Israël, terre promise mais pas donnée

L’Aliya française est à l’honneur. Un nouveau lobby francophone et une mobilisation générale des ministères israéliens font miroiter aux Olim une intégration sur mesure. Un défi que l’Etat hébreu est bien décidé à relever

P141516 JFR 370 (photo credit: DR)
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«Juifs, la France n’est pas à vous », pouvait-on entendre scander, lors de la manifestation « Jour de colère » qui a eu lieu à Paris en janvier avec pléthore de quenellistes qui s’y sont sinistrement illustrés. Ces derniers événements en date à forte connotation antisémite, avec leur cortège de dérapages, semblent indiquer, à ceux qui en doutaient encore, que la France est sur la mauvaise pente. Conjugués à la crise économique qui frappe l’Europe de plein fouet, nul doute qu’ils vont contribuer à grossir les rangs des Juifs qui se pressent déjà en nombre à l’Agence juive. L’Etat d’Israël dit s’attendre à une Aliya de masse en provenance de l’Hexagone et affirme vouloir tout mettre en œuvre pour réussir l’intégration des Français. Pour autant le statut d’immigrant est semé d’embûches. Etre juif ne suffira pas pour réussir pleinement son intégration, il faudra devenir israélien. Un challenge de taille pour les nouveaux olim qui rêvent d’une Aliya (montée) sans Yerida (descente) et doivent se préparer à en payer le prix.

Faire ses valises…
Synonyme de recommencement, parfois à un âge où l’on voudrait se poser plutôt que devoir s’exiler vers un avenir meilleur sous d’autres latitudes, fussent-elles sur les rives de la terre promise, l’Aliya s’accompagne bien souvent du deuil d’une culture, d’un statut professionnel, d’un train de vie voire même de sa langue maternelle. L’Agence juive annonce que plus de 3 000 Juifs de France ont émigré en Israël en 2013 soit une augmentation de 63 % par rapport à 2012. Selon le gouvernement israélien, 42 000 Juifs français sont attendus dans l’Etat hébreu d’ici 2017. D’autres sources estiment qu’ils seront 60 000 à venir rejoindre les 200 000 francophones déjà installés. Mais Daphna Poznanski qui a été députée des Français à l’étranger est sceptique. « Israël table sur la venue de 60 000 Français d’ici 5 ans. Je n’y crois pas du tout malgré la résurgence de l’antisémitisme en France en ce moment. Je ne crois pas à une Aliya de fuite. Il y en a eu une en 2001-2003, mais quasiment la moitié de ces olim est repartie. Surtout les cinquantenaires qui pensaient trouver du travail en Israël alors que la plupart ne parlaient pas hébreu, n’avaient pas de diplômes et pas d’économies. Cette catégorie d’Olim déchante vite en arrivant. »
Dans le contexte de crise actuelle, il y a une émigration française importante des élites en quête d’un avenir économique meilleur. Les Juifs n’échappent pas à ce flux. Le climat de crise favorise les départs et être expat’ est devenu tendance. Si « un Juif a toujours une valise près de la porte », comme le dit Richard Prasquier, et il faut que ce soit pour aller en Israël. Mais « fuir la France n’est pas la solution pour réussir son Aliya, ce n’est pas suffisant », fait remarquer Elyahou Ben Shoushan, fondateur du site « www.arriverenisraël.com » qui propose aux olim non seulement un site d’information exhaustif, mais aussi un accompagnement humain « yad beyad », (main dans la main). Ses bonnes idées et ses compétences sont déjà parvenues aux oreilles du Premier ministre en personne, qui accorde à son travail une attention toute particulière.
… et arriver en Israël
« Pour réussir son Aliya, il faut savoir pourquoi on vient », affirme Elyahou, « c’est très important que le moteur ne soit pas de quitter la France, mais d’arriver en Israël », précise-t-il. Il est donc capital de ne pas « monter » pour de mauvaises raisons et de s’interroger plutôt deux fois qu’une sur ses motivations afin de supporter les coups durs et prévenir les déceptions.
« L’“aliya Boeing” ne doit pas être encouragée. Elle brise des foyers en engendrant beaucoup de divorces », prévient Daphna Poznanski. « Les hommes qui font la navette entre les deux pays reconstruisent souvent un deuxième foyer en France. Quant aux enfants, leur sort n’est guère enviable ; avec un père absent et une mère débordée par les problèmes d’intégration qu’elle doit affronter seule, beaucoup partent à la dérive ». Elle met aussi en garde contre ceux qui n’hésitent pas à prôner une Aliya fiscale. « C’est aberrant. Rappelons que les Français d’Israël sont soumis à la convention franco-israélienne de fiscalité signée en 1995, promulguée en 1996 et dotée des outils juridiques adéquats depuis 2003 ». A bon entendeur…
Aux bonnes raisons de faire son Aliya, doit également faire écho une bonne raison d’accueillir les olim. « J’espère qu’il n’y a pas d’arrière-pensée électorale qui sous-tend ces appels à l’émigration des Juifs de France. Certains observateurs soulignent que la droite israélienne pourrait trouver dans cette émigration des bataillons pour se renforcer. Il ne faut pas céder à de mauvaises raisons pour encourager les olim de France. Nous devons en rester aux fondamentaux du sionisme. Israël est né pour le rassemblement des exilés. Nous devons tout mettre en œuvre pour offrir à nos frères de France un avenir épanoui dans ce pays s’ils souhaitent nous rejoindre. C’est cet idéal-là qu’il faut servir », rappelle Daphna Poznanski aujourd’hui Présidente de l’association des Français en Israël.
Une Aliya mosaïque
Difficile de tracer le portrait de l’olé de France, tant il est mosaïque. « Les aliyot des Falashas ou des Russes étaient beaucoup plus homogènes. C’est la première fois qu’une Aliya massive s’annonce avec des profils si diversifiés et c’est la première Aliya de masse en provenance d’un pays occidental », explique Avi Zana de l’association AMI qui propose d’aider les olim en difficulté. Pour Daphna Poznanski, qui parle d’expérience, « c’est le même profil d’olim que celui des années 1970-1980. Ce sont des diplômés, des professions libérales, des traditionalistes. Ce sont des Juifs bien installés en France qui ont peur pour leurs enfants. Et il y a des retraités qui viennent rejoindre leurs enfants et petits-enfants déjà installés ».
A ces aliyot s’ajoute l’exode des jeunes filles religieuses en quête d’un mari, ce qui explique leur surnombre en Eretz puisque les jeunes harédim au contraire essayent de repousser leur Aliya à un âge où ils ne seront plus soumis au service militaire.
Certes, la start-up nation a de quoi attirer les jeunes cadres et les diplômés. Pour autant Israël n’est que la 3e destination choisie par les Juifs qui quittent l’Hexagone. Les Etats-Unis et le Canada arrivent en tête. Pour les plus brillants, l’Australie est aussi une option. « La première ville française en dehors de l’Hexagone, c’est Londres » rappelle David Gross qui travaille pour le nouveau lobby francophone de la Knesset aux côtés de son fondateur, le député HaBayit HaYehoudi Yoni Chetboun. Il s’agit d’une destination que choisissent en priorité les jeunes entrepreneurs qui veulent domicilier leur siège social en Angleterre pour soustraire leurs entreprises aux lourdes charges sociales qui les étranglent, mais ils continuent leurs activités en France.
Quant à l’Etat hébreu, « l’Aliya de France est une Aliya de qualité », insiste Eliyahou, « c’est une Aliya sioniste qui a une ahavat Israël (un amour du pays). C’est pourquoi il est d’autant plus important de ne pas rater ce rendez-vous », prévient-il. Avi Zana lui, souligne que le gouvernement n’a pas l’expérience d’une Aliya de masse occidentale, et espère qu’il procédera à des ajustements pour ne pas reproduire les erreurs du passé.
Le gouvernement israélien sur les dents
Mais la partie n’est pas gagnée. « L’Agence juive n’arrive pas à répondre à la demande à Paris. Ils reçoivent en moyenne 800 appels par jour et ils ne peuvent pas faire face. Ils ne sont pas opérationnels pour traiter une Aliya massive. De plus, les renseignements qu’ils donnent ne sont pas toujours justes, et il y a des lacunes dans ces informations », déplore Daphna Poznanski qui regrette la politique incohérence en matière d’Aliya de France. « Dernier exemple en date, d’un côté, on dit aux Français : “venez, vous êtes les bienvenus, on vous attend”, et la semaine dernière, Shaï Piron, le ministre israélien de l’Education a dit que le français ne bénéficiera plus du privilège de première langue en terminale, alors que c’est un privilège existant depuis la création de l’Etat d’Israël. Vincent Peillon, le ministre français de l’Education, lors de sa récente visite en Israël, a évoqué ce sujet. Piron a botté en touche sans répondre » fait-elle remarquer. Dans ce contexte, l’arrivée du lobby français à la Knesset qui se veut fédérateur est porteuse d’espoir. Son objectif premier est de prendre la température sur le terrain et de travailler en synergie avec tous les acteurs de la vie communautaire et associative (voir encadré).
A l’interface entre les olim et les administrations, les associations, elles, ont pour vocation de combler le vide en matière d’information et d’accompagnement. « Souvent les olim ne maîtrisent pas encore assez bien l’hébreu pour affronter les méandres de la bureaucratie israélienne », explique Elyahou qui a décidé de se consacrer à leur intégration. « Ils rencontrent des problèmes, mais ne connaissent pas toujours les solutions qui s’offrent eux et ne savent pas à quelle porte frapper », confirme Zana qui espère de nouveaux financements. Mais rien n’est moins sûr. L’Agence juive vient de couper dans les subventions d’une association comme « ConnecTLV », qui encadre et accompagne les nouveaux immigrés dans la Ville blanche et voit désormais son budget grevé de moitié. « Nous devons faire appel à des fonds privés et nous avons déjà dû supprimer un grand nombre d’activités », regrette Shaï Shenkman qui anime des soirées rencontres pour stimuler la pratique de l’hébreu des olim, leur propose des solutions logement et les aide à pénétrer le marché de l’emploi.
Les oubliés de l’Aliya
Le montant des fonds évoqués pour accueillir cette vague migratoire serait de 200 millions de shekels. Mais avec les restrictions budgétaires qui sévissent, on peut supposer que la somme finalement allouée par le ministère des finances sera inférieure certainement de moitié. Or, parmi les Juifs de France qui ont le plus besoin de faire leur aliya figurent en première ligne ceux qui n’ont pas les moyens de la faire. Ceux-là même qui, habitant les quartiers difficiles, sont les plus exposés à l’antisémitisme… « Des familles entières sont pénalisées », reconnaît Dina Cohen qui travaille aux côtés de Chetboun.
« L’Aliya française n’est pas encore considérée comme une “Aliya metsouka” (Aliya de détresse) comme l’ont été celles d’Europe de l’est, de Russie et d’Ethiopie qui prévoyaient d’intégrer des familles en difficulté », regrette-t-elle. « Même si tous les potentiels olim de France n’entrent pas dans cette catégorie il faut prendre conscience que cette Aliya metsouka existe. De plus en plus de juifs veulent « se sauver » de France. C’est nouveau, mais nous en sommes conscients. Nous ferons le maximum pour que cette prise de conscience soit concrétisée par des actes », affirme-t-elle.
C’est d’autant plus difficile pour les plus démunis de quitter l’Hexagone, qu’ils y bénéficient d’aides de toutes sortes, CAF, RSA, aides au logement et autres. « Ceux qui quittent le filet français de protection sociale ne le retrouvent pas ici contrairement à ce que certains veulent leur faire croire. Il ne faut pas réitérer les échecs passés », affirme Daphna Poznanski, avant d’enfoncer le clou : « On ne dit pas la vérité aux candidats à l’Aliya. C’est une grave erreur. Il ne faut pas leur raconter d’histoires. On est loin de la réalité. Il faut en particulier lever tous les obstacles à l’équivalence des diplômes. Quand j’étais députée, j’ai fait le siège des conseillers de Geneviève Fioraso, la ministre française de l’Enseignement supérieur afin d’organiser une visioconférence entre le Collectif franco-israélien et le Cabinet de la ministre. Les échanges ont permis de débloquer certains points, mais il reste encore beaucoup à faire.
Le problème du logement est tout aussi grave pour les olim que pour les Israéliens. Il est vrai que les Français ont fait monter les prix des appartements il y a une dizaine d’années en achetant sans discernement à n’importe quel prix. Mais les Juifs de France n’ont pas tous les moyens d’acheter un appartement en Israël » rappelle-t-elle. « N’oublions pas qu’Israël est le pays de l’OCDE où il y a le plus de pauvres. 20 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. On n’arrive pas à intégrer cette catégorie sociale en Israël, alors pourrons-nous parvenir à intégrer des Juifs de France qui ne seraient pas aisés ? » s’interroge encore Poznansky.
Pour autant les nouveaux arrivants ont aussi des efforts à faire. Il ne faut pas tout attendre des pouvoirs publics. Pour s’intégrer rapidement le marché de l’emploi, il est important de parler hébreu et c’est là souvent que le bât blesse.
Hors l’hébreu, point de salut
« Les nouveaux arrivants doivent être conscients que leur intégration passera par la langue. Sinon c’est le repli communautaire qui les attend », prévient Dina Cohen. « Les Français sont minoritaires dans notre association et c’est dommage », fait remarquer Shaï Shenkman de ConnecTLV, « mais ils n’ont pas toujours un bon niveau d’anglais pour pallier au fait qu’ils ne parlent pas encore hébreu, ce qui leur permettrait de se rapprocher d’Olim d’autres horizons et de s’intégrer quand même dans la société israélienne en attendant une plus grande maîtrise de la langue. Alors c’est le repli, » constate-t-il.
Dina Cohen met également en garde du danger qu’il y a pour les jeunes de se contenter de travailler dans des compagnies françaises. « Ça les maintient en marge de la société israélienne », fait-elle remarquer. « Bien sûr, au début, le cadre francophone leur permet de ne pas être trop dépaysés. Mais c’est à double tranchant ». Avi Zana partage cet avis, mais reconnaît que c’est une solution idéale pour les olim plus âgés qui n’ont plus d’autre choix que de rester des israélos-franco-français et qui peuvent ainsi gagner décemment leur vie, bien que cela représente parfois un sacrifice. « En France j’avais un emploi qualifié, un bon salaire et ici je n’ai pas d’autre choix que de travailler dans un call center », regrette Sylvie qui était juriste dans un prestigieux cabinet d’avocat. Ce n’est pas facile à assumer tous les jours, mais mes enfants seront 100 % israéliens, c’est ça qui compte », se console-t-elle.
« Ivrit daber ivrit (l’hébreu à tout prix), c’est fini », explique de son côté la linguiste et sociologue Myriam Ben Rafaël, co-auteure avec son mari Eliezer Ben Rafaël d’un ouvrage intitulé Sociologie et sociolinguistique des francophonies israéliennes. Elle rappelle que c’était le mot d’ordre qui régnait parmi les premiers pionniers épris d’un sionisme à tout crin. « Les premiers francophones rejetaient leur langue d’origine qui était déconsidérée, alors qu’aujourd’hui ils essayent de garder des liens avec la France. A Ramat Hasharon par exemple, on trouve des commerces répondant au nom de « Vitsec » (service de pressing) ou « Comme il faut » (prêt-à-porter), sans compter les slogans de bienvenue qui s’affichent en français dès l’aéroport », dit-elle. Preuve s’il en est d’un rayonnement plus grand de la langue de Molière, dû à la présence renforcée des Français en Israël.
Et les langues sont poreuses et dynamiques. Des mots, termes et expressions empruntées à l’une ou l’autre s’interpénètrent. Le français imprégné d’hébreu devient le franbreu, selon le couple savant. Quant à l’hébreu, il s’enrichit de vocables français qui s’hébraïsent. Les exemples ne manquent pas : chic devient « chiki » ou « chikit », les parvenus sont des « novorichim » etc. La professeure, passionnée par tous ces métissages linguistiques, conseille de se garder de tout formatage normatif. Ces fluctuations sont une richesse dont il ne faut pas avoir peur, dit-elle.
Retrouver l’esprit sioniste
Pour autant, le verbe menace de déstabiliser voire de cliver les générations. « Je ne reconnais plus ma fille », confie Myriam qui a fait son Aliya il y 8 ans, « elle parle hébreu sans accent, elle mange israélien, pense israélien. Hors de la maison, elle fait tout pour cacher ses origines françaises. Sa mentalité m’est complètement étrangère. Ce n’est pas facile à accepter… » Gommer ses origines d’olé est encore souvent le prix à payer pour ne pas avoir à subir de discriminations.
Qu’on le veuille ou non, une déferlante migratoire a de quoi effrayer les autochtones, quand elle débarque sur les rives de son eldorado. Et force est de constater que le regard des Israéliens sur les Hexagonaux n’est pas toujours bienveillant. Issus d’un pays riche, les Français attirent moins la sympathie et la compassion que d’autres groupes d’immigrants. Plus qu’à d’autres, les sabras aiment à leur rappeler avec une pointe d’ironie qu’Israël est avant tout une terre de pionniers…
Sans doute pour cette raison, certains olim disent subir un plafond de verre. La terre promise ne le serait pas pour tout le monde. Et la barrière de la langue ne serait qu’un prétexte à l’exclusion. La difficulté de s’intégrer tiendrait à un protectionnisme exercé par les Sabras sur leur pré carré et exigerait même de gagner ses galons auprès des olim vatikim assis sur leurs acquis chèrement payés. Mais comme le veut le dicton, il n’y a pas de fumée sans feu et les Français n’ont pas bonne réputation. Ils seraient râleurs et arrogants. « J’étais steward sur El Al », se souvient Ohad », « la ligne Paris-Tel-Aviv est la pire au monde. Dans notre jargon on l’appelle Paris-Hell à vivre », confie-t-il. (Paris-l’enfer à vivre).
Ces Français déracinés affrontent une réalité à laquelle ils ne s’attendaient pas. « On pensait venir retrouver des Juifs. On ne rencontre que des Israéliens, qui nous considèrent seulement comme des Français », se désole David. Le choc est rude. « C’est une mentalité qui ne fait pas de cadeau. Personne n’a de temps pour nous comprendre » se lamente Laura. Et pourtant, il leur faudra bien s’y faire, à cette mentalité israélienne. Au-delà des clichés, elle est surtout formatée par la dure réalité à laquelle le citoyen israélien est confronté. « L’Israélien n’a pas le temps d’être poli », fait remarquer Eliyahou, « s’il est rigide à l’extérieur, c’est pour avoir le dessus, c’est une tactique de déstabilisation. Il faut savoir la désamorcer et alors il est le plus serviable au monde ». Les Français sont trop habitués à l’Etat providence, nul doute qu’il leur faudra revoir leur copie. « Un juif n’a jamais le droit de dire du mal d’Israël », pointe encore Sarah. Des critiques qui sont sans doute à relativiser. « Regardez, on est en janvier, il fait beau et doux, où seriez-vous à Paris à cette heure-ci ? Dans le métro ? Avec votre petit sandwich casher caché dans votre sac », sourit Avi Zana histoire de remettre quelques pendules plaintives à l’heure israélienne.
Pour éviter la yerida (descente) à tout prix, peu médiatisée, mais bien réelle, il faudra devenir israélien. « Les Français sont un peu comme la femme de Lot. Ils font leur Aliya, mais regardent sans cesse en arrière. Les Russes ou les Juifs qui sont montés d’Ethiopie, par exemple, pas du tout. C’est peut-être une des raisons qui explique les difficultés d’intégration qu’ils rencontrent. La comparaison est souvent porteuse de frustrations », prévient encore Zana. « Devenir israélien, c’est se mettre dans la peau d’un Juif dans l’Etat juif », rappelle Elyahou. Soit se rappeler que l’Etat d’Israël existe grâce au sionisme et aux idéaux d’hommes et de femmes qui se sont battus pour sa création. « Ici, tout est difficile, nul ne nous a promis un chemin de roses. Du matin au soir, il faut se battre. Rien n’est jamais gagné d’avance. Pour éviter les regrets, il faut garder son idéal », conseille Daphna Poznanski. « Faire son Aliya, c’est mettre en œuvre son idéal ».
Etymologiquement parlant, l’Aliya correspond avant tout d’une élévation spirituelle. Et conformément à la Promesse, le reste devrait suivre. 
Pour plus de renseignements :
www.arriverenisrael.com
www.connecTLV.com
www.ami-israel.org