Front parlementaire

Daphna Poznanski, députée de la huitième circonscription, revient sur une semaine de terrain pendant l’opération « Pilier de défense »

Daphna Poznanski (photo credit: avec l'autorisation de Daphna Poznanski)
Daphna Poznanski
(photo credit: avec l'autorisation de Daphna Poznanski)
Retour d’urgence. Daphna Poznanski, députée de la 8e circonscription des Français de l’Etranger, partage son temps entre l’Assemblée nationale et ses permanences dans les pays qu’elle représente. Mais à l’annonce de l’opération « Pilier de défense », elle a immédiatement pris le chemin d’Israël. Dix jours dans le Sud, « pour être auprès d’électeurs de la région, à Ashkelon, Ashdod, Ofakim, Beersheva et Eshkol ». Elle qui cherchait à « réconforter » les familles, s’est dite ébahie par le courage et le sang-froid des habitants. Et par leur discipline, qui, tient-elle à rappeler, a permis de réduire drastiquement le nombre de victimes.
L’élue socialiste a également immédiatement plaidé pour une médiation française. De la venue du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, dimanche 18 novembre, elle se dit peu satisfaite « puisque la médiation a échoué ».
Mais tient néanmoins à défendre les propos du locataire du Quai d’Orsay qui a déclaré, au soir de sa visite, que « les responsabilités étaient partagées ». La France n’aurait pas pu faire son travail d’intermédiaire, explique Poznanski, si M. Fabius avait immédiatement fait porter le blâme aux Palestiniens. Ce qui n’a pas empêché le politicien de se joindre le lendemain, 19 novembre, à la déclaration commune des ministres des Affaires étrangères européennes condamnant les attaques de roquettes du Hamas et défendant le droit israélien à l’autodéfense.
Dans un second temps, la députée a fait venir une délégation du groupe parlementaire d’Amitié France-Israël, dont elle est vice-présidente depuis juin. La présidente du groupe, Danièle Hoffman-Rispal (députée socialiste de la 6e circonscription de Paris), Avi Assouly (député PS de la 5ième circonscription des Bouches du Rhône), Hervé Mariton (député UMP- 3e circonscription de la Drôme) et Sophie Joissains, sénatrice des Bouches du Rhône sous l’étiquette UDI (Union des Démocrates et des Indépendants), ont atterri à Tel-Aviv jeudi 21 novembre, au lendemain du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Direction le sud de l’Etat juif et une rencontre avec le maire d’Ashkelon. Un signe de solidarité pour Poznanski, mais surtout une façon de relayer « à chaud » la réalité israélienne, si souvent omise ou minimisée par les médias français. « Ils se sont rendu compte de la distorsion qui est faite », pointe l’élue, indignée par le parti pris de la presse hexagonale.
Son but, désormais, est de continuer à défendre les populations exposées en levant notamment des fonds pour renforcer et rénover les abris de la ville de Kyriat Malachi, jugés peu adéquats lors de sa visite.
Une position complexe La députée se réjouit du cessez-le feu, qu’elle estime bénéfique. Et réfute les conclusions pessimistes de certains qui évoquent une défaite israélienne. A ses yeux, au contraire, l’accord a permis d’atteindre les mêmes résultats qu’en cas d’une intervention terrestre, les nombreuses victimes de chaque côté en moins. Cet accord laissera le temps aux Israéliens comme aux Palestiniens de continuer à développer des moyens de défense, tout en profitant de la trêve pour se concentrer sur d’autres préoccupations, socioéconomiques notamment. Et de souligner que le cessez-le-feu est garanti par la communauté internationale, les Etats-Unis et surtout l’Egypte en tête : un succès en soi, attendu que le président Morsi, issu des Frères musulmans, est idéologiquement proche du Hamas. Fort de sa victoire diplomatique, le nouveau président a, de plus, tout intérêt à voir le traité respecté, au risque, sinon, de perdre sa crédibilité internationale.
Pour ce qui est de l’Autorité palestinienne, et de la requête du chef Mahmoud Abbas devant l’Assemblée générale de l’ONU le 29 novembre, Daphna Poznanski rappelle que la position exacte de la France sera connue une fois révélé le texte de la demande palestinienne pour devenir observateur permanent.
De son côté, elle juge l’initiative « totalement contre-productive », car en voulant définir les limites de cet Etat palestinien (avec Jérusalem-Est pour capitale), l’AP « disqualifie les pourparlers avec Israël et s’expose à des mesures de rétorsion ». Un cercle vicieux qui ne ferait que pousser d’autres Palestiniens dans les bras du Hamas, analyse celle qui tâche de faire entendre cette position au sein du gouvernement français.
« Je suis écoutée », clamet- elle, non sans reconnaître la complexité de sa position, citoyenne franco-israélienne et élue d’une circonscription recouvrant d’autres pays que l’Etat hébreu (Italie, Chypre, Grèce, Malte) sous la bannière socialiste, traditionnellement rejetée par les Français d’Israël. Pour ne pas attiser davantage de tensions, elle rappelle qu’elle ne votera pas aux prochaines élections israéliennes.
Mais préconise tout de même au futur nouveau gouvernement « de reprendre les négociations sans tarder et de répondre aux difficultés socioéconomiques des Israéliens ».