Changements en profondeur

Le quartier de Guivat Hamivtar est désormais très prisé par les familles ultra-orthodoxes

Guivat Hamivtar 521 (photo credit: agence Anglo-Saxon)
Guivat Hamivtar 521
(photo credit: agence Anglo-Saxon)
Guivat Hamivtar, dans le nord de Jérusalem, est un quartier voisin de Guivat Tzarfatit et Ramat Eshkol. Son nom lui vient de son récent passé militaire.
Entre 1948 et 1967, Guivat Hamivtar était une position jordanienne. Elle faisait partie d’une série de fortifications destinées à barrer la route qui reliait Jérusalem-Ouest à l’enclave du Mont Scopus, dans la partie orientale de la Jérusalem jordanienne. 
Guivat Hamivtar signifie en hébreu “couper” ou “colline divisée en deux” parce qu’elle retranchait le Mont Scopus de la Jérusalem juive. Les Arabes, quant à eux, lui ont offert un nom plus pragmatique : Tel al-Moudara, soit “la colline arrondie”, au regard de sa topographie.
La région est riche en enseignements, tant historiques que contemporains.
Lors de la guerre des Six-Jours, une importante bataille s’est tenue dans la zone. Des fouilles archéologiques ont ainsi permis d’y découvrir d’anciennes tombes juives de l’époque du Second Temple, voire antérieures à cette période.
A l’issue de la guerre des Six-Jours, Israël annexe la région avec ce qui est désormais la Guivat Tsarfatit et Ramat Eshkol.
Guivat Hamivtar fait partie d’une chaîne de quartiers fondés après la guerre de 1967.
Des zones destinées à répondre aux nouvelles réalités politiques et à loger les populations juives de la capitale. Le gouvernement était donc désireux d’accélérer le processus de construction. Guivat Hamivtar s’est révélé le premier maillon de cette chaîne ; et le premier quartier à être nommé “Bnei Beitekha”. Ce qui signifie que les terres étaient vendues à des particuliers et non à des entrepreneurs ou des constructeurs. La transaction n’était valide qu’à la condition que l’acheteur entame la construction d’un logement privé dans un certains laps de temps.
Ce phénomène était en cours il y a 45 ans. Depuis, Guivat Hamivtar est devenu l’un des rares domaines de la capitale dédié aux logements privés pour la classe moyenne. Il était le symbole de la laïcité, et généralement les prix de l’immobilier y ont atteint des niveaux relativement élevés.
Mutations immobilières et sociales Désormais, les choses sont différentes.
En moyenne, une grande maison avec jardin et terrasse est estimée à plus de quatre millions de shekels. Les logements de plus de 6 millions de shekels ne sont pas rares non plus. Mais c’est surtout la composition idéologique qui est en pleine mutation.
Les quartiers du nord de la ville, comme ceux de Ramat Eshkol, Guivat Tzarfatit ou Guivat Hamivtar deviennent essentiellement haredim, s’ils ne le sont pas déjà. La communauté ultra-orthodoxe est en croissance rapide, et ses membres s’étendent fréquemment jusqu’aux quartiers adjacents, déjà ultra-orthodoxes. Ce phénomène s’est produit à Ramat Eshkol, qui était relativement proche des quartiers haredim de Kiryat Belz, Kiryat Sanz et Geoula. Les haredim très riches, généralement issus des Etats-Unis, achètent les logements très chers.
La tendance s’est poursuivie à Guivat Tzarfatit. En raison de la baisse des prix de l’immobilier, le quartier a attiré les orthodoxes qui ne pouvaient, financièrement parlant, s’installer à Ramat Eshkol.
La région dispose des infrastructures culturelles, éducatives et religieuses nécessaires : yeshivot, synagogues, mikvés et magasins d’alimentation strictement casher.
Savion Mass est gérante de l’agence Anglo-Saxon, responsable du nord de Jérusalem, c’est-à-dire qui couvre les quartiers de Ramat Eshkol, Guivat Tzarfatit, Guivat Hamivtar et Tzameret Habira. “Le fait que les haredim achètent des propriétés dans la région est logique”, explique-t-elle. “Il y a d’excellentes infrastructures sociales pour les religieux, ce qui leur donne une raison supplémentaire d’y faire une acquisition.” Elle souligne également que “par le passé, la demande haredi a fait monter les prix à Ramat Eshkol.
Aujourd’hui, alors que la demande immobilière est relativement faible, les prix sont stables. Mais c’est la demande orthodoxe qui lui permet de se maintenir.”
Pour l’heure, le nord de Jérusalem est très prisé par la communauté en noir et blanc.
Seule exception : le quartier de Tzameret Habira, bel espace pastoral dont les appartements- terrasses sont adjacents à Guivat Tzarfatit.
Les propriétaires de la région estiment que les prix sont constamment en croissance, et exigent des prix exorbitants.