Sauver ou détruire Migron ?

La bataille juridique qui oppose les habitants de Migron à l’association La Paix maintenant est lancée

migron (photo credit: Marc Israel Sellem)
migron
(photo credit: Marc Israel Sellem)

Le gouvernement ne souhaite pas démolir l’avant-poste deMigron. C’est ce qu’a annoncé la semaine dernière l’adjoint du Premierministre. “De mon point de vue, Migron est éternel. Il est là, il est fait pourrester”, a-t-il affirmé lors d’une visite de solidarité dans l’implantation. Etde rappeler que ceux qui ont bâti la localité pensaient avoir le soutien del’Etat. Le gouvernement ne cherche pas à réitérer les violentes démolitions deneuf habitations permanentes de l’avant-poste Amona durant l’hiver 2006, a-t-ilpoursuivi.

Deux jours auparavant, Binyamin Netanyahou avait offert unealternative aux résidents de Migron : une relocation assurée, en mars, sur uneautre parcelle de la colline proche du vignoble Psagot. Les habitants ontrejeté le compromis.

D’autres personnalités, telles que l’ancien président duconseil régional, Pinhas Wallerstein, et le député Danny Danon (Likoud) se sontprononcées en faveur d’un autre arrangement : laisser deux ans aux résidentspour établir le bien-fondé de leur propriété. Et en cas d’échec, ils serontrelogés. Pour Danon, il faut faire pression sur le bureau du Premier ministrepour lui faire accepter cette nouvelle solution.

Migron Vs. La Paix maintenant

“J’ai un message pour La Paix maintenant”, a déclaré YaakovKatz, président de l’Union nationale. “Continuez à vous battre et à fairesigner des pétitions. Parce qu’à chaque endroit où vous agirez, nous viendronsencore plus nombreux.”

Ce à quoi le directeur de l’association, Yariv Oppenheimer,a rétorqué : “C’est honteux qu’un ministre vienne à Migron et ignore tout duproblème de légalité de l’emplacement”. Un tel accord constituerait, selon lui,“une victoire pour ceux qui enfreignent la loi et une defaite pour Israël”.

En marge des tentatives pour négocier un compromis, lespoliticiens de droite se sont tournés à de nombreuses reprises vers le comitéministériel sur la législation. Ils sollicitaient le soutien du gouvernementsur des projets de lois qui visent à légaliser les avant-postes. Mais à lademande du Premier ministre, le comité a retardé, voire rejeté, le débat surces projets.

Les chefs des partis de la coalition n’ont pas encoredécidé s’ils demanderont à leurs membres de voter pour la position du gouvernement,ou s’ils leur donneront la liberté de choisir.

Les habitants de Migron ont porté leur cause sur Internet via une vidéo postéemercredi 25 janvier sur YouTube. La séquence, un dessin animé racontel’histoire de l’implantation et dénonce une erreur judiciaire. Les résidentsdéplorent n’avoir jamais eu la chance de prouver à la Cour que leur parcelle deterre n’a pas été correctement classifiée. La vidéo accuse en outre La Paixmaintenant de se soucier davantage de la Naqba que du jour de l’Indépendance.Et d’avoir délibérément fait de leur maison une cible de démolition en trouvantdes Palestiniens susceptibles de réclamer la possession des terres. “Jusqu’à cejour, ils [ces Palestiniens] n’avaient jamais rêvé avoir une connexion avecMigron”, martèle la vidéo.
Des sympathisants de l’avant-poste ont quant à eux envoyé un messageautomatique à un millier de membres du Likoud, prétendant appartenir à uneorganisation fictive, “Partons maintenant”. Le texto consiste sous forme deparodie en un appel à voter pour le Premier ministre Binyamin Netanyahou, lorsdes primaires du 31 janvier. “Venez voter pour Netanyahou s’il vous plaît afinde nous permettre d’évacuer Migron et de détruire ensuite les implantations dureste des territoires. Seul Netanyahou est bon pour nous. Ne restez pas chezvous. N’écoutez pas vos amis. Nous savons ce qui est le mieux à faire”.
La réponse de La Paix maintenant n’a pas tardé à se faire entendre. Aulendemain de la publication de la vidéo par les habitants de Migron, l’associationa posté une vidéo sur YouTube et un dossier d’informations sur l’avant-poste.
Batailles juridiques

Avant 1967, l’emplacement de l’avantposte était enregistrépar les Jordaniens aux noms de propriétaires palestiniens, prétend La Paixmaintenant. Pour preuve, l’association a publié dans le “Dossier Migron”, unephotographie des actes de propriété tamponnés par l’administration civile deJudée-Samarie. Le document cite également Eitan Broshi, conseiller sur lesimplantations du ministère de la Défense en 2009 : “La parcelle de terrain del’avantposte est une terre qui appartient à des résidents palestiniens”.

La démolition a été repoussée en 2008, suite à la promesse au Conseil descommunautés juives de Judée-Samarie et de la bande de de reloger les habitantsdans l’implantation toute proche de Guivat Binyamin. L’Etat n’a jamaisconstruit de nouvelles maisons et les résidents de Migron n’ont jamais acceptéla proposition. Finalement, en août 2011, La Paix maintenant a réitéré saplainte auprès de la Cour, qui a prévu la démolition des constructions deMigron pour mars 2012.
Mais d’après l’avocat des habitants de l’implantation, Amir Fisher, lesPalestiniens qui réclament les terres ne sont pas ceux dont le nom a étéenregistré sur l’acte de propriété. Qui possède à présent le droit de la terre,s’interroge-t-il. Les habitants de Migron, ou les Palestiniens qui déclarent enavoir hérité ? L’association pacifiste oublie un détail, ajoute-t-il : c’estl’Etat qui a construit Migron, avec l’aide du ministère de la Construction etdu Logement. Une référence à un rapport de 2005 de l’avocate Talia Sasson quiaffirme que le ministère a dépensé 4 325 millions de shekels en faveur del’implantation.
Cette semaine, cent trente rabbins nationaux- religieux ont envoyé une lettre àla présidente de la Cour suprême, Dorit Beinisch, jeudi 26 janvier, pour faireannuler la destruction de l’avant-poste. Parmi les signataires : le rabbin HaimDruckman, chef du mouvement de jeunesse Bnei Akiva et doyen de la yeshiva d’OhrEtzion ; le président de Tzohar, le rabbin David Stav ; le grand rabbin deSafed Shmuel Eliyahou et Yaakov Ariel, le grand rabbin de . La lettre appelleBeinisch à autoriser le versement d’une compensation aux propriétaires de laterre plutôt que de détruire les maisons.