La gloire de Montefiore

Yemin Moshé : un centre pour les artistes, les écrivains et les expatriés, attirés par l’architecture et l’histoire du quartier de la capitale

montefiore (photo credit: Reuters)
montefiore
(photo credit: Reuters)

Yemin Moshé a hérité son nom de Sir Moses Montefiore, l’undes plus célèbres et des plus influents Juifs du 19e siècle.

S’il est un pilier de l’institution commerciale et financière britannique deson époque, Montefiore est également un philanthrope des plus généreux. Il faitdon de sommes d’argent considérables à la cause juive. Sir Moses s’est renduplusieurs fois en Palestine,tout au long de son existence, où il a soutenu financièrement différentsprojets juifs. Parmi eux : l’achat du terrain où Yemin Moshé se tientaujourd’hui.
Le quartier a été l’un des premiers à être construits en dehors de l’enceintede la Vieille Ville. Il offre une vue imposante sur les murailles hérodienneset le montSion.
Les premières habitations, un complexe de 28 appartements très modestes d’unechambre et demie, ont vu le jour en 1860.
Au cours de la première moitié du 19e siècle, le banditisme est assez répanduen Palestine.Vivre en dehors de la sécurité des murs de la Vieille Ville implique dès lorsquelques dangers. Pour convaincre les Juifs de la Vieille Ville de quitter lecocon protecteur que constituent les murailles, Yemin Moshé doit rapidements’entourer d’un haut mur et d’une porte solide, fermée à clé la nuit. Cettepremière enceinte est connue sous le nom de Mishkenot Shaananim.
Jusqu’à aujourd’hui, les deux noms sont encore utilisés pour désigner lequartier.
Outre ses 28 premiers appartements, le complexe est doté d’une citerne d’eauavec pompe en fer, importée de Grande Bretagne,une grande nouveauté à Jérusalem à l’époque, d’un four commun et d’un mikvé.
Mais en dépit du bas prix des appartements, le quartier ne séduit pas lesfoules.
La majorité des habitants craignaient de vivre en dehors des remparts de laVieille Ville, aux portes closes dès le coucher du soleil et gardées par desTurcs. La situation évolue toutefois en 1866. Une épidémie de choléra éclatealors dans la Vieille Ville.
Certains habitants s’installent à Yemin Moshé mais refusent toujours d’y resterla nuit, par crainte des maraudeurs. Cette même année, la situation sécuritairedes alentours s’améliore et les peurs s’estompent.
C’est “l’envol” du quartier.
De l’eau au moulin de Yemin Moshé

Yemin Moshé est facilement reconnaissablegrâce à son large moulin, nommé Montefiore. Mais faute de vents forts dans larégion, la structure - idée pourtant prometteuse à l’époque - n’a jamaisfonctionné.

Pendant la guerre d’Indépendance, le quartier a traversé des temps difficiles.
Yemin Moshé est alors encerclé par l’ennemi des mois entiers, tout au long de1948. Même après le cessez-le-feu avec la Jordanie, la zone est trop près de laligne de cessez-le-feu pour assurer des conditions sécuritaires optimales.Pendant les 19 années qui suivent, jusqu’à la guerre des Six-Jours, le site estcomplètement déserté. Puis à l’issue du conflit de 1967, Jérusalem est réunieet la partie historique de Yemin Moshé est considérablement rénovée.
Ces dix dernières années, Yemin Moshé est devenu le point de rendez-vous desartistes, écrivains et expatriés, attirés par l’exceptionnelle architecture etl’histoire du quartier. Jardins somptueux, allées pavées et vues urbaines àcouper le souffle renforcent la puissance d’attraction de ce petit coin de lacapitale.
L’architecture esthétique des constructions n’a quasiment pas évolué depuis letournant du siècle. Des codes très stricts ont été imposés : des règlesarchitecturales détaillées, de même que des permis sont indispensables pourentreprendre des travaux de rénovation. Le but : préserver le caractère uniquede son histoire et de son architecture.
Désormais implantés dans un quartier chic, les appartements de Yemin Moshé sontparmi les plus chers sur le marché de l’immobilier de la capitale. Lapopulation a changé, et les anciens résidents pauvres et pieux de la VieilleVille ont laissé place aux couches les plus aisées de Jérusalem.
Parmi elles, un pourcentage important de propriétaires étrangers, sous forme derésidents permanents ou temporaires. “Les acheteurs, à Yemin Moshé,représentent un groupe unique”, commente ainsi l’agent immobilier AlyssaFriedland, propriétaire et manager de RE/MAX Vision à Jérusalem.
“Ils recherchent quelque chose de spécial, un morceau historique de Jérusalem.Ils sont prêts à mettre le prix”.
Et à subir certains inconvénients.
Rénover une maison sur place est un cauchemar dû au renforcement des règles deconstruction. Les habitants ne voient pas pour autant d’objection à s’ysoumettre. Et, notamment, à accepter la caractéristique piétonne de la zone quiles contraint à garer leurs véhicules sur des parkings excentrés et à rallierleur domicile à pied. Car vivre dans l’un des quartiers historiques les plusbeaux de Jérusalem est un symbole en soi. Et la vue sur les murs de la VieilleVille est hors pair.

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                                               Des prix hors normes
Les prix à Yemin Moshé commencent à10 000 dollars/mètre carré, et peuvent atteindre 15 000 dollars/mètre carrépour une habitation rénovée.

Dans la mesure où le parc est restreint - une centaine d’habitations en moyennepour l’ensemble du quartier - la demande est très forte. Quand une propriétéfait surface sur le marché, elle est immédiatement prise d’assaut par nombred’acheteurs. Quel que soit le prix. Si vous souhaitez faire partie desprivilégiés qui ont la chance de vivre dans ce quartier prisé, il vous faudraprendre votre mal en patience.