Procès Lee Zeitouni : suite et fin

De la prison ferme pour les accusés et, surtout, la possibilité de faire leur deuil pour les proches de la jeune femme

Lee Zeitouni (photo credit: DR)
Lee Zeitouni
(photo credit: DR)
La sentence est tombée : 5 ans de prison ferme assortis d’un mandat de dépôt et d’une annulation de permis de conduire de 4 ans pour Eric Robic, le conducteur, 15 mois fermes pour le passager, Claude Khayat. Ce verdict, prononcé plus de 3 ans après la mort de la jeune femme, met un point final au long combat de la famille Zeitouni et du petit ami de la victime Roy Peled. Ce dernier avait beaucoup fait pour médiatiser l’affaire et s’était battu pour que le procès ait lieu en Israël. En vain. La France n’extrade pas ses ressortissants en dehors de l’Union européenne. Face à l’impossibilité de juger le cas à Tel-Aviv, les parents de la jeune fille s’étaient résignés à faire confiance à la justice hexagonale.
Le procès, ajourné après l’agression de l’avocat d’un des accusés lors d’une suspension d’audience, avait débuté lundi 27 novembre.
Rapidement, les deux prévenus reconnaissent les faits. Il est environ 6 h 30 ce 16 septembre 2011 quand ils quittent le club de strip-tease dans lequel ils ont fini la nuit. Robic admet avoir bu 5 ou 6 verres, mais assure ne pas être ivre. Il prend le volant de la BMW à une « vitesse affolante » que lui-même évalue à 80-100 km/h. Dans une zone limitée à 50. Un comportement que le président du tribunal qualifie d’« immature ». La voiture percute Lee Zeitouni, qui traversait un passage piéton pour se rendre à son travail. Elle est tuée sur le coup, son corps projeté à 30 mètres du lieu de l’impact
« J’ai fait l’idiot. J’ai entendu du bruit, j’ai paniqué. J’ai regardé dans mon rétro. J’ai vu le corps voler, j’étais pétrifié », déclare Eric Robic. Le chauffard et son complice prennent la fuite, un « geste de lâcheté et de grande dissimulation » pour le procureur. Le conducteur nie toutefois avoir grillé un feu rouge et prétend qu’il doublait un véhicule qui faussait sa visibilité. Les deux accusés prétendent avoir rejoint la France précipitamment, non pour échapper à la justice, mais pour être jugés près de leurs proches. Enfin, ils contestent l’existence d’un marché financier conclu pendant leur cavale, Khayat déclarant être le chauffeur en échange d’un paiement de ses dettes. Une hypothèse pourtant accréditée par les écoutes téléphoniques de conversations entre les deux hommes après leur retour à Paris.
Les deux accusés finissent par s’excuser auprès de la famille Zeitouni, exprimant leurs remords sans jamais oser croiser le regard des proches de leur victime. Les parents de Lee témoignent à leur tour, parlent de leur fille, de leur besoin de « fermer ce chapitre ».
Une semaine plus tard, retour au tribunal pour les plaidoiries des avocats respectifs. L’avocat de Robic insiste sur la banalité d’un accident « tragique mais ordinaire ». L’avocate de Khayat déplore les « pressions » médiatiques et politiques autour de cette affaire. Pour le procureur, le comportement des deux prévenus prouve leur « absence de sens moral ». Il requiert une peine de six ans fermes pour le conducteur, trois ans dont un an ferme pour le passager. Mais les juges se montrent plus cléments, malgré plusieurs circonstances aggravantes retenues contre Eric Robic, condamné pour homicide involontaire aggravé. Claude Khayat sera lui incarcéré pour « non-assistance à personne en péril ». La défense salue le jugement et assure qu’ils ne feront pas appel. L’avocat des parties civiles, Me Goldnadel, se félicite que « la justice [soit] passée », même si les proches « restent avec leur chagrin ». Si les parents de Lee Zeitouni, en larmes, n’ont pas fait de déclaration, son petit ami s’est déclaré satisfait : « La justice française a fait ce qu’elle avait à faire ».
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