Présidentielles US: Hillary ouvre le bal

La course est lancée, la Démocrate Clinton vise la Maison-Blanche. Cette fois, pas en tant que Première dame, mais comme présidente

Hillary Clinton (photo credit: REUTERS)
Hillary Clinton
(photo credit: REUTERS)
C’est officiel. Hillary Clinton sera candidate pour les présidentielles américaines de 2016. L’ancienne secrétaire d’Etat et ex-Première dame du pays a annoncé son entrée dans la course à la Maison-Blanche par message enregistré, diffusé sur les médias sociaux, dimanche 12 avril. « Je me lance dans la course pour être présidente, je prends la route pour gagner vos voix », a-t-elle déclaré en chemin pour l’Iowa, un des premiers Etats américains à voter, et qu’elle avait perdu au profit de Barack Obama lors des primaires en 2008.
Clinton ne cache donc plus ses ambitions de devenir la première femme commandante en chef des armées US. Mais avant cela, il lui faudra d’abord glaner la nomination du camp démocrate, un des deux grands partis américains, ce qui constituerait là encore une première féminine.
Dans son clip de campagne, la femme de l’ancien président Bill Clinton a mis en scène des Américains moyens, des jeunes, des vieux, toutes origines confondues, qui aspirent à « aller de l’avant ». « Chaque Américain a besoin d’un champion », déclare-t-elle vêtue de rouge et bleu devant un porche blanc, « et je veux être ce champion ».
A 67 ans, Hilary Clinton est donc la première du camp démocrate à annoncer officiellement sa candidature, neuf mois avant les premiers votes. En tant que secrétaire d’Etat – seule nouveauté à son CV depuis la dernière campagne présidentielle de 2008 – elle peut s’enorgueillir de quelques faits d’armes : sa médiation pour parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et Gaza en 2012, ou l’élaboration d’un régime de sanctions internationales contre l’Iran du fait de son avancée nucléaire.
L’Iran, au cœur du débat
Mais depuis son départ de l’administration américaine, ces dossiers ont largement évolué : l’Etat juif n’a plus aucune relation avec l’Autorité palestinienne, ses relations avec Barack Obama sont tendues, et un accord historique entre les puissants de la planète et l’Iran est dans l’air, un de ceux auxquels Israël s’oppose fermement.
Et pendant que Clinton était en retrait de la vie publique, Obama et ses équipes accusaient le Premier ministre Netanyahou de politiser les relations israélo-américaines, d’interférer dans le débat politique interne sur l’Iran et de faire obstruction à la seule voie vers la paix avec les Palestiniens, par son soutien perpétuel des implantations.
Si les sénateurs du Congrès font tout pour ne pas avoir à choisir entre leur président ou le Premier ministre israélien, Clinton n’aura pas ce luxe : elle sera obligée de se prononcer pour ou contre un accord avec l’Iran pendant sa campagne. Un « choix difficile », comme elle nomme les dilemmes de cette nature – une expression qu’elle a également choisie pour titre de ses mémoires –, qui aura un effet direct sur l’issue des négociations.
« L’objectif est de parvenir à une solution diplomatique qui barrera l’accès de l’Iran à l’arme nucléaire et nous fournira un droit d’entrée sans précédent au sein des infrastructures nucléaires iraniennes », a-t-elle déclaré le mois dernier, avant l’annonce de l’accord de Lausanne. « Des personnes raisonnables peuvent ne pas être d’accord sur la façon exacte d’y parvenir », avait-elle poursuivi.
Si elle devait gagner les primaires démocrates, elle deviendrait alors de fait la porte-parole de son parti pour toutes les questions qui concernent l’avenir, éclipsant ainsi largement le président. Et avec l’opposition des Républicains à un accord avec Téhéran, la décision américaine dépendrait essentiellement de sa volonté politique.
Israël reste aux aguets
Israël ne sera pas non plus un sujet de conversation des plus légers pour Clinton. Le mois dernier, elle s’est entretenue par téléphone avec Malcolm Hoenlein, vice-président exécutif de la chambre des présidents des principales associations juives américaines, alors que la Maison-Blanche intensifiait sa rhétorique anti-Netanyahou. « La secrétaire d’Etat Clinton estime que nous devrions œuvrer ensemble pour remettre sur pied des relations israélo-américaines constructives afin de revenir aux préoccupations et intérêts de base communs, comme la poursuite de la solution à deux Etats à travers des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens », a fait savoir Hoenlein au terme de l’appel.
A noter également que dans ses mémoires récemment remises au goût du jour, Clinton a pris ses distances avec le président Obama quant à ses réprimandes publiques au sujet du développement des implantations israéliennes. Une distance qui a encore dû augmenter, avec l’aggravation des critiques ces dernières semaines.
Israël, soucieux du sort de ses relations avec les Etats-Unis, ne manquera donc pas de suivre avec intérêt l’évolution de la campagne d’Hillary Clinton. De même que l’establishment juif américain, circonscription électorale exiguë mais influente de la politique US.
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