Eilat, en pleine campagne

Stas Mesezhnikov a dévoilé sa nouvelle carte nationale de préférences touristiques. Les enjeux d’Israël : Eilat, la Basse Galilée, la région de Nazareth et la vallée Beit Shean

Eilat - DO NOT USE (photo credit: Reuters)
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(photo credit: Reuters)
Améliorer l’image d’Israël : un véritable défi pour Stas Mesezhnikov. “Lorsque je vois qu’il y a en même temps de la neige sur le mont Hermon et du soleil à Eilat, je me dis : voilà pourquoi il faut venir en Israël”, plaisante le ministre du Tourisme.
L’industrie du tourisme représente 17,5 % des exportations de services israéliens ; et emploie plus de 300 000 personnes. Soit près de 8 % des salariés du pays. Elle représente un secteur clé de la croissance d’Israël. Et le gouvernement lui consacre de 700 à 800 millions de shekels par an, en subventions. Faire de l’Etat hébreu une destination touristique attractive constitue donc “une priorité nationale”.
L’année 2011 a constitué un grand crû en matière de tourisme pour Israël. Malgré la crise économique en Europe et aux Etats-Unis, le Printemps arabe et le renforcement du shekel. L’an dernier, l’Etat juif a accueilli 3,4 millions de visiteurs - qui ont généré près de 35 milliards de shekels. Soit 2 % seulement de moins que 2010, l’année record en terme de voyageurs enregistrés.
Et la représentation du pays s’améliore dans le monde : Tel-Aviv, élue troisième ville la plus animée de 2011, selon Lonely Planet et ville n°1 pour les gays ; Israël, élu deuxième pays pour les paysages et les excursions, selon les lecteurs du National Geographic russe.
Construire plus pour accueillir plus
“L’augmentation du nombre de touristes a accru la demande de chambres d’hôtels dans certaines régions ajoutées à la carte de préférence”, a ainsi affirmé le ministre Mesezhnikov. Avec un taux de remplissage moyen de 70 %, les hôtels arrivent à saturation. D’où l’extension de la nouvelle carte nationale de préférence touristique à Eilat, la Basse Galilée, la région de Nazareth et la vallée Beit Shean. Des endroits qui viennent s’ajouter aux provinces de Néguev, du Golan et de Jérusalem, Netanya et Haïfa. “Ces [nouvelles] régions sont le coeur du tourisme en Israël”, explique Eran Nitzan, chargé du développement des infrastructures au ministère du Tourisme.
Dans les régions plus reculées d’Israël, le faible nombre d’hôtels empêche de faire jouer la concurrence.
Conséquence : les tarifs restent élevés. Le ministère du Tourisme encourage donc les entrepreneurs à l’aide de subsides (20 % de l’investissement, 28 % pour Jérusalem) à investir et à ouvrir de nouveaux hôtels, motels et attractions touristiques.
Stas Mesezhnikov et son équipe espèrent ainsi attirer des promoteurs israéliens et étrangers dans les nouvelles zones de priorité malgré le “danger” d’investir dans ce secteur. Le premier plan en vigueur depuis déjà quelques années a prouvé son efficacité. “Beaucoup des investissements n’auraient pas été possibles sans les fonds du ministère”, commente Eran Nitzan. L’aide accordée par le gouvernement aux entrepreneurs et aux investisseurs fait partie de la loi d’encouragement pour l’investissement en capitaux.
“C’est une bonne nouvelle pour le tourisme”, indique l’Association des hôtels de Jérusalem. Même si les effets ne se font pas encore sentir, l’organisation est “très heureuse” de voir le gouvernement s’engager pour la rénovation et l’attrait de nouveaux investisseurs.
En 2011, 1 340 nouvelles chambres d’hôtels ont vu le jour pour un montant de 210,5 millions de shekels.
Eilat : de station balnéaire à pôle culturel
Située au bord de la mer Rouge, Eilat tire son succès de sa “combinaison d’un climat chaud, de fonds sous-marins tropicaux et de paysages désertiques”, selon le site du ministère du Tourisme. Malgré les efforts du gouvernement pour décloisonner la ville, avec notamment 25 vols européens à destination d’Eilat, la station balnéaire ne fait pas le poids face à la concurrence étrangère.
Un séjour dans la ville de la pointe Sud reste plus coûteux que des vacances en Egypte. Ajouter Eilat à la carte nationale de préférence touristique permet de débloquer des fonds pour booster son attractivité.
Il ne s’agit pas-là de la première initiative. Depuis 2005, le gouvernement a dépensé plus de 150 millions de shekels pour promouvoir Eilat. Les efforts marketing se concentrent essentiellement en direction des visiteurs en provenance de Scandinavie, Russie, Pologne (dont les visas ont été supprimés depuis peu), d’Allemagne et des Pays-Bas.
Ententes sur la protection des prix des vols charters, campagnes de publicité, séminaires et salons, opérations de recherche et de développement : tout est mis en oeuvre pour tenter de lancer la carrière excursionniste d’Eilat. Pour améliorer ses produits touristiques et la distinguer de ses concurrents, le ministère du Tourisme et celui des Finances, la mairie d’Eilat et l’Association des Hôtels d’Eilat ont ainsi accordé des ressources financières propres à la ville. A elle désormais de rénover ses infrastructures, d’organiser des événements et de faire sa promotion. Stas Mesezhnikov souhaite qu’Eilat se métamorphose en pôle culturel, organisateur de festivals tels que le célèbre Red Sea Jazz Festival, de compétitions sportives et autres événements.Quatre millions de shekels seront alloués à ce projet.
Et le ministre du Tourisme, comme tous les autres acteurs liés au développement de la ville, ne vont pas manquer de suivre de près l’évolution des chiffres pour l’année à venir. Si leur but en 2012 est bien sûr d’attirer investisseurs et constructeurs hôteliers, le nombre de visiteurs étrangers venus séjourner à Eilat sera, en premier lieu, surveillé à la loupe.