Incontournables Intouchables

Véritable phénomène de société en France, avec plus de 18 millions de spectateurs, Intouchables débarque sur les écrans israéliens

intouchables (photo credit: © DR)
intouchables
(photo credit: © DR)
Le film a fait rire la France aux éclats, tout en faisant la part belle à l’émotion. Intouchables, la comédie douce amère de l’année 2011, fera l’ouverture du Festival du film français, samedi 13 mars prochain. Invités d’honneur de l’événement, Eric Tolédano et Olivier Nakache, jouent avec nos sentiments comme d’autres jonglent avec des quilles. Réalisateurs, scénaristes et dialoguistes, les deux acrobates manient la caméra en professionnels et font fuser les répliques cinglantes. Leur phobie, confient-ils : “que les gens s’ennuient”. D’où l’énergie qu’ils consacrent à leur tâche pour nous proposer un film plein de vie, de dynamisme et de cette tendre poésie qui habite les grands succès. Tout en finesse, les deux compères nous racontent la rencontre de Philippe, et de Driss.
Le premier souffre d’un handicap physique, le second d’un handicap social. Cloué sur une chaise roulante à la suite d’un accident de parapente, Philippe, riche aristocrate, dépend de la bienveillance de son personnel soignant. Et engage Driss, jeune des banlieues tout juste sorti de prison, comme aide à domicile. Soit la personne la moins adaptée à ce poste et à son univers. De ce postulat de départ, naît l’étincelle. La touche de magie qui transforme un simple film en chef-d’oeuvre.
De l’humour pour évoquer la souffrance
A l’origine du projet : un documentaire A la vie, à la mort, visionné en 2004, explique Olivier Nakache, qui leur fait découvrir la “rencontre hautement improbable entre Philippe Pozzo di Borgo, tétraplégique, et Abdel, un jeune de banlieue embauché pour s’occuper de lui”. Le moment venu, et après le succès de leurs précédents films, Nos jours heureux et Tellement proches, Nakache et Tolédano décident d’aborder cette histoire.
Une rencontre avec Philippe Pozzo di Borgo scelle la décision. “Si vous faites ce film, il faut que ce soit drôle. Car cette histoire doit passer par le prisme de l’humour”, leur dicte-t-il. “Il nous a fait confiance. Et rencontrer une telle personne laisse des traces”, confie Nakache.
“Cette rencontre nous a permis d’ouvrir plusieurs pistes et questionnements. Par exemple, comment à travers Philippe et Abdel, deux strates de la société française, qui a priori ne se rencontreraient jamais, lorsqu’elles se percutent génèrent des rapports et des sentiments nouveaux”, complète Tolédano. “Ces deux hommes ont une espèce de complémentarité étrange et inattendue qui leur a permis cet échange.”
Pour interpréter le rôle phare du film : François Cluzet. Et en place d’Abdel, c’est Oscar Sy qui passe devant les caméras. “François est vraiment un acteur intense. Ce rôle nécessitait une préparation forte”, commente Nakache. “Il ne pouvait pas arriver la veille du tournage et se mettre sur un fauteuil, jouer les respirations, les souffrances... sans avoir travaillé. Comme il nous l’avait dit, il a relevé le défi.”
“Au départ, pour ce rôle, on cherchait une différence d’âge marquée avec Omar, ce qui implique donc des acteurs d’une certaine trempe. Et puis un jour on a appris que François avait lu le scénario, grâce à son agent, sans que l’on soit au courant, et ce fut une rencontre magique, volcanique.”
“On se régalait à l’avance de la rencontre électrique à venir avec Omar qui, comme lui, vit les situations plus qu’il ne joue”, renchérit Tolédano. “Leur rencontre est allée au-delà de nos espérances.” “Comme pour Philippe, il fallait que la personne qui joue Driss soit d’emblée crédible. Omar n’a jamais cessé de nous surprendre. J’ai été bluffé par la manière dont il était allé de lui-même avec finesse vers le personnage.”
Les instructions des réalisateurs, alliées à l’interprétation sans faille de leurs comédiens ont permis le coup d’éclat. Vendredi 25 novembre 2011, Gaumont annonce que le film est officiellement le plus gros succès public de l’année, avec plus de 8,135 millions de tickets vendus. Dernière mise à jour de Gaumont, mercredi 1er février : Intouchables a réuni 18 735 015 spectateurs en 13 semaines. Le film est désormais le 2e plus gros succès français de tous les temps, derrière Les Ch’tis et devant La Grande Vadrouille.
Du tac au tac...
Nom : ToledanoPrénom : Eric Situation de famille : Marié Date et lieu de naissance : 3 juillet 1971, à Paris 14e Lieu de résidence : Paris Profession : Scénariste et réalisateur
■ Quel a été le moment le plus difficile de votre carrière ? Le fait d’être deux simplifie beaucoup la tâche. Mais c’est vrai qu’il y a eu des moments creux. Le moment le plus difficile : à la fin du premier court métrage, quand certains m’ont demandé si j’avais d’autres envies que le cinéma.
■ Quel est votre principal trait de caractère ? L’obstination.
■ Que vous a toujours reproché votre mère ? Tout ! Tout et rien, à la fois ! ■ Qu’est ce qui vous tire du lit le matin ? Mes enfants.
■ Qu’est ce qui vous tient éveillé la nuit ? Mes enfants aussi, quand ils ne veulent pas dormir.
■ Quel est votre modèle ? Woody Allen. Faire 36 ou 40 films en étant aussi régulier dans le talent : voilà un bon modèle.
■ Quelle est votre plus grande peur ? La haine gratuite.
■ Vous êtes plutôt ipad, Blackberry, ou papier et crayon ? Plutôt papier et crayon.
■ Quel est votre souvenir d’enfance le plus marquant ? Sûrement les premières colonies de vacances, ou les premiers camps de scout que j’ai faits. Ce sont mes premiers vrais souvenirs d’enfance intéressants. L’esprit de groupe qui y régnait, aussi.
■ Votre rencontre avec Olivier ? En colonie de vacances, justement ! C’est toujours lié.
■ Une anecdote de tournage ? Le moment où Omar s’est mis à danser. Il ne voulait pas de préparation. Il voulait que ce soit fait en une seule prise, spontanée et pas de chorégraphie. Je savais qu’il dansait bien et j’avais confiance en lui. Au moment où la musique est partie, on avait trois caméras qui tournaient. On savait qu’on avait une prise et Omar devait danser pour lui, pour François Cluzet, et pour le personnage de Philippe. Et une magie s’est opérée. Dans ses yeux, dans ses jambes, dans la façon qu’il a eue de bouger. Je pense que c’est une des scènes qu’on retiendra du film, même dans quelques années.
■ Quand avez-vous su que vous vouliez faire du cinéma ? Je pense que c’est quand j’étais au collège, je rentrais chez moi le midi, et je mettais des cassettes de films que j’avais enregistrés la veille. J’avais décidé d’utiliser mon temps en ne visionnant que des films, je refusais la télé. J’ai compris à ce moment-là que je me sentais mieux dans les films qu’ailleurs, et du coup il fallait que j’y reste.
■ Vous étiez un bon élève à l’école ? Pas toujours. J’étais plutôt celui qui y arrive, mais jamais par le haut. Toujours un peu moyen. Mais je suis allé au bout, y compris des études.
■ Ce que personne ne sait de vous ? Je le garde pour moi !
■ Ce que vous détestez par-dessus tout ? L’à peu près. Ce qui n’est pas précis. C’est peut-être d’ailleurs le défaut que j’ai.
■ Le talent que vous auriez aimé avoir ? La musique. J’aurais aimé m’exprimer plus directement encore. J’aurais rêvé être un pianiste. De bien jouer d’un instrument.
■ Les fautes qui vous inspirent le plus d’indulgence ? Les bêtises des enfants.
■Votre devise dans la vie ? L’obstination fait partie du talent.