Iran : un nouveau virus qui fait beaucoup parler de lui

L’armée vient pour la première fois de confirmer son usage d’armes cybernétiques

nouveau virus iranien (photo credit: © Reuters)
nouveau virus iranien
(photo credit: © Reuters)

Les rumeurs sont enfin confirmées. Dimanche 3 juin, Tsahal aindiqué sur son site Internet utiliser des moyens virtuels pour collecter desrenseignements, attaquer l’ennemi et mener différentes opérations militaires.Cette annonce rare confirme pour la première fois le recours aux armescybernétiques et intervient une semaine après qu’un nouveau virus, Flame, aitété découvert dans les systèmes informatiques en Iran. Une attaque très largementattribuée à Israël.

Flame a la capacité de transformer tout ordinateur infecté en espion. Il peutainsi enregistrer des conversations grâce aux microphones de l’ordinateur,faire des captures d’écran, ouvrir des conversations par chat, collecter desfichiers de données et changer des paramètres à distance.
Voilà plus de 5 ans que Flame serait caché dans les circuits informatiques deTéhéran. Roel Schouwenberg, dont la compagnie Kapersky Lab a découvert levirus, déclare qu’il s’agit du logiciel le plus perfide découvert à ce jour. Laplus grande arme cybernétique, après Stuxnet et son cousin Duqu, égalementvoleur de données, et nommé d’après le méchant de la Guerre des Étoiles.L’étendue des dommages provoqués a soulevé des inquiétudes en Israël quant à lasécurité des systèmes informatiques israéliens. Des craintes que le Premierministre Binyamin Netanyahou a voulu apaiser, mercredi 30 mai, en expliquantque Tsahal renforçait actuellement la protection de ses systèmes.
Le jour de la découverte de Flame, le ministre des Affaires stratégiques MosheYaalon avait alimenté les spéculations sur le rôle d’Israël dans ledéveloppement du virus, en vantant les capacités de l’État hébreu. “Nos succèstechnologiques nous ouvrent toutes sortes de possibilités”, avait-il déclaré aumicro de la radio militaire. L’unité de renseignement militaire 8200 -l’équivalent de l’Agence nationale de sécurité américaine - est chargée dudéveloppement des capacités cybernétique de Tsahal. La défense des réseauxnumériques militaires est sous la supervision du Directorat C41. Les deuxunités collaborent étroitement, partageant savoirs et expériences.
Le Directorat a récemment créé une salle de guerre virtuelle à la Kirya, le QGde Tsahal à Tel-Aviv, où les hauts gradés peuvent contrôler l’ensemble desréseaux cybernétiques de l’armée.
La face cachée de Washington

 Par ailleurs, un article publié dans le journal américainThe New York Times vendredi 1er juin révèle l’implication des Etats-Unis dansle développement des virus iraniens. Peu après son entrée en fonction, leprésident américain Barack Obama aurait secrètement commencé à ordonner descyber-attaques, des plus sophistiquées, sur les systèmes informatiques desprogrammes d’enrichissement nucléaire iraniens. L’article du Times est basé surdes interviews effectuées anonymement auprès de hauts fonctionnairesaméricains, européens et israéliens impliqués dans le processus ainsi qued’autres experts.

Selon ces sources, ce sont bien Israël et les États-Unis qui ont développé levirus Stuxnet, lancé en 2010 contre l’Iran.Les experts avaient alors estimé que le virus avait ralenti le programmenucléaire de la République islamique de 18 à 24 mois. Mais d’autres pensentaujourd’hui que l’Iran s’est parfaitement remis et que Téhéran possède de quoiconstruire plus de 5 armes.Toujours selon l’article du Times, les États-Unis auraient commencé àdévelopper des armes cybernétiques sous la présidence de George W. Bush afin deralentir Téhéran, sans avoir à recours à de dangereuses options militaires.Des initiatives désignées sous le nom de code “Jeux Olympiques”. Obama auraitalors intensifié les efforts, après avoir succédé à Bush en 2009.Selon les sources, ces virus avaient pour objectifs de pallier à l’incertitudesuite à l’arrivée d’une nouvelle administration à la Maison Blanche et delaisser le temps aux sanctions et autres procédés diplomatiques d’agir.Se donner du temps était essentiel, expliquent-ils, notamment parce que lestroupes américaines étaient mobilisées en Afghanistan et en Irak. Le risqueque le virus soit détourné par d’autres pays ou mêmes certaines cellulesterroristes existait, mais, toujours selon ces sources, la possibilité decauser de graves dommages au programme nucléaire du Régime des Mollahs envalait la peine.Le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, n’a pas souhaité commenterl’article du journal new-yorkais, mais a “vivement démenti” qu’il s’agissait“d’une fuite de documents classés confidentiels”. Cependant d’autres hautsgradés, refusant d’être nommés, ont critiqué l’administration Obama pour parlertrop librement avec la presse d’opérations secrètes.