Escalade de violence dans le Sud

Retour sur un week-end brûlant

Policiers et roquettes dans le sud (photo credit: Reuters)
Policiers et roquettes dans le sud
(photo credit: Reuters)
Plus de 100 roquettes sont tombées dans le sud d’Israël pendant le week-end. Dimanche 11 novembre, le ministre de la Défense Ehoud Barak a prévenu que l’Etat hébreu n’hésiterait pas à lancer une vaste opération militaire contre les factions terroristes de bande de Gaza, si nécessaire.
Dimanche, les missiles ont blessé 3 personnes à Sderot durant une salve tirée le matin, précisément aux heures de pointe. Un homme a été modérément blessé dans sa voiture par des éclats d’obus et de verre : “Une voix d’en haut m’a soufflé de ne pas prendre mon fils avec moi ce matin”, déclarait Moshik Levy, professeur d’éducation physique, au micro de la radio militaire après avoir reçu des soins pour ses blessures. “Mon pare-brise m’a explosé au visage. J’ai commencé à saigner. Je ne comprenais pas ce qui arrivait. Heureusement que j’étais seul”, a-t-il raconté.
Un couple qui se rendait au travail a également été légèrement blessé par des éclats. Une quatrième personne a été touchée alors qu’elle était en train de courir pour s’abriter après retentissement de la sirène. Selon le Magen David Adom, 5 personnes ont dû être prises en charge pour choc.
Un peu plus tard dans la journée de dimanche, une roquette palestinienne touchait de plein fouet une usine à Sderot. La ville est trop proche de la bande de Gaza pour que le système Dôme de fer ne la protège efficacement.
Dans l’après-midi, c’est à Beersheva que les sirènes ont retenti. Deux roquettes ont été interceptées par les systèmes de défense aériens. Dans la soirée, deux maisons de Sderot et une autre dans la région d’Eshkol ont été frappées de plein fouet sans toutefois faire de blessés.
Samedi 10 novembre, les Palestiniens ont tiré 25 roquettes au sud d’Israël. Les sirènes ont retenti à Ashkelon, Ashdod, Gan Yavné et d’autres communautés plus petites.
Les violences ont commencé après un tir de missile antichar du Djihad islamique sur un véhicule menant une patrouille de routine, du côté israélien de la frontière.
Quatre soldats ont été blessés. “Le combat d’origine a eu lieu le long de la barrière de sécurité, car nous voulons nous assurer qu’Israël est capable de manoeuvrer normalement”, a expliqué Barak au micro de la radio militaire.
Dans la nuit de dimanche, deux membres du Djihad islamique ont trouvé la mort dans une série de raids aériens à Gaza. Tsahal a atteint 7 cibles, dont un site de production d’armes, deux arsenaux et deux espaces ouverts employés aux tirs de roquettes contre Israël au nord de la bande côtière. Deux autres cibles terroristes ont été touchées.
Entre dimanche et lundi, 13 nouvelles roquettes ont été lancées, ainsi que des obus de mortier, faisant 4 nouveaux blessés et 36 personnes en état de choc. Deux missiles ont été interceptés par Dôme de fer, tandis qu’un troisième atteignait un immeuble à Netivot.
Ehoud Barak a blâmé le Hamas pour cette escalade. “Si nous sommes forcés de retourner à Gaza afin d’infliger une sévère défaite au Hamas et restaurer la sécurité de tous les citoyens israéliens, nous n’hésiterons pas à le faire”, a-t-il prévenu. “C’est le Hamas qui payera le prix, un prix lourd”. Le Premier ministre Binyamin Netanyahou a également averti : “Nous sommes préparés à intensifier notre réponse”. “La communauté internationale doit comprendre qu’Israël ne va pas rester les bras croisés face à ces attaques”, a-t-il continué au conseil des ministres hebdomadaires. “Tsahal réagit, et continuera de réagir, avec force contre les organisations terroristes dans la bande de Gaza”.
Netanyahou a tenu des consultations avec des hauts responsables militaires et sécuritaires, dont Barak et le chef d’etat-major Benny Gantz. Ils ont pesé les différents scénarios de réponse, y compris les plus dramatiques. Afin de s’assurer du soutien international nécessaire, Netanyahou avait prévu de réunir les ambassadeurs étrangers lundi, pour leur déclarer qu’une telle situation était intolérable et devait cesser.
L’ambassadeur américain Dan Shapiro a écrit sur sa page Facebook : “Nos pensées vont aux habitants du sud d’Israël, qui continuent d’être bombardés par des missiles d’organisations terroristes à Gaza. Les Etats-Unis soutiennent le droit d’Israël à défendre ses citoyens de telles attaques”.
Dimanche également, le président Shimon Peres a appelé la communauté internationale à cesser le transfert de fonds et de ressources au mouvement terroriste du Hamas, selon la radio militaire. Le président a ajouté qu’Israël s’est retiré unilatéralement de la bande de Gaza en 2005, jusqu’au dernier soldat, et qu’il n’y avait donc pas de logique aux attaques du Hamas. Dans un entretien au Jerusalem Post, il les a qualifiées d’“idiotes” et assuré que la réponse israélienne devait être appropriée. L’Etat hébreu tente d’éviter des représailles à grande échelle qui toucheraient inévitablement des civils à Gaza, a-t-il encore dit, mais il se pourrait qu’il n’ait plus le choix face à une situation où un million de mères et d’enfants ne peuvent plus dormir la nuit.
La chef du parti travailliste Shelly Yacimovich a appelé le ministre de la Défense à déclarer l’état d’urgence dans le Sud, au vu des attaques de roquettes. Elle a également appelé le gouvernement à faire passer son texte de loi prévoyant de dédommager les employés qui prennent des jours de congés sans solde pour cause de missiles (ou pour garder les enfants en cas d’écoles fermées).
Elle s’est en revanche prononcée contre une opération militaire de grande envergure pour le moment. “Nous sommes en période électorale et de telles opérations exigent une stabilité nationale et politique”, a-t-elle commenté au cours d’une visite dans les communes touchées. “Ce sera peut-être nécessaire mais pas maintenant”.
Le ministre des Finances Youval Steinitz semblait au contraire préconiser une réponse imminente et rappeler que les missiles se rapprochaient de plus en plus du centre du pays. “Il me semble qu’on ne peut pas couper à une décision militaire à Gaza”, a-t-il affirmé lors d’un entretien à la Radio militaire lundi matin.