Armes à feu : une menace grandissante

Les attaques à main armée et autres fusillades deviennent monnaie courante dans certaines zones civiles. Mais que fait la police ?

ben gourion uni (photo credit: © Police israélienne)
ben gourion uni
(photo credit: © Police israélienne)

Deux jeunes hommes, en bas d’un immeuble résidentiel duquartier Kiryat Moshé de Rehovot, discutent. Soudain, des coups de feu,probablement tirés à bout portant, retentissent.

Les deux hommes se retrouvent à terre, le corps criblé de balles.
Les scènes qui suivent se jouent malheureusement de façon répétitive en Israël,depuis quelques années. Des voisins choqués qui se précipitent. Puis, enquelques minutes à peine, les sirènes des ambulances qui se font entendre. Lepersonnel des premiers secours conduit les victimes à l’hôpital, alors que lapolice arrive sur les lieux.
Un officier interdit l’accès de la scène du crime et des équipes médico-légalesétiquettent les douilles des balles à l’aide de plastique jaune, tandis qued’autres inspecteurs photographient tout ce qui peut constituer un indice.
Les deux hommes de Rehovot ont survécu à l’attaque, hospitalisés, au centre médicalKaplan de la ville. Une enquête est en cours pour déterminer l’origine possiblede la fusillade. Peut-être un règlement de compte entre bandes rivales.
Quatre jours plus tard, un incident du même genre survient à Rishon Letsion.Plusieurs coups de feu sont tirés en direction d’un véhicule en stationnement.A l’intérieur : deux hommes, qui seront retrouvés morts par les services desecours dépêchés sur place.
Aucun lien entre les affaires. Mais ces dernières illustrent bien l’utilisationabusive des armes à feu, dans des zones particulièrement peuplées.
Selon la police, le second incident pourrait être un crime mafieux, dont lesvictimes - détentrices d’un lourd casier judiciaire - étaient connues desautorités.
Un défi pour la police Qu’il s’agisse d’actes de vengeance, de crimes organisésou de règlements de compte, les armes à feu font partie intégrante de la viecriminelle. Et représentent le plus grand défi à relever pour la policeisraélienne.
Cela fait déjà quelques années que les autorités s’emploient à faire chuter lenombre d’infractions commises par armes à feu. Sans succès apparent. Alors quela police a été dans l’incapacité de fournir des chiffres précis sur le nombred’exactions de ce type, un rapport sur la criminalité annonçait qu’en 2010,l’utilisation d’armes reste relativement élevée, “en dépit des tentativesorganisationnelles de la police pour la réduire”.
Si des raids sont fréquemment menés par les forces de l’ordre, la circulationdes armes à feu n’a pas été stoppée.
“Manifestement, la situation empire. C’est une évidence”, commente YaakovBorovsky, ancien chef de la police du secteur nord du pays. “Le nombre decriminels a augmenté, et avec eux la quantité d’armes à feu”.
“D’après les statistiques, on remarque une hausse du nombre d’actes de violencequi impliquent des armes à feu, comme dans le cas de vols à main armée oud’agressions”, ajoute-t-il. Même si tous les crimes ne sont pas des homicides,souligne Borovsky. “On a aussi recours aux armes à feu pour intimider.” Pourfaire passer un message. Dans ces cas-là, il n’est pas rare que les criminelsouvrent le feu sur les maisons ou les propriétés de leurs rivaux. Au risque defaire peser une menace sur les riverains alentour.
“Aujourd’hui, le public est en danger parce qu’il y a davantage d’armes encirculation dans la rue. Vous ne pouvez jamais savoir quand elles serontmaniées, contre qui et à quelles fins”, ajoute Borovsky. Selon lui,l’incapacité à arrêter le marché noir des armes à feu explique l’augmentationdes crimes.
“Il existe aujourd’hui un vrai commerce d’armes illégal. On peut en obtenirfacilement, pour pas très cher”, explique-t-il. Et d’ajouter : “La meilleurefaçon d’enrayer le phénomène, c’est de dissuader légalement ceux qui sont enpossession illégale d’armes à feu. La loi doit devenir drastique. Elle devraitstipuler les catégories d’armes susceptibles de conduire à de lourdes peines de prison : grenades,pistolets, carabines ou tout autre lance-grenade.” Et conduire à de lourdes peinesd’emprisonnement. “On verra bien si les gens continueront à porter des armes !”Borovsky poursuit : “Je rendrais les prescriptions encore plus sévères, enprévoyant de punir le chef de famille d’une maison où il y a une arme.”
Une intolérable disponibilité d’armes En 2010, le Jerusalem Post avait suiviune patrouille de police de Rishon Letsion, appelée suite à une fusillade.
Les officiers avaient été informés que “l’initiateur de l’attaque avait réussià s’échapper”. Dans le centre d’un quartier résidentiel, un jeune homme d’unevingtaine d’années, hurlant à l’agonie, était étendu sur le siège d’une Hondanoire. Quelques minutes plus tôt, deux hommes cagoulés s’étaient approchés delui alors qu’il démarrait sa voiture. Ils auraient ouvert la porte et tiré à plusieurs reprises dans sajambe. Simple avertissement.
“Ma jambe !”, hurlait l’homme, alors que le sang s’écoulait de plusieursblessures par balle. Il avait été placé sur un brancard par des ambulanciers etconduit en hâte à l’hôpital pour une opération.
Si la victime s’est remise et les suspects ont été arrêtés, l’incident reste unautre sombre exemple de la facilité avec laquelle les balles peuvent voler enplein milieu d’une zone résidentielle. “Le plus grand problème auquel doitfaire face la police c’est cette intolérable disponibilité d’armes”, insisteMoshé Mizrahi, ancien chef de la branche des renseignements et desinvestigations de la police israélienne. “Si vous voulez une arme, vous pouvezvous la procurer très rapidement.”
“La proximité d’Israël avec la Judée-Samarie, et le vol d’armes dans les basesde Tsahal, ne sont pas le signe d’une amélioration de la situation. Laprolifération des armes va persister dans un futur proche”, ajoute-t-il.
Mizrahi affiche une préoccupation toute particulière pour “la grande quantité”d’armes détenues par le secteur arabe. “Les services de renseignements sont laclé de ce combat”, estime-t-il.
Pendant la période où il était en fonctions, entre 2000 et 2004, la police aachevé la mise en place de son système de rapports criminels informatisés,lequel permet aux officiers d’avoir accès à des données sur descaractéristiques spécifiques des crimes enregistrés. Ce qui inclutl’utilisation des armes à feu et des explosifs.
“Ils doivent avoir les chiffres en tête”, ajoute Mizrahi.
“Je sais qu’ils’agit d’un problème prioritaire pour la police. Les officiers collectenttoutes les informations sur ceux qui détiennent des armes et des raids sontlancés aux adresses suspectes”, ajoute Mizrahi. “Avec sérieux et patience, ceproblème pourra être réduit”, conclut-il.