Go4Europe : l’avenir, c’est tout de suite

Le gotha de la finance et des investisseurs s’est réuni à Tel-Aviv sous le signe de l’innovation et de l’esprit d’entreprise.

P18 JFR 370 (photo credit: Gil Yarom)
P18 JFR 370
(photo credit: Gil Yarom)

«Bienvenue enIsraël, la Terre promise où coule le gaz naturel », a lancé avec humourOuzi Landau, ministre du Tourisme, pour le coup d’envoi de la 11e sessionde Go4Europe. Il aura donné le ton : Houtzpa (culot en français), esprit visionnaireet optimisme, un cocktail de choix made in Israël. L’élu s’est exprimé devantun panel de plus d’un millier de participants, investisseurs et entrepreneurstriés sur le volet venus de l’Union européenne, mais aussi du« BRIC » (Brésil, Russie, Inde, Chine).

Un networkingintensif

Fondé en 1993,Cukierman & Co est un groupe de financement de premier plan, dans lesdomaines des sciences de la vie, hautes technologies, médias et communications,technologies vertes et immobilier. Avec plus de 4 milliards d’euros detransactions, le groupe offre une gamme complète de services à des entreprisestant israéliennes qu’européennes. Organisé par la banque d’affaires CIH(Cukierman Investment House) et son fonds d’investissement Catalyst Fund L.P.,« l’objectif de Go4Europe est double : faire connaître l’Europe auxIsraéliens et Israël aux Européens, tout en facilitant les transactions entreles deux », explique Edouard Cukierman, président du groupe et fils deRoger, aujourd’hui de nouveau aux commandes du CRIF. Cette conférence annuelleest donc une plate-forme de choix pour des fusions, acquisitions, levées defonds, mais aussi pour des secteurs industriels à la recherche de partenariatsstratégiques dans le domaine des technologies de pointe.

Des intervenantsde haute volée, réunis en panels, se sont succédé sur le plateau : lebaron David de Rothschild, président exécutif du groupe Rothschild, MauriceLévy, qui dirige le groupe Publicis, et Henri Strakman, à la tête de VeoliaEnvironnement en Israël, (très présent dans les domaines de l’eau, dutraitement des déchets et eaux usées et des transports). Objectif :exposer son savoir-faire, se faire connaître, racheter, investir, sponsoriseret pourquoi pas découvrir une perle rare parmi les start-up venues tenter deconvaincre les investisseurs en 90 secondes chrono (voir encadré). Aurontparticipé aux débats Novartis, Alcatel-Lucent, Teva, Excem Group, BritishAmerican Tobacco et Sanofi-Aventis, entre autres. « L’apport de nouveauxsavoirs suscite de nouvelles associations, dont certaines se concrétisent enidées innovantes », peut-on lire dans Israël Valley, un ouvrage signéEdouard Cukierman et Daniel Rouach qui vient de sortir. Au programme donc,networking intensif et échanges fructueux. « Le secret de la réussite pours’implanter dans le monde entier, c’est le respect. Le challenge étant des’adapter à d’autres mœurs », rappelle le professeur Lorenz Reibling,président et cofondateur de Taurus Investment Holdings.

Le cru 2013

L’accent aura étémis sur le potentiel représenté par le Vieux Continent, alors même que l’Europeconnaît une pénurie de capitaux et que son secteur de l’innovation est encrise. « Aujourd’hui, on vient en Israël parce que ce pays est devenuincontournable », affirme Nadine Lati, directrice de Go4Europeet organisatrice de l’événement.

Outre lesaficionados de ce rendez-vous, on aura noté l’arrivée de nouveaux venus telsque Golan Telecom ou Tadeka. Côté européen, l’Espagne était notammentreprésentée par son ministre de l’Economie, Maximo H. Buch. Enfin, le BRICétait présent en force avec la très remarquée Sberbank de Russie et leconseiller de son président, Ruben Vardanian. « Compte tenu de lacroissance des pays du BRIC, Catalyst a décidé de financer l’expansion internationaledes entreprises israéliennes vers les marchés émergents », confie AlainDobkin, un des directeurs phares de Catalyst Fund. A cet effet, EdouardCukierman, son PDG, a finalisé en amont de la manifestation un accord avec leconglomérat China Everbright pour la création d’un fonds privé de200 millions de dollars qui pourrait aller jusqu’à 300 millions,destiné à investir dans des sociétés israéliennes innovantes et les accompagneren Asie.

« Cetteannée aura vu aussi le retour en force de l’immobilier », souligne NadineLati. Ce secteur, après une éclipse sur fond de crise économique mondiale,trouve un nouveau souffle avec Taurus Investment Holdings, partenairestratégique de Profimex, et Gazit-Globe. Autre temps fort de ce forum :l’intervention de Rurik B. Halaby, fondateur et président d’Agricapital, quiallie agroalimentaire et technologie de pointe. La demande alimentaire mondialedoublera d’ici à 2050, le profit triplera et la demande en qualité augmentera.Un défi, quand on sait que les terres cultivables vont dramatiquement diminueret que l’eau potable se raréfie. Les nouvelles technologies joueront un rôlemajeur dans l’avenir de ce secteur. « Il faudra relever ces défis. Lesmots d’ordre sont : génétique animale et végétale associée aux biotechnologies,techniques d’irrigation et agriculture de précision », détaille Rurik B.Halaby. Et d’ajouter : « la nourriture ne connaît pas les frontières.Le marché israélien vise les petits et les grands acteurs de ces nouveauxmarchés. Irriguer, fertiliser, et manufacturer la production du soja sont aucœur du développement entre Israël et l’Europe ».

Un succès sansbémol

La politiques’est donc invitée dans ce showroom du business en amont et en aval de larencontre, clôturée entre autres par Elie Chouraqui qui a évoqué l’imaged’Israël en Europe. Elégance mais fermeté, dans un contexte où il est difficilepour Israël d’oublier les mesures invalidantes que l’Union européenne cherche àlui imposer en exigeant l’étiquetage des produits en provenance deJudée-Samarie ou en refusant les échanges avec les territoires au-delà de laLigne verte. « Israël, seule démocratie du Proche-Orient, a missiond’humaniser la région. Nous ne voulons pas diriger les Palestiniens, nousattendons qu’ils prennent leur destin en main », a martelé le ministreisraélien du Tourisme. « Liberté de la presse, économie libérale, libreéchange, autant de facteurs qui stimulent les activités économiquesisraéliennes », a souligné Pierre Lellouche, ancien secrétaire d’Etat aucommerce extérieur et député de la première circonscription de Paris, qui lui afait écho en rappelant que « les Arabes israéliens sont libres etbénéficient des mêmes droits que les autres citoyens de l’Etat hébreu ».Un privilège pour la minorité arabe, dans une région en mal de printemps, où levent de la démocratie se fait toujours attendre. « Une bonne santééconomique devrait se révéler être un facteur de paix dans la région »,espère Edouard Cukierman, « et une seconde chance pour rapprocher l’Europed’Israël ».

« Quel estle meilleur moment pour investir ? Quand on vous dit que ce n’est pas lemoment », a déclaré avec humour le professeur Reibling pour encourager legotha réuni à faire fructifier les échanges. La prochaine édition de cesjournées pourrait bien connaître une nouvelle envolée grâce au gaz. Tamar etLeviathan représentent respectivement des réserves de plus de 453 milliardsde m3 de gaz et 4,3 milliards de barils de pétrole. Israël, exportateurd’énergie fossile, pourrait donc à terme radicalement changer la donne et lesrapports de force.