Flambant neuf

Au sud-est de Jérusalem, le quartier de la muraille de Shmouel (Homat Shmouel), plus connu sous le nom de Har Homa, est particulièrement prisé par les acheteurs français

Flambant neuf (photo credit: Reuters)
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(photo credit: Reuters)

Controverse. Le quartier de Har Homa, officiellement appeléHomat Shmouel, traîne un passé sulfureux. En 1997, le gouvernement Likoud deNetanyahou décide alors la construction de plusieurs milliers d’unités delogement. Un projet généralement condamné par le Conseil de sécurité de l’ONU et lacommunauté internationale. Motif : les terres sont situées sur une zone annexéepar Israël après la guerre des Six-Jours. Mais l’Etat hébreu réfute toute accusation de construction illégale. Selon sescadastres, ces 32 dounams de terrain, répondant à l’époque au nom de Jabal AbouGhneim, ont été achetés dans les années 1940 par un groupe de Juifs à des finsrésidentielles.

Puis, lors de la guerre d’Indépendance, la zone est réquisitionnée par lesFrères musulmans égyptiens venus soutenir les Palestiniens dans leur combatcontre Israël, pour devenir une base militaire. La terre passe alors aux mainsde la Légion arabe et, après la guerre, les autorités jordaniennes y fontplanter une forêt de pins encore existante à ce jour. Ce n’est qu’au début des années 1980 que le ministère du Logement et lamunicipalité de Jérusalem se lancent dans un programme d’expansion de larégion. La première opposition au plan émane d’associations locales pourl’environnement, qui souhaitent conserver la colline arborée à destination deshabitants de la capitale. Au début des années 1990, le ministère donne enfin son feu vert pour laconstruction de Har Homa. Et soulève alors l’opposition palestinienne. Leshabitants de Beit Sahour, localité arabe des environs, de concert avec desactivistes israéliens pour la paix, contestent la décision. En vain.
L’affaire est portée devant les tribunaux et les travaux commencent en 1997. Endépit des remontrances publiques de Bill Clinton, les Etats-Unis vont toutefoiss’opposer à deux résolutions du Conseil de sécurité qui voulaient empêcher laconstruction de la localité. Mais bien que seul Etat sur les 15 membres à userde son veto, l’allié américain ne cache pas non plus sa désapprobation.
La nouvelle mine d’or immobilière ? 

Au départ, 2 500 unités résidentielles sontoriginellement autorisées. Mille autres viendront s’ajouter et le programmefinal prévoit 5 000 demeures et 25 000 habitants au total. Conséquence des difficultés politiques, dans un premier temps, les habitationsse vendent mal. Les logements proposés à l’achat sont loin de rivaliser avecles quartiers centraux de la capitale. Prix de départ d’un trois-pièces moderneavec terrasse, parking et ascenseur : 700 000 shekels. Une offre alléchante quiva tout de même attirer de plus en plus d’acquéreurs et finir par avoir raisonde l’opprobre. Aujourd’hui, l’ombre politique a disparu et Har Homa est devenu un quartier dela capitale parmi tant d’autres. Les prix, toutefois, restent plus basqu’ailleurs. Et séduisent ceux qui désirent vivre dans la Ville sainte mais à coût modéré.
Selon Sima Ben-Hanoch, le bon pli est pris. Cette directrice de l’agenceimmobilière Guilo Central estime que la demande n’est pas prête de s’arrêter :“Par rapport à d’autres quartiers de Jérusalem, elle reste satisfaisante. HarHoma attire de jeunes familles, parfois laïques mais surtout religieuses. C’estun bon rapport qualité-prix. Et la jeunesse attire les jeunes : les nouveauxménages veulent venir justement parce qu’il y a beaucoup de jeunes familles”,explique-t-elle. Les prix ne resteront pas toujours aussi bas, croit également savoir AharonBass, représentant de l’agence Anglo-Saxon Jérusalem, qui a une bonneconnaissance démographique du quartier. “La population de Har Homa est plus oumoins divisée entre laïcs et religieux modérés, ceux que l’on appelle en Israël‘dati-leumi’ ou ‘mizrahi’. Le nombre d’ultra-orthodoxes est très faible. Lesrelations entre les deux premiers groupes sont excellentes, mais même sinumériquement ils sont équivalents, la catégorie religieuse prédomine. Sansdoute parce qu’au début, il y a sept ans, les familles religieuses ont été lespremières à arriver”, raconte-t-il. En moyenne aujourd’hui, un appartement de trois pièces à Har Homa revient à 1,1million de shekels, tandis qu’un quatre pièces coûte 1,3 et un cinq pièces sesitue aux alentours de 1,6 million. Un jardin augmentera la mise de 15 % et unappartement au dernier étage de 20 %.