Contradictoire et controversé

En visite en Israël, le président allemand prend ses distances avec la politique étrangère d’Angela Merkel devant les représentants d’ONG juives

Angela Merkel et Joachim Gauck (photo credit: © Reuters)
Angela Merkel et Joachim Gauck
(photo credit: © Reuters)

En visite en Israël, le président fédéral allemand, JoachimGauck, a sillonné le pays à la rencontre des plus importantes personnalitésisraéliennes.

Il a notamment déclenché la polémique en remettant en cause la promesse faite àIsraël par Angela Merkel quant à l’entraide militaire bilatérale.
Interrogé sur l’union des intérêts sécuritaires des deux pays, le présidentGauck a déclaré que cette approche pourrait entraîner d’”énormes difficultés”en cas de crise pour l’Allemagne.
En réaction, le Comité juif américain (CJA) établi à Berlin a demandé à Gauck d’”expliquerclairement sa position vis-à-vis d’Israël”. D’après cette même ONG, Gauckaurait “refusé de soutenir les propos d’Angela Merkel selon lesquels la défensed’Israël est une raison d’être pour l’Allemagne”.
Selon, Deidre Berger, directrice du CJA de Berlin, “les derniers sondages en Allemagneont démontré un climat particulièrement hostile envers Israël». Et d’ajouter :“la visite du président allemand intervient à un moment important, si l’onconsidère la menace d’une arme nucléaire secrète en Iran. Nous exigeons du présidentGauck la nette confirmation que ses déclarations ne sont pas le signe d’unchangement dans la position de l’Allemagne à l’égard d’Israël. Sans uneréaffirmation de la position de la Chancelière Merkel, nous craignons que cescommentaires puissent avoir un impact négatif sur la politique israélienne del’Allemagne.”.
Angela Merkel avait précédemment déclaré à Jérusalem que la sécurité d’Israëlet le droit du pays à exister font partie intégrante des intérêts sécuritairesde l’Allemagne, explique le commentateur politique Malte Lehming. Selon lui,Gauck a voulu prendre de la distance par rapport à cet engagement, sans pourautant contredire la Chancelière. Mais cela n’a pas vraiment marché. Il sembledonc, poursuit-il, que Merkel et Gauck envisagent de façon différente lesrelations Allemagne-Israël.
Gauck a par ailleurs souhaité adopter un comportement en accord avec la ligneofficielle de la classe politique allemande. A savoir une complète neutralitéquant aux conflits dans la région. Il a donc également rencontré lesreprésentants de l’Autorité palestinienne.
Rendons à Gauck ce qui n’est pas à Merkel

 La Chancelière Angela Merkel, issue du parti conservateurUnion démocratique chrétienne (CDU), s’est opposée par deux fois à la candidaturede Joachim Gauck au poste de président fédéral, fonction certes politiquementfaible, mais éminemment symbolique.

Gauck a par contre été soutenu par les Sociaux-démocrates, les écologistes etle Parti démocratique libre, partenaire de coalition de la CDU.Pour Berthold Kohler, journaliste du quotidien de droite Frankfurter AllgemeineZeitung, l’engagement d’Angela Merkel à travers l’expression “raison d’être”implique le soutien allemand aux côtés d’Israël en cas de conflit contrel’Iran. Mais la question se pose quant à la position de Gauck.A la défense du président allemand, le docteur Dieter Graumann, chef du Conseilcentral des Juifs d’Allemagne a déclaré au journal Die Welt que Joachim Gauck aprononcé de “magnifiques paroles” sur les relations israélo-allemandes et faitmontre de gestes amicaux de Gauck à l’égard de ses hôtes israéliens. Il anotamment décoré de l’Ordre de la Grande croix du mérite allemand, lemilliardaire israélien et philanthrope d’origine allemande, Stef Wertheimer,mercredi 30 mai dernier.Des gestes insignifiants pour le docteur Clemens Heni, analyste politiqueallemand spécialiste des relations germano-israéliennes, qui a fait savoir auJerusalem Post : “Gauck a causé du tort à la parole et la fonction dechancelier fédéral”.