jaabari est pourtant loin d’être un homme de la paix.
Il meurt en martyre pour les Palestiniens qui accusent Israël d’avoir lancé leshostilités.
Pourtant, des tirs de roquettes incessants terrorisaient la populationisraélienne depuis plus d’une semaine. Ce doublement bon mari - il avait deuxfemmes - et bon père, selon ses proches, ne manquera pas aux services desécurité israéliens.
Le groupe de hackers “Anonymous” prétend vouloir venger la mort du leader pardes cyber-attaques, après la mise en ligne de la vidéo de son élimination partwitter.

Autres cibles éliminées par Tsahal 

Un raid aérien israélien a tué le chef de labranche armée du Hamas, Ahmed Jabari, mercredi 14 novembre.
Voici une liste non exhaustive d’exécutions attribuées à l’Etat hébreu cesdernières années : Yahya Ayyash - Surnommé “L’Ingénieur”. Ce terroristeinsaisissable, stratège de la vague des attentats suicides en Israël, meurt àGaza le 5 janvier 1996, alors que son téléphone portable lui explose entre lesmains. Les Palestiniens accusent l’Etat juif, qui refuse d’admettre uneresponsabilité. En représailles, le Hamas mène 4 attaques suicidaires, quituent 59 Israéliens en 9 jours entre février et mars de la même année.
■ Sheikh Ahmed Yassin - Israël tue le leader spirituel du Hamas au cours d’unraid d’hélicoptère le 22 mars 2004, alors qu’il sortait d’une mosquée à Gaza-ville.
Des milliers de Palestiniens se jettent dans la rue pour scander des appels àla revanche et menacer “d’envoyer la mort dans chaque foyer” d’Israël.
■ Abdel-Aziz al Rantissi -Un missile lancé depuis un hélicoptère sur unevoiture à Gaza-ville exécute ce leader du Hamas le 17 avril 2004. Selon lestémoins, deux de ses gardes du corps meurent également.
■ Adnan al-Ghoul - Ce bombardier en chef du Hamas est éliminé au cours d’unraid aérien à Gaza-ville le 21 octobre 2004.
Ghoul était numéro 2 de la branche armée du Hamas et surnommé le “Père de laroquette Kassam”.
■ Nizar Rayyan - Cet ecclésiastique appelle au renouveau des attentatssuicidesen Israël. Largement considéré comme un des leaders politiques les plus durs duHamas, il est tué en même temps que ces 4 épouses et ses 7 enfants au coursd’un bombardement le 1er janvier 2009 à Jabaliya.
■ Saeed Seyyam - ministre de l’Intérieur du Hamas, il est en charge de 13 000hommes du mouvement. Il est tué par un raid aérien dans la bande de Gaza le 15janvier 2009.