La Formule 1 pour la paix

Les 13-14 juin prochains, Jérusalem ouvre ses rues aux pilotes de course automobile de F1.

P23 JFR 370 (photo credit: Noam Finer)
P23 JFR 370
(photo credit: Noam Finer)

Avec, à son actif, 231 courses de Formule 1 en 14 ans, dont3 victoires et 19 podiums, on peut se demander ce qui est encore susceptible desurprendre Giancarlo Fisichella.
Eh bien, ce coureur automobile italien de 40 ans, dont la dernière course de F1remonte à 4 ans, semble vraiment ravi d’être au volant d’une Ferrari dans lesrues de Jérusalem, cette semaine, dans le cadre d’un événement présenté commele « Jerusalem Peace Road Show », ou la tournée pour la paix de Jérusalem.
Les 13 et 14 juin, jusqu’à 100 000 spectateurs sont attendus pour regarder lesbolides défiler le long du parcours de 2,400 kilomètres, qui passera au pieddes murailles de la Vieille Ville, parmi d’autres sites de la capitale.
Parmi les participants, Fisichella, au volant de sa Ferrari rouge, exposée aupréalable au regard des curieux du 9 au 13 juin, en marge d’un spectacle demoto Superbike également prévu, entre autres activités.
« Je suis vraiment impatient de conduire une voiture de F1 à Jérusalem »,déclare-t-il. « Je n’étais pas là en mars, pour le lancement de l’événement,mais je suis sûr que ce sera un grand succès public ».
En accueillant cet événement promotionnel de Formule 1, Jérusalem rejoint ainsile club privé de villes comme Moscou, Rotterdam, Doha ou Rio de Janeiro, etpermettra aux fans israéliens de voir une voiture F1 en action en Israël. Biensûr, même s’il ne s’agit pas d’une course homologuée, mais seulement d’uncircuit de présentation.
« J’ai participé plusieurs fois à des événements similaires dans des endroitsinhabituels, comme Moscou, juste en face du Kremlin », note Fisichella, « C’estune expérience fascinante que j’apprécie particulièrement parce que vousconduisez une voiture de F1 très près des fans, sans toutefois connaître lapression que vous subissez généralement lors des courses de fin de semaine. »Ce pilote chevronné est bien conscient de la chance qui lui est offerte « deconduire une voiture de Formule 1 dans les rues d’une ville aussi fascinante etpleine d’histoire que Jérusalem. Je suis sûr que l’événement va attirer unemultitude de spectateurs le long de la piste – un véritable circuit qui vaarpenter les collines de la capitale. » 
Le sport, vecteur pacificateur 
Ce sontles organisateurs de l’événement, dirigé par la municipalité de Jérusalem, quiont décidé du nom de Tournée de la paix, que certains peuvent considérer commeprétentieux. Mais pas Fisichella, qui espère au contraire que l’initiativepourra aider à créer une meilleure compréhension entre juifs et musulmans.
« Importer le sport automobile et la Formule 1 dans la région peut aider àrapprocher tous ceux qui se retrouveront dans leur envie de venir découvrir deprès bolides et pilotes », pense-t-il. « Je ne peux que partager les mots quele maire Nir Barkat a prononcés à l’occasion du lancement de l’événement :“Jérusalem est une ville ouverte à tous, et il est important d’envoyer unmessage de paix, dénué de toute signification politique. Nous espérons voir lesjuifs et musulmans se tenir côte à côte pour assister à la plus belleprésentation de sport automobile de proximité” ». Et Barkat, candidat à saréélection lors des municipales prévues à l’automne 2013, d’ajouter qu’ils’agit là d’un « événement historique » qui contribuera à la croissance de lacapitale.
« Ce sera bénéfique pour l’économie, le tourisme et la promotion de la villepartout dans le monde », a ainsi noté le maire. « Certes, Jérusalem peuts’enorgueillir de 5 000 ans d’histoire, mais elle ne peut et ne doit pas resterstatique. Au contraire, elle doit embrasser le monde moderne. » L’événement estcoproduit par la municipalité et la société Kaspersky Lab, multinationale enmatière de sécurité informatique, qui est également un des principaux sponsorsde Ferrari. « J’espère que ce projet unique constituera un début brillant pourouvrir un nouveau chapitre dans l’histoire de la course automobile », a ainsifait savoir le P.-D.G. de la compagnie, Eugene Kaspersky.
Vers un Grand Prix de F1 en Israël ? 
Les sports mécaniques sont parmi lesévénements les plus populaires à travers le monde. A elle seule, la F1 affichedes revenus estimés à quelque 2 milliards de dollars par an. Mais Israël alongtemps résisté à la tenue de courses professionnelles dans le pays.
Ce n’est qu’en 2011 que le ministère de la Culture et du Sport a légalisé lescourses de vitesse. Depuis, ces deux dernières années Eilat s’est fait l’hôted’une course de Formule 3, le temps d’un week-end et le long d’un circuit de1,500 km.
Et avec le lancement de la course hiérosolomytaine, Fisichella voit l’espoird’accroître encore plus la popularité de son sport dans le pays. « Desévénements comme celui-ci sont essentiels pour mieux faire connaître notrediscipline », assure l’Italien.
« D’autant plus, qu’ici nous aurons la chance d’effectuer un véritable tour, aulieu de la traditionnelle course linéaire, généralement de rigueur lorsd’occasions comme celles-là. » Quant à savoir si Israël pourrait un jouraccueillir une véritable compétition de F1, il reste sceptique. Compte tenu desfrais de construction d’une piste et de la nature instable de la région, latenue d’un Grand Prix de F1 en Terre promise, même dans un avenir lointain,semble aussi improbable que le fait de voir l’équipe nationale de footballremporter la Coupe du Monde (pour laquelle il n’a même pas été qualifié depuis1970). « Il existe déjà près de 20 courses à travers le monde », poursuit-il, «et j’ai entendu dire que plusieurs pays font actuellement pression pour êtreinclus dans le circuit ces prochaines années, ce qui laisse peu de chances àIsraël à court/moyen terme. Mais il ne faut jamais dire jamais. »