Les thèses dominantes balayées La première, la thèse selon laquelle la concurrence entre les élites, plus que l’influence de la volonté populaire, détermine l’avènement et la chute des régimes arabes. Une théorie désormais balayée. Si le peuple ne dictera pas toujours le sort des nations arabes, il constitue en revanche un acteur incontournable dans la région.La deuxième thèse selon laquelle les régimes autoritaires peuvent et vont utiliser la toute-puissance de l’appareil de l’État afin de conserver leur pouvoir n’est plus valide.Pendant deux générations, le spectre de l’Etat omnipotent a jeté une ombre sur la direction politique de la région et étouffé l’émergence de toute véritable opposition digne de ce nom. La force et la puissance de ces régimes a progressé de façon fulgurante dans les dernières décennies, ses dirigeants, traumatisés par la déchéance du Shah d’Iran, ayant décidé d’investir chaque dollar (livre, lire ou riyal) dans le développement de leurs appareils de renseignement et de sécurité.Mais, au fil du temps, la gangrène, la corruption et la dictature rongent ces régimes de l’intérieur. Si cette décrépitude ne concerne évidemment pas tous les régimes de la région, le renversement rapide de l’autoritarisme en Tunisie et en Egypte souligne les limites de cette omnipotence présumée.Enfin, une troisième théorie montre également ses limites. L’idée que la principale menace aux régimes modérés et pro-occidentaux du Levant émanerait de l’émergence d’un “Croissant-Rouge chiite” dominé par l’Iran. Aujourd’hui “le Croissant sunnite” formé par des régimes dirigés ou influencés par les Frères musulmans et qui épousent les thèses violentes anti-américaines, anti-occidentales et anti-Israéliennes d’Oussama ben Laden, semble poser un risque bien plus grand.Déjà, des Premiers ministres proches des Frères musulmans ont pris, ou sont sur le point de prendre, leurs quartiers de Rabat à Gaza, exception faite d’Alger. Et ils sont susceptibles d’être rejoints par leurs collègues à Damas et à Amman avant fin 2012.Il est bien trop tôt pour accoucher d’un nouvel ensemble d’hypothèses afin de déterminer les dynamiques de ce nouveau Moyen-Orient dans les prochaines décennies. Mais, nous entamons l’année 2012 avec les mêmes incertitudes que celles des Moyen-Orientaux dans les années 1949 et 1968.L’auteur est le directeur exécutif de l’Institut de Washington pour la politique du Proche-Orient.
Le Printemps arabe, un an après : bilan et perspectives
Plusieurs dictateurs déchus en 2011. Un vent de liberté qui souffle sur le monde arabe. Mais, après l’espoir, l’épreuve de la réalité
Les thèses dominantes balayées La première, la thèse selon laquelle la concurrence entre les élites, plus que l’influence de la volonté populaire, détermine l’avènement et la chute des régimes arabes. Une théorie désormais balayée. Si le peuple ne dictera pas toujours le sort des nations arabes, il constitue en revanche un acteur incontournable dans la région.La deuxième thèse selon laquelle les régimes autoritaires peuvent et vont utiliser la toute-puissance de l’appareil de l’État afin de conserver leur pouvoir n’est plus valide.Pendant deux générations, le spectre de l’Etat omnipotent a jeté une ombre sur la direction politique de la région et étouffé l’émergence de toute véritable opposition digne de ce nom. La force et la puissance de ces régimes a progressé de façon fulgurante dans les dernières décennies, ses dirigeants, traumatisés par la déchéance du Shah d’Iran, ayant décidé d’investir chaque dollar (livre, lire ou riyal) dans le développement de leurs appareils de renseignement et de sécurité.Mais, au fil du temps, la gangrène, la corruption et la dictature rongent ces régimes de l’intérieur. Si cette décrépitude ne concerne évidemment pas tous les régimes de la région, le renversement rapide de l’autoritarisme en Tunisie et en Egypte souligne les limites de cette omnipotence présumée.Enfin, une troisième théorie montre également ses limites. L’idée que la principale menace aux régimes modérés et pro-occidentaux du Levant émanerait de l’émergence d’un “Croissant-Rouge chiite” dominé par l’Iran. Aujourd’hui “le Croissant sunnite” formé par des régimes dirigés ou influencés par les Frères musulmans et qui épousent les thèses violentes anti-américaines, anti-occidentales et anti-Israéliennes d’Oussama ben Laden, semble poser un risque bien plus grand.Déjà, des Premiers ministres proches des Frères musulmans ont pris, ou sont sur le point de prendre, leurs quartiers de Rabat à Gaza, exception faite d’Alger. Et ils sont susceptibles d’être rejoints par leurs collègues à Damas et à Amman avant fin 2012.Il est bien trop tôt pour accoucher d’un nouvel ensemble d’hypothèses afin de déterminer les dynamiques de ce nouveau Moyen-Orient dans les prochaines décennies. Mais, nous entamons l’année 2012 avec les mêmes incertitudes que celles des Moyen-Orientaux dans les années 1949 et 1968.L’auteur est le directeur exécutif de l’Institut de Washington pour la politique du Proche-Orient.