L’AP continue sur sa lancée

Mahmoud Abbas est bien décidé à présenter la candidature de la Palestine comme Etat non membre de l’ONU

Abbas 521 (photo credit: Marc Israël Sellem )
Abbas 521
(photo credit: Marc Israël Sellem )
La confrontation se dessine. Mahmoud Abbas, dirigeant de l’Autorité palestinienne (AP), est toujours décidé à faire reconnaître un Etat palestinien à l’ONU cette semaine, tandis qu’Israël reste déterminé à éviter cet ultimatum.
Abbas a rejeté d’un revers de la main les demandes des Etats- Unis, de la France, de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne, qui souhaitaient voir reporter le projet, prévu pour jeudi 29 novembre. Le but du dirigeant palestinien : améliorer le statut de la délégation palestinienne aux Nations unies, pour devenir ainsi un Etat observateur non membre.
« Sa décision est irréversible », a confirmé le négociateur de l’OLP, Saëb Erekat.
La date est bien sûr symbolique. Le 29 novembre marque l’anniversaire du vote historique de l’ONU, qui en 1947 approuvait le plan de partage de la Palestine, élaboré par l’UNSCOP.
Droit de réponse « Si Abbas va de l’avant avec cette mesure, il doit savoir qu’il en paiera le prix », a averti un responsable du gouvernement israélien. Il s’agit selon ce dernier d’une « violation fondamentale et intolérable des accords précédents » et « Israël se réserve le droit de répondre. » Le fonctionnaire est toutefois resté fidèle à la politique de l’Etat hébreu en refusant de spécifier quelles mesures étaient envisagées en retour.
Et d’ajouter simplement que « ce mouvement négatif compliquait la possibilité de futures négociations, et sapait la confiance qui subsistait. » Le viceministre des Affaires étrangères, Danny Ayalon, a de son côté déclaré dans une interview radio que le gouvernement cherchait actuellement d’autres interlocuteurs palestiniens avec qui dialoguer. Ayalon n’a toutefois pas indiqué qui il avait en tête.
L’une des réponses possibles à l’initiative palestinienne à l’ONU est de construire - et développer - la zone dite-E1, soit entre Jérusalem et Maalé Adoumim. Les menaces ne sont toutefois pas prises au sérieux par les responsables palestiniens, qui ont reçu l’assurance d’une aide financière de la part des pays arabes.
A la veille du départ d’Abbas, l’AP a organisé un rassemblement de soutien devant le bureau du leader, à Ramallah. S’adressant à ses partisans, le locataire de la Mouqata a déclaré que son prochain défi, après l’obtention du statut tant convoité, sera de mettre fin à la rivalité qui oppose sa faction du Fatah à celle du Hamas. Rude tâche : si le dirigeant a assuré que « toutes les factions palestiniennes soutenaient la candidature d’Etat », le Hamas a vertement démenti l’information.
« Je vais à l’ONU exiger une paix juste, fondée sur la légitimité internationale, pour parvenir à un Etat palestinien indépendant, avec Jérusalem comme capitale », a répété Abbas, qui promet également de travailler pour obtenir la libération des « héros » palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.
Pressions contraires Des responsables palestiniens ont, quant à eux, exprimé l’espoir que la récente opération de Tsahal dans la bande de Gaza augmentera le nombre de votes en faveur de leur cause. Pour Hana Amireh, membre du Comité exécutif de l’OLP, la reconnaissance d’un Etat est devenue « très urgente » suite à l’offensive israélienne. Et selon lui, elle mobilise désormais un large soutien au profit des Palestiniens.
L’AP s’attend néanmoins à ce que la majorité des pays de l’UE s’abstiennent lors du scrutin.
« Certains pays de l’Union européenne ne décideront de leur vote qu’à la dernière minute », ont expliqué les proches d’Abbas. Les diplomates palestiniens tentent donc toujours de persuader les pays de l’UE de voter pour leur cause.
Israël est également un agent de pression actif auprès des nations démocratiques. Jérusalem estime que si un groupe de 40 ou 50 démocraties votent contre la résolution, ou s’abstiennent, cela privera les Palestiniens d’une victoire morale, même s’ils obtiennent la majorité au sein de l’Assemblée générale.
Au cours du week-end, le ministre des Affaires étrangères de l’AP, Riad Maliki, a fait savoir qu’il tenterait de convaincre son homologue italien de soutenir la candidature palestinienne, lors d’une réunion à Rome. Maliki n’a pas rendu public le résultat de ses efforts.
« Nous sommes convaincus que les pays du monde libre voteront avec nous », a déclaré Abbas. L’ancien président américain Jimmy Carter lui a même téléphoné vendredi 23 novembre, pour faire part de son soutien à la candidature palestinienne, a fait savoir le bureau du dirigeant de l’AP, par voie de communiqué.
Reste à étudier la position de Barack Obama. Abbas a exprimé l’espoir que l’actuel président américain répondrait à la vision d’une solution à deux Etats, comme il l’avait déclaré dans son discours du Caire en 2009. « Le président Obama a entamé son second mandat », a remarqué le leader palestinien. « Cela pourrait être sa dernière chance de parvenir à la paix et la stabilité. » u Herb Keinon es diplomates de l’Union européenne et des Etats- Unis appellent Israël à ne pas « sur-réagir » à l’initiative palestinienne en cours, et à attendre le prochain mouvement d’Abbas pour riposter.
Les diplomates occidentaux font écho aux remarques du Conseil de Sécurité nationale, mené par Yaacov Amidror. Celui-ci déclarait dans une interview diffusée en fin de semaine, qu’Israël « ne pouvait pas accepter une action unilatérale qui brise les règles du jeu ».
« Nous devons patienter avant d’agir », a ainsi reconnu Amidror.
Refusant même de révéler quelles étaient les réactions possibles d’Israël. L’éventail des possibilités est large. Du plus simple, comme confisquer les revenus fiscaux versés à l’AP, au plus sévère, l’annexion des grands blocs d’implantations.
Rompre les liens diplomatiques Une voix dans le gouvernement préconise de rompre tout lien avec Abbas et l’Autorité palestinienne.
Avigdor Liberman, notamment, accuse depuis des mois Abbas de se livrer à du terrorisme diplomatique contre Israël.
Le ministre des Affaires étrangères a d’ailleurs convoqué une réunion des hauts fonctionnaires de son ministère pour discuter du projet d’Abbas. La discussion portait toutefois davantage sur les tentatives d’Israël pour convaincre les démocraties du monde de ne pas soutenir la candidature palestinienne, que sur la riposte elle-même.
Les diplomates européens, enfin, ont rappelé à l’AP son engagement de ne pas poursuivre Israël devant la Cour internationale si elle obtient le statut souhaité, afin d’apaiser les craintes de Jérusalem, et de modérer sa réponse.
-----
Israël sur le qui-vive
Jérusalem guette le prochain mouvement d’Abbas pour choisir la riposte adéquate
Les diplomates de l’Union européenne et des Etats- Unis appellent Israël à ne pas « sur-réagir » à l’initiative palestinienne en cours, et à attendre le prochain mouvement d’Abbas pour riposter.
Les diplomates occidentaux font écho aux remarques du Conseil de Sécurité nationale, mené par Yaacov Amidror. Celui-ci déclarait dans une interview diffusée en fin de semaine, qu’Israël « ne pouvait pas accepter une action unilatérale qui brise les règles du jeu ».
« Nous devons patienter avant d’agir », a ainsi reconnu Amidror.
Refusant même de révéler quelles étaient les réactions possibles d’Israël. L’éventail des possibilités est large. Du plus simple, comme confisquer les revenus fiscaux versés à l’AP, au plus sévère, l’annexion des grands blocs d’implantations.
Rompre les liens diplomatiques Une voix dans le gouvernement préconise de rompre tout lien avec Abbas et l’Autorité palestinienne.
Avigdor Liberman, notamment, accuse depuis des mois Abbas de se livrer à du terrorisme diplomatique contre Israël.
Le ministre des Affaires étrangères a d’ailleurs convoqué une réunion des hauts fonctionnaires de son ministère pour discuter du projet d’Abbas. La discussion portait toutefois davantage sur les tentatives d’Israël pour convaincre les démocraties du monde de ne pas soutenir la candidature palestinienne, que sur la riposte elle-même.
Les diplomates européens, enfin, ont rappelé à l’AP son engagement de ne pas poursuivre Israël devant la Cour internationale si elle obtient le statut souhaité, afin d’apaiser les craintes de Jérusalem, et de modérer sa réponse.