Washington : non à la ligne rouge

L’administration américaine a réagi aux propos de Netanyahou par la négative

Fin de non-recevoir. Le département d’Etataméricain a déclaré, lundi 10 septembre, que fixer des “lignes rouges” sur leprogramme nucléaire iranien est inutile. Une annonce qui fait suite aux proposde la Secrétaire d’Etat. Hillary Clinton, avait en effet fait savoir, laveille, suite à l’interview de Binyamin Netanyahou sur les ondes canadiennes,que Washington ne “fixait pas de date limite”.

Et la porte-parole du département d’Etat, VictoriaNuland, de préciser : “Nous sommes très fermes sur l’engagement du président,mais il n’est pas nécessaire de fixer des délais ou des lignes rouges”. Lescommentaires de Clinton, affirmant que les négociations avec Téhéran restaient“la meilleure approche et de loin”, n’ont pas plu à Jérusalem. D’autant qu’ilsintervenaient seulement quelques heures après les propos de Netanyahou sur laradio canadienne CBS.

Lundi, après une journée de silence, legouvernement israélien a fini par réagir par la voix d’un de ses membreséminents. Il regrette que ces remarques américaines puissent mettre laRépublique islamique trop à l’aise. Entre les lignes, la tension entre Israëlet les Etats- Unis sur le dossier iranien est de plus en plus palpable. “Enl’absence d’une limite claire, l’Iran ne cessera pas sa course au nucléaire”, acontinué le haut responsable. “Ce genre de déclarations n’empêchera par lescentrifugeuses iraniennes de tourner, bien au contraire, j’en ai peur”.

Crispation

Netanyahou n’a pas clairement explicité ce qu’ilentendait par “lignes rouges”, mais ces dernières ont été interprétées commedes menaces plus fermes sur Téhéran. Seule certitude : à Jérusalem, l’approchede l’administration Obama fait crisper les mâchoires. Une frustration perçuelors d’un échange des plus tendus entre le Premier ministre, l’ambassadeuraméricain Dan Shapiro et le membre du Congrès Mike Rogers, le mois dernier.Rogers avait par la suite déclaré qu’Israël semblait “désespéré et désemparé”sur le sujet.

Des divergences qu’Hillary Clinton n’a pas cherchéà dissimuler. “Les Israéliens souhaitent une réponse rapide, parce qu’ils sesentent dans le collimateur”, a affirmé la Secrétaire d’Etat. “Mais nous sommesconvaincus d’avoir le temps de se focaliser sur ces sanctions, et de faire toutce qui est en notre pouvoir pour amener l’Iran à de vraies négociations”. Dessanctions qui, selon elle, “font effet”. Et d’indiquer que les puissancesoccidentales impliquées dans les pourparlers - Etats-Unis, Russie, Chine,France, Grande-Bretagne et Allemagne- se rencontreront le mois prochain pour“prendre la température”. “C’est un lourd défi que d’amener les Iraniens à respecterleurs obligations internationales”, a admis Clinton. “Mais nous pensons quecela reste la meilleure approche, et de loin”. Avant d’ajouter qu’ellecomprenait le sentiment de menace existentielle pesant sur Israël et qu’“aucunenation ne peut abdiquer son droit à l’autodéfense”.

L’UE pour des sanctions plus fermes

Plus tôtdans la semaine, réunis à Chypre, les ministres européens des Affairesétrangères veulent durcir le ton. Les poids lourds européens appellent à denouvelles sanctions contre l’Iran. Alors qu’Israël continue de brandir lamenace d’une offensive militaire, c’est la France, la Grande-Bretagne etl’Allemagne qui promeuvent cette initiative en forme d’avertissement

Le ministre allemand des Affaires étrangères,Guido Westerwelle, a déclaré que la République islamique n’obtempérant pas auxdemandes internationales, de nouvelles sanctions devraient être négociées aucours des prochaines semaines. “Les sanctions sont nécessaires, et vite. Je nevois pas de volonté constructive de la part des Iraniens pour de véritablesnégociations”, at- il déclaré. Quant au ministre français des Affairesétrangères Laurent Fabius, il a affirmé pour sa part que la diplomatie était àl’arrêt : “Nous allons discuter dans les prochains jours des détails du renforcementdes sanctions”. L’élu socialiste a suggéré que les nouvelles mesures pourraientviser les secteurs de la finance, du commerce et du pétrole, mais n’a pasélaboré.

Westerwelle et le Secrétaire britannique auxAffaires étrangères William Hague ont confirmé que de nouvelles sanctionsétaient nécessaires mais se sont refusé à en dévoiler davantage.Les ministres européens des Affaires étrangères s’étaient réunis à Chyprepour évoquer, de façon informelle, des réponses communes au nucléaire iranienet à la crise en Syrie. Aucune décision ne devait cependant être prise. Lesdernières sanctions européennes envers Téhéran datent du mois de juillet,bannissant les importations de pétrole iranien. Jérusalem s’est félicitée desdéclarations européennes, comme l’a fait savoir Shimon Peres au Premierministre italien, Mario Monti, dimanche 9 septembre en marge du Forum annuelAmbrosetti pour l’économie à la Villa d’Este, près du lac de Côme.