Juste après les Jeux olympiques

Ce sont des athlètes comme les autres, ou presque. Un corps légèrement différent mais un mental et une force de caractère hors du commun. Zoom sur ces Jeux paralympiques

paraoly;pique (photo credit: GPO)
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(photo credit: GPO)

Placés en second, souvent peu suivis, les Jeux paralympiques sont pourtantune compétition d’exception. Le 29 août à Londres a eu lieu la cérémonied’ouverture.

Peut être moins grandiose que celle des Jeux des valides, mais autantd’ambition était palpable chez les athlètes qui concourront jusqu’au 9septembre. La reine Elizabeth était à nouveau là pour les accueillir àl’occasion de la 14e édition.

Pour cette édition 2012, il s’agit des plus gros Jeux paralympiques organisésdepuis les tout premiers de Rome, en 1960. Les athlètes handicapés n’étaientalors que 400 pour représenter 23 pays. Cette année ils sont 10 fois plus : 4280 athlètes sont en lice, de 164 nationalités différentes. Et ce n’est passeulement le nombre de participants qui a augmenté mais également celui desspectateurs.

Sur 2,5 millions de places disponibles, 2,4 millions ont été vendues. Unepremière. D’après l’Organisation olympique et paralympique, plus de 50 % desbillets sont partis pour 10 livres (un peu moins de 64 shekels).

La capitale britannique a depuis toujours un lien fort avec les paralympiques. L’idéede créer une compétition réservée aux personnes à mobilité réduite a germé lorsdes Jeux de Londres de 1948. A l’époque, le neurologue allemand Ludwig Guttmannavait ouvert un centre pour les soldats de la Seconde Guerre mondiale blessés àla colonne vertébrale à Stoke Mandeville en Angleterre. Il avait pourl’occasion organisé des jeux pour ses patients handicapés. La première éditionofficielle des paralympiques se tiendra à Rome en 1960.

2012 est une année particulière pour de nombreuses raisons : depuis les Jeuxparalympiques d’été de 2000, les déficients mentaux peuvent de nouveauparticiper. Ils concourent en natation, athlétisme et tennis de table. De plus,de nombreux pays inaugurent leur première participation : Liberia, Mozambique,Corée du Nord...

Champions en natation

Pour Israël, ces jeux sont un rendez-vous de longue date. Depuis lapremière édition, l’Etat hébreu a remporté pas moins de 300 médailles, dont 113en or. C’est lors des jeux de 1976 qu’Israël a remporté le plus de médailles :69 dont 40 d’or.

Le 29 août, la délégation israélienne s’est présentée avec 25 athlètes. 18hommes et sept femmes, dont une partie d’anciens soldats. Leur objectif : faireau moins aussi bien qu’aux Jeux de Pékin, il y a quatre ans où six médailles -cinq d’argent et une de bronze - avaient été empochées.

Cette année, la nageuse Inbal Pezaro porte les espoirs de sa délégation sur sesépaules. La jeune femme de 25 ans a déjà à son actif cinq titres olympiques :une médaille de bronze et une d’argent à Athènes en 2004, puis trois d’argent àPékin. Depuis le début des Jeux 2012, elle a prouvé à ceux qui croyaient enelle qu’ils avaient raison. Dès le premier jour de la compétition, elle adécroché le bronze sur le 50 mètres nage libre. Puis elle a complété sonexploit par une seconde médaille, en bronze également, pour le 200 mètres nagelibre. Pezaro doit encore participer à deux courses les 4 et 8 septembreprochain.

Pour l’heure, une troisième médaille de bronze vient s’ajouter au palmarèsisraélien. Celle du nageur controversé Itzhak Mamistalov, au 200 mètres nagelibre. Pourtant rien n’assurait à cet athlète, qui souffre d’une paralysiecérébrale de naissance, de pouvoir participer aux Jeux de Londres. En juillet2010, il avait été jugé pour homicide involontaire après avoir perdu lecontrôle de son véhicule, en août 2008, et heurté un arrêt de bus. Le bilanétait lourd : deux morts et de nombreux blessés. Mamistalov a été condamné à400 heures de travaux d’intérêt général. Suite à l’accident, celui qui avaitremporté trois médailles en 2004 est suspendu de la délégation israélienne audépart pour Pékin. Sa participation aux Jeux de Londres a été fortementcritiquée par les familles des victimes.

Les autres athlètes israéliens s’illustreront les jours à venir en tennis detable, équitation, tennis, navigation, aviron, marathon, tir, ou encorecyclisme. De nombreuses perspectives de médailles à l’horizon.


Une leçon de courage

Gruberg s’entraîne à Tel-Aviv dans le parc Ganei Yehoshoua. A la force desbras !

Par Abigail Klein Leichman 

www.israel21c.org

Les technologies actuelles permettent de faire de grandes choses. Même unhomme brisé par deux accidents peut devenir un athlète. Jusqu’à cette chute demoto qui l’a handicapé à vie en 1999, l’équipement technologique de NatiGruberg se résumait à un canapé et à un ventre bedonnant. Cette année, il estl’un des trois Israéliens en cyclisme handisport à se rendre aux Jeuxparalympiques de Londres. Il est facile de distinguer Gruberg des autrescyclistes sur la piste au parc Ganei Yehoshoua de Tel-Aviv : ses jambes auxpieds nus croisés sous son tronc, il s’aide de la seule puissance musculaire deses bras pour faire avancer son vélo à propulsion manuelle allemand, fait sur mesure.

Il était perplexe lorsqu’un représentant d’Etgarim (défis en hébreu),organisation à but non lucratif créée en 1995 par les vétérans handicapés deTsahal et les experts en rééducation, lui a rendu visite à l’hôpital. Pour luiproposer de faire du vélo. Les jambes de Gruberg étaient dans un sale état : ila subi 13 opérations sur deux ans et demi.

Mais quand il a compris que le volontaire parlait de vélo à propulsionmanuelle, il a été intrigué. Il a rapidement acheté son propre matériel et ajeté son dévolu sur le marathon de New York, “ pas pour gagner, mais pour lefaire en entier et voir comment ça se passe”. Il a pris un coach, Eren Caspi,qui lui a conseillé de se procurer un “vélo de bonne qualité” et de commencerl’entraînement. Un de ses premiers objectifs : perdre du poids, et atteindreles 90 kg.

“Après trois mois, je suis arrivé second en Israël, et mon coach m’a ditqu’avant le marathon, je devais me confronter à d’autres personnes à travers lemonde”, note Gruberg.

L’athlète participe ainsi au contre la montre de la fédération européenne decyclisme handisport en Tchécoslovaquie, décrochant la sixième place. Il gagnealors son ticket pour Pékin : le seul Israélien dans cette catégorie àparticiper aux Jeux paralympiques de 2008. Mais coup du sort : la veille de lacompétition, il se retrouve à l’hôpital, une épaule et des côtes cassées aprèsavoir été renversé par une voiture de police.

Pour lui et pour son pays “La seule chose qui m’importait n’était pas ladouleur, mais ce que je faisais encore une fois subir à ma famille”, serappelle-t-il. Lui et sa femme, Yaffit, ont trois enfants, Paz, 15 ans, Ofri 11ans et Ido, 9 ans. “Au bout de deux semaines, nous sommes rentrés en Israël. Quelquesjours plus tard, Yaffit m’a offert un cadeau. Je n’ai pu retenir mes larmes,elle m’avait acheté un vélo Elmet. Celui que j’avais emporté à Pékin avait étécassé dans l’accident”.

“Elle m’a simplement dit : tu n’es pas obligé de faire de la compétition, maistu dois remonter sur un vélo’. A l’instant même, nous sommes sortis pendant 20minutes. Je suis rentré avec un sourire jusqu’aux oreilles. Evidemment, desblessures s’étaient ouvertes de nouveau, mais je m’en fichais.” Avec le soutiende toute sa famille, Gruberg reprend avec hésitation la compétition en 2009. “Lecomité paralympique m’a demandé de finir au moins huitième aux championnatsd’Israël pour rester dans l’équipe. Je l’ai fait”, rapporte-t-il fièrement

Aujourd’hui numéro 1 d’Israël en vélo à main, Gruberg donne des conférences. “J’expliquecomment sortir d’une période difficile et rester positif. Je ne suis pas unexpert. Je raconte ma propre histoire et les auditeurs en font ce qu’ilsveulent”, explique-t-il.

A Londres, aux côtés de Gruberg : les cyclistes handisport Pascale Berkowitz etKoby Leon. Chacun court dans une catégorie différente en fonction de la gravitéde son handicap.

Gruberg, dans la catégorie des moins touchés, affrontera une dizaine d’autrescandidats. “A la minute où je n’aimerais plus cela, j’arrêterais, même si c’estla veille des Jeux olympiques. Je fais cela pour moi et si je me sens mal, jene le ferais plus”. Il le fait également pour son pays. “En tant que championisraélien, je cours avec le drapeau de ma nation sur mon maillot et sur monsac”, pointe Gruberg, qui vit au moshav Kfar Bin-Noun près de Latroun. “Je suisvraiment très fier d’avoir une place où je peux représenter Israël avec tantd’honneur. C’est une des choses qui me pousse, je veux que tout le monde puissevoir que nous sommes ici, et que nous sommes bons”.


De tous les Jeux

Oscar Pistorius. Ce jeune homme de 25 ans est le premier athlète àparticiper à la fois aux Jeux olympiques des valides et aux Jeux paralympiques.Le Sud-Africain amputé des jambes possède des prothèses en fibre carbone. Lorsdes JO en août dernier, le coureur avait atteint les demi-finales du 400mètres. Il possède déjà 4 médailles d’or aux Jeux paralympiques, obtenues àAthènes en 2004 et Pékin quatre ans plus tard.