Clair comme de l’eau de roche...

Un rapport français sur la géopolitique de l’eau présente Israël comme un Etat d’apartheid. Une contre-vérité de plus à corriger

Israël sur le banc des accusés. A nouveau taxé d’Etat apartheid, à l’encontre des Palestiniens. En cause : un rapport sur la “géopolitique de l’eau”, déposé le 13 décembre dernier devant la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française. “L’eau, révélatrice d’un nouvel apartheid au Moyen-Orient”, titre la mission d’information présidée par Lionel Luca, député UMP. C’est Jean Glavany - poids lourd du PS - qui a endossé le rôle de rapporteur officiel. En tout, ce sont une douzaine de députés français, toutes tendances politiques confondues, qui ont adhéré au rapport aux termes outranciers. “La ségrégation est hautaine et méprisante, vexatrice et humiliante, voire violente”, peut-on lire.

Des affirmations qui ont fait bondir les spécialistes de la question. D’après Valérie Hoffenberg qui a travaillé avec Guilad Erdan, ministre israélien de la Protection de l’environnement, “ce rapport est truffé de préjugés anti-israéliens, de mensonges éhontés, et propose une présentation partiale de la situation”. Et de manifester aussitôt son mécontentement via un courrier adressé au président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer. “Je souhaite attirer votre attention sur les nombreuses inexactitudes contenues dans ce rapport qui ne correspond en rien à la réalité”, affirme-t-elle. “Les propos de Jean Glavany accusant Israël de pratiquer un ‘apartheid de l’eau’ sont graves. Cette présentation est mensongère et insultante pour l’Etat d’Israël et il est inadmissible qu’un document officiel de l’assemblée nationale puisse véhiculer des propos diffamatoires sur un pays ami.”
L’ancien ministre, aujourd’hui député-maire du 16e arrondissement, Claude Goasguen, a également vigoureusement protesté contre les propos tenus.
Si Luca, président de la commission, s’est finalement désolidarisé des mots d’apartheid, Glavany persiste et signe. “Je maintiens tout ce que j’ai écrit sur ce sujet”, rétorquait-il, lundi 9 janvier, par communiqué interposé. “Ce que j’ai écrit a reçu l’aval tant de la d’information et de son président, que de la Commission des Affaires étrangères.”
Du tac au tac

Parmi les nombreuses réactions, d’Ezra Banoun, ingénieur, qui “vit professionnellement dans le secteur du Traitement des Eaux depuis 1967”. Pour avoir travaillé sur le projet de la station d’épuration avec le maire connaît bien le sujet. Il a décidé de décortiquer chaque question soulevée par le controversé rapport, pour lui apporter des réponses claires. Le but : rétablir une vérité malmenée et fournir les clés nécessaires pour comprendre le dit-”conflit de l’eau” et l’expliquer au plus grand nombre. Extraits.

Rapport : “L’eau, révélatrice d’un nouvel apartheid au Moyen Orient.”
“(...) Tout démontre, même si bien peu nombreux sont ceux qui osent employer le mot, que le Moyen-Orient est le théâtre d’un nouvel apartheid. La ségrégation y est raciale, mais comme on n’ose pas le dire, on dira pudiquement ‘religieuse’” (...).
Ezra Banoun : Au Moyen Orient, c’est dans des pays qui limitent le droit des populations en fonction de leur religion qu’il faudrait chercher une politique de discrimination : Egypte (anti-coptes), Syrie (anti-sunnites, antichrétiens et antijuifs), Arabie Saoudite (anti non musulmans).
Rapport : “La ségrégation est spatiale également : le mur élevé pour séparer les deux communautés en est le meilleur symbole.”
EB : Ce” mur” est destiné à éviter l’entrée sans contrôle en Israël d’étrangers comportant des immigrants illégaux, des travailleurs saisonniers, des terroristes, etc. Entre Israël et les territoires de l’Autorité palestinienne, il n’y a pas, comme en , d’obstacles naturels qui permettent de contrôler l’entrée dans le pays. D’où la nécessité de construire un obstacle “artificiel” qui permet de gérer l’entrée de populations étrangères sur le territoire israélien.
Rapport : “La division de la Cisjordanie en trois zones, A, B et C en est une autre illustration !”

EB : Il s’agit de dispositions convenues entre Palestiniens et Israéliens, lors des Accords d’Oslo. Ces dispositions permettaient aux Autorités palestiniennes, dans une première étape, de faire la preuve de leurs capacités à administrer un territoire de façon pacifique afin de permettre ultérieurement de signer des Accords définitifs. Les Accords définitifs négociés par Arafat, et Barak n’ont jamais été signés, ni par Arafat (qui a déclenché la deuxième Intifada) ni par ses successeurs.

Rapport : “L’armée israélienne a transféré à l’Autorité palestinienne la responsabilité des affaires civiles. C’està- dire la fourniture de services à la population, dans les zones A et B. Ces deux zones, qui contiennent près de 95 % de la population palestinienne de Cisjordanie, ne représentent que 40 % du territoire. La zone C reste entièrement placée sous l’autorité de l’armée israélienne. Cette zone représente 60 % du territoire de la Cisjordanie, avec toutes les réserves foncières et l’accès aux ressources aquifères, ainsi que toutes les routes principales.”
EB : Permettre à des dirigeants d’une organisation, qui juste avant défendait des positions de reconquête terroriste d’Israël, d’endosser la responsabilité de 95 % de la population civile palestinienne représentait déjà un énorme pas en avant. Pour preuve : la conduite du Hamas à qui a utilisé cette disposition pour transformer le territoire transmis à l’Autorité palestinienne en machine de guerre contre Israël ! Rapport : “La ségrégation est aussi hautaine et méprisante (‘ces gens-là ne sont pas responsables’, répètent à l’envi certains responsables israéliens), vexatrice et humiliante (les passages aux check-points sont restreints ou relâchés sans prévenir) voire violente (la répression des manifestations fait régulièrement des morts...)” EB : Accusations fausses ou tronquées : une partie importante de la population palestinienne mène en permanence une guerre systématique contre les populations civiles d’Israël. Les autorités doivent dès lors prévenir toute action hostile de ce type.
Rapport : “C’est donc bien d’un ‘nouvel apartheid’ qu’il s’agit.”
EB : Aucune preuve valable ne vient donc confirmer cette accusation. Ce discours spécieux rappelle les arguments de la Fable de la Fontaine Les animaux malades de la peste pour accuser Aliboron des méfaits de la peste !

Rapport : “Et dans cette situation, l’eau est un élément particulier du conflit entre Palestiniens et Israéliens. Au point de constituer le ‘5e volet’ des Accords d’Oslo. La Déclaration d’Oslo du 13 septembre 1993 reconnaît les droits des Palestiniens sur l’eau en Cisjordanie. L’accord intérimaire de Taba du 28 septembre 1995 prévoit un partage des eaux jusqu’à la signature d’un accord permanent. Mais ce partage est incomplet : il ne porte que sur les aquifères ; le Jourdain en est exclu, les Palestiniens n’y ayant plus accès.”

EB : Ceux qui ont signé ces phrases n’ont jamais pris la peine de visiter la vallée du Jourdain : à l’échelle européenne il s’agit d’une toute petite rivière, dont les eaux sont pompées au niveau des affluents par les Syriens, les Libanais avant l’entrée dans le Lac de Tibériade, puis par les Israéliens à partir du Lac, et ensuite par les Jordaniens, au niveau du Yarmouk, affluent essentiel du Jourdain. Ce qui reste dans le Jourdain n’est même pas suffisant pour compenser l’évaporation des eaux de la mer Morte dont le niveau baisse tous les ans.
Rapport : “Ensuite il gèle les utilisations antérieures et ne répartit que la quantité d’eau encore disponible, c’est dire 78 mètres cubes de l’aquifère oriental. Il est donc très défavorable aux Palestiniens qui n’exploitent que 18 % des aquifères ; soit 10 % de l’eau disponible sur le territoire.”
EB : Contre-vérités ! Les nappes souterraines de Judée-Samarie se trouvent sous les Territoires d’Israël et seulement pour partie sous les territoires confiés à l’Autorité palestinienne dans le cadre des Accords d’Oslo. Elles n’ont jamais été exploitées par les Arabes avant 1948, ni durant la période ou ces territoires étaient jordaniens (1948-1967). La raison : les besoins d’eaux des populations palestiniennes ont toujours été, et demeurent, très limités. 20 litres/jour/hab. pour des besoins hygiéniques contre 150 l/jour/hab. en Israël. Quasiment pas d’agriculture, la région étant impropre en dehors de la culture de l’olivier dont la consommation d’eau est très faible. Absence totale de jardins avec gazons et parterres de fleurs, considérés comme du gaspillage par la culture des Arabes de la région. Les Accords signés par les Palestiniens à leur permettaient de répondre à tous leurs besoins immédiats, avec une large marge de sécurité. Il s’agissait d’accords devant être remis en cause lors de la signature d’accords de paix définitifs.
Rapport : “C’est pourquoi sans règlement politique global, on voit mal comment ce qui est devenu un véritable ‘conflit de l’eau’ pourrait trouver une solution.”
EB : Exact : il existe un conflit de l’eau. Mais pour d’autres raisons que celles avancées par les membres de cette délégation : ces nappes souterraines communes à la Cisjordanie et Israël ne sont pas essentielles pour les Palestiniens, mais le sont pour les Israéliens. Elles sont difficiles et coûteuses à exploiter, et relativement faciles à polluer : il suffit de creuser des puits de 10 à 20 mètres et d’y rejeter toutes les eaux civiles usées. Tant que les Palestiniens ne donneront pas de garantie à ce sujet, Israël ne signera aucun accord de paix avec eux.
Rapport : “Quelles sont donc les caractéristiques de ce ‘conflit de l’eau’ ? Du point de vue ‘hydrique’, il concerne avant tout le fleuve Jourdain, où sont réunis tous les éléments prompts à déclencher une ‘crise de l’eau’ : depuis le début du conflit, guerre après guerre, les ‘extensions territoriales’ d’Israël, qu’on le veuille ou non, s’apparentent à des ‘conquêtes de l’eau’. Que ce soit des fleuves ou bien des aquifères.”
EB : Contre-sens ! Voir la question sur le Jourdain. De plus les guerres ont été déclenchées, et continuent de l’être, par les pays arabes ou par les Palestiniens (cf. l’envoi systématique de roquettes sur les populations civiles.)

Rapport : “Or, l’eau est devenue au Moyen-Orient bien plus qu’une ressource : c’est une arme.”

EB : L’eau a toujours été une arme. Mais une arme terroriste dirigée contre Israël : 1 - Par le détournement des affluents du Jourdain par la Syrie dans les années 1950 pour contrer la création de l’Aqueduc national. 2 - Par le détournement, par le Hezbollah, d’une partie supplémentaire des débits accordés par des accords internationaux sur les affluents du Jourdain. 3 - Par les essais permanents de pollution des ressources en eau d’Israël par des mouvements terroristes palestiniens.
Rapport : “Pour comprendre la nature de cette ‘arme’ au service de ce ‘nouvel apartheid’, il faut savoir, par exemple, que les 450 000 colons israéliens en Cisjordanie utilisent plus d’eau que 2,3 millions de Palestiniens.”
EB : Argument insensé ! Les 60 millions de Français utilisent plus d’eau que les centaines de millions d’Arabes d’Afrique du Nord, d’Egypte, de Lybie et d’ailleurs. Fautil accuser la d’apartheid ? Rapport : “Sachons aussi entre autres multiples exemples que : la priorité est donnée aux colons en cas de sécheresse en infraction au droit international” EB : Contre-vérité ! Malgré la guerre déclarée en permanence par le Hamas qui bombarde ses populations civiles, Israël n’a jamais suspendu ses livraisons d’eau à pour des raisons humanitaires ! Rapport : “Le mur construit permet le contrôle de l’accès aux eaux souterraines et empêche les prélèvements palestiniens dans la ‘zone-tampon’ pour faciliter l’écoulement vers l’ouest” EB : Erreur ! Les Palestiniens n’ont ni les moyens ni la capacité technique, et surtout ni la volonté d’accéder aux ressources souterraines, sinon ceux qui souhaitent les polluer ! Rapport : “Les ‘puits’ forés spontanément par les Palestiniens en Cisjordanie sont systématiquement détruits par l’armée israélienne” EB : L’eau en Cisjordanie se trouve à des centaines de mètres en dessous du sol : ce type de puits, d’une dizaine à une vingtaine de mètres de profondeur, n’atteignent pas l’eau des nappes mais peuvent servir à la polluer (géologie de calcaire fissuré).
Rapport : “A les réserves d’eau ont été prises pour cible en 2008-2009 par les bombardements.”
EB : Ce n’est pas exact. Il n’existe tout simplement pas d’installations de ce type, susceptibles d’être bombardées. A , ce sont des centaines de milliers de petites pompes qui alimentent en eau les foyers. Impossible donc de les bombarder. Et aucun intérêt d’ailleurs.
Rapport : “Et comme les zones A et B ne sont pas d’un seul tenant, mais fragmentées en enclaves entourées par des colonies israéliennes et par des routes réservées aux colons, ainsi que par la zone C, cette configuration entrave le développement d’infrastructures performantes pour l’approvisionnement en eau et l’évacuation des eaux usées.”
EB : De quelles “infrastructures performantes” s’agit-il ? Tous les investissements que souhaitent faire dans le domaine du traitement des eaux usées ou dans le transport des eaux potables sont agréés dès lors qu’il n’y a pas de risque de pollution.
Rapport : “La plupart des Palestiniens résident dans les zones A et B, mais les infrastructures dont ils dépendent se trouvent dans la zone C ou la traversent. Les déplacements des Palestiniens dans la zone C sont limités ou interdits ; l’armée israélienne autorise rarement les travaux de construction ou d’aménagement. On peut citer plusieurs exemples de stations d’épuration programmées par le ministère palestinien de l’Eau et qui sont ‘bloquées’ par l’administration israélienne.”
EB : Là est le vrai problème et les pays européens portent une responsabilité extrêmement grave dans cette situation. Pour protéger les nappes phréatiques communes à Israël et aux territoires palestiniens, il est indispensable d’utiliser les traitements d’eaux usées les plus avancés et d’exploiter les stations d’épuration par des techniciens compétents. Sous prétexte d’aide aux Palestiniens, tous les Européens, et particulièrement les Allemands et les Français, fournissent des équipements caducs, incapables de répondre aux besoins. Israël a, à juste titre, bloqué ce type de projets plus nuisibles qu’utiles.
Rapport : “Les Israéliens reprochent aux Palestiniens l’existence de puits non contrôlés responsables de pompages excessifs et d’une salinisation des aquifères. Ils citent l’exemple de où l’aquifère est en passe d’être perdu.”
EB : Les ressources en eau de sont systématiquement polluées par la population par l’envoi d’eaux usées sans que le Hamas y mette un terme. La responsabilité du Hamas et des pays qui se murent dans leur silence est accablante !

Rapport : “Ils reprochent également l’absence de traitement des eaux. Seuls 31 % des Palestiniens sont raccordés. Mais le Comité n’a approuvé que 50 % des projets palestiniens, avec d’énormes retards, alors que son autorisation doit encore être suivie d’une autorisation administrative pour la zone C.”

EB : Encore une fois, là est le vrai problème et les pays européens portent une responsabilité extrêmement grave dans cette situation.
Rapport : “L’appropriation des ressources par les colonies et par le tracé du mur est également troublante.”
EB : Encore une fois, il s’agit de contre-vérités : n’importe quel hydrologue sait qu’une nappe phréatique, qui se trouve sur une très large surface sous les territoires israéliens et palestiniens, n’a absolument aucun rapport avec le tracé du mur ! Les députés reprennent à leur compte une accusation que tout ingénieur hydraulicien trouverait sans fondement et quelque peu stupide.
Rapport : “La surexploitation des aquifères est avérée.”
EB : En Cisjordanie, l’exploitation des nappes est effectuée par des experts israéliens qui fournissent aux Palestiniens les quantités d’eau convenues. Il n’y a pas d’exploitation. En revanche, à , l’exploitation des ressources est faite sans contrôle par n’importe qui capable de creuser un puits de 0,5 à 1,5 m et d’y installer une pompe. Le Hamas est responsable de la surexploitation qui en a résulté, avec salinisation progressive de l’aquifère par l’entrée des eaux de mer en conséquence de la surexploitation.
Rapport : “Les Israéliens se fondent sur la théorie de la première appropriation pour défendre leurs droits et refusent toute gestion partagée dans une vision sécuritaire de l’eau. Israël propose des solutions, parfois intéressantes, mais où il garderait la maîtrise de l’eau.”
EB : Bien entendu : 1 - Israël a investi pour chercher ces nappes et les exploiter ; 2 - Israël doit garder le contrôle de l’eau pour éviter ce qui s’est produit à !

Rapport : “Il a semblé à la mission que le pays préférerait abandonner les aquifères, en finissant de développer le dessalement, plutôt que de mettre en place une gestion partagée. Il n’y aura pas de partage de l’eau sans solution politique sur le partage des terres.”

EB : Manque total de compréhension du problème. Ce qui est exact, c’est qu’il n’y aura aucune évolution vers la “gestion partagée des ressources en eau” sans accords pour une paix durable.
Rapport : Pourtant, un comité conjoint sur l’eau (Water Joint Committee) a été créé par les Accords d’Oslo II. Il a compétence pour toutes les questions d’eau relatives aux seuls Palestiniens sur le territoire de la Cisjordanie. Ce n’est donc pas un organisme de gestion partagée et encore moins de bassin. Il fonctionne en outre sur le mode du consensus ce qui donne de facto un pouvoir de veto à Israël.
EB : Bien entendu puisque les Accords d’Oslo II auraient dû être remplacés depuis plus de dix ans par des accords de paix définitifs et durables. Mais le mouvement palestinien a choisi, depuis cette époque, de ne pas signer ce genre d’accords.