Sdérot, la vie malgré tout

La 12e édition du Cinema South Festival de Sdérot est l’occasion de montrer un autre visage de cette ville, voisine de Gaza.

P23 JFR 370 (photo credit: Reuters)
P23 JFR 370
(photo credit: Reuters)

Située au nord de la région du Néguev, Sdérot est une villecalme. Peut-être même trop. En plein aprèsmidi, un jour de semaine, lecentre-ville est comme déserté. Il faut se rendre au SuperPharm de la villepour enfin rencontrer quelques habitants. Car située à quelques kilomètres dela bande de Gaza, la ville a essuyé nombre de tirs de roquettes. Au fil desattaques et du temps, la bourgade israélienne s’est presque vidée.L’insécurité, devenue insupportable pour certains, a poussé une bonne partie dela population à quitter la ville. Il faut dire aussi que Sdérot fait partied’une zone où les perspectives de développement économique sont assez réduites.Par ailleurs, établie comme « ville de développement », Sdérot compte beaucoupd’immigrants peu aisés et peu actifs, gonflant un peu plus la bulle du chômagesévissant dans la région.

Mais en dépit d’une réalité peu rose, certains irréductibles, comme ilspourraient être appelés affectueusement, ne quitteraient pour rien au mondecette ville qui les a vus naître et grandir. Ce sont eux qui font vivre Sdérotaujourd’hui, refusant de facto un quelconque fatalisme.
Parmi eux, un solide noyau de jeunes inventifs, pleins de bonnes intentionspour leur ville. Pour la plupart étudiants au Sapir College de Sdérot, ils sontformés à l’ingénierie ou encore au cinéma, et constituent le futur économiquede la région. Au travers de deux événements annuels organisés par l’école, lesétudiants de Sdérot s’investissent pour redynamiser la ville. A l’automne,s’ouvrira ainsi la « Sderot Conference for Society », centrée sur lesdimensions socioéconomiques du pays, importantes à prendre en compte en tempsde crise.
Encourager une « Nouvelle vague » du sud 

Et comme une invitation à l’été, le «Festival de cinéma du sud » de Sdérot a également tenu l’affiche durant la 12eédition qui a eu lieu du 2 au 6 juin dernier. Ce festival a pour fil rouge laprésentation et la promotion auprès du public d’un cinéma alternatif, àcaractère humaniste, dit du « sud », réalisé avec de petits budgets.

Efrat Corem, directrice artistique du festival, affirme que cette sélection defilms alternatifs et indépendants traduit la recherche d’une nouvelle vague, denouvelles tendances en matière de cinéma. Le festival porte ainsi un intérêtvis-à-vis du 7e art des pays du tiers-monde : africain, asiatique etc.Etrangement, ce qui fait le succès de cette rencontre, c’est avant toutl’originalité et l’audace du choix de la ville de Sdérot.

Au vu de sa situation, c’est le dernier endroit où l’on oserait imaginer cegenre d’événements. Et pourtant… Les étudiants du Sapir College tirent profitde cette particularité, de ce choix à contre-courant, pour attirer le touristeou/et l’amateur de cinéma. Comme disait Efrat : « Si on ne fait pas cefestival, qu’y aura-t-il d’autre ici ? », rappelant que Sdérot est la seuleville des environs à être dotée d’une cinémathèque.
Ainsi, le regard sur la ville peut vite s’avérer biaisé. Car Sdérot ne s’estpas définitivement éteinte suite aux nombreuses roquettes qu’elle a essuyées,bien au contraire. S’illustrant beaucoup dans le domaine artistique avec latenue de ce festival et la présence d’un vivier de musiciens et de chanteursissus de ses quartiers – le groupe Teapacks s’est formé ici en 1988 – Sdérot nedemande désormais qu’un peu de calme, et de sérénité.