La lutte d’une “minute de silence pour 11 vies volées”

Pour l’heure, le Comité international olympique se refuse à toute minute de silence, à la mémoire des 11 Israéliens morts lors des JO de Munich en 1972. Mais certains espèrent pourtant changer la donne

JO (photo credit: Youtube)
JO
(photo credit: Youtube)

La veuve du coach d’escrimeassassiné aux Jeux olympiques de Munich continue d’espérer. Ce qu’elle souhaite: voir une minute de silence observée cette année lors des Jeux olympiques deLondres, pour commémorer les athlètes israéliens assassinés par desterroristes. Son mari, André Spitzer, avait été pris en otage et tué lors d’unéchange de tirs entre forces de l’ordre allemandes et terroristes palestiniensà Munich.

Aujourd’hui, Ankie Spitzer aimerait que le Comité international olympique(CIO) revienne sur sa décision de ne pas mentionner son mari et les 10 autresvictimes israéliennes, lors la cérémonie d’ouverture du 27 juillet, à Londres.“Cela fait 40 ans que nous demandons au CIO d’honorer la mémoire de nos pères,maris et fils. Il y a toujours toutes sortes d’excuses boiteuses. Mais IlanaRomano (veuve de l’haltérophile Yossef Romano) et moi-même, travaillons durpour une cérémonie commémorative”. Et d’ajouter : “Nous avons encore jusqu’au27 juillet !” Les pressions internationales s’intensifient sur le CIO, pourcommémorer les victimes de l’attaque terroriste du groupe Septembre noir.

Israël, l’Australie, la Belgique, le Canada, les Etats-Unis, l’Allemagne,l’Italie et le Conseil municipal de Londres ont officiellement appelé le CIO àaccepter une minute de silence. Mais ce dernier juge le geste inapproprié. Motif? La crainte d’une réaction violence de quelques anti- Israéliens, quipourraient interpréter une telle minute de silence comme un geste politique, etjustifie le rejet.

Aux JO et au Sénat

En France aussi on peut noter certaines initiatives. Comme celle deJonathan Curiel et Michael Marciano, maire adjoint de Massy, qui ont adresséune lettre au président de la République, François Hollande, pour l’appeler àprendre position : “‘Une minute donnée pour onze vies volées’ n’est pas,Monsieur le Président, une requête démesurée pour dire NON à la terreur, NON auracisme et NON à l’antisémitisme.”

Ensemble, ils sont allés chercher le soutien d’hommes politiques français de tousbords. Les témoignages sont compilés dans une vidéo disponible sur YouTube.Parmi les soutiens, celui de Claude Goasguen, député-maire du 16earrondissement de Paris, qui, dans une intervention, a appelé le ministère desAffaires étrangères à se joindre “à cette initiative, car observer une minutede silence à la mémoire des athlètes israéliens symbolisera un gestehumanitaire et portera le message que la violence et le terrorisme sont incompatiblesavec l’idéal olympique.”

Michal Shahar Chor est la fille de Kehat Shor, l’entraîneur de la sélectionisraélienne de tir à l’arc en 1972. Une des victimes assassinées. Michal atémoigné pour la mobilisation française en faveur “d’une minute de silence pour11 vies volées”. Elle appelle à la mémoire des athlètes, 40 ans après le drame.

De leur côté, les sénateurs du groupe de l’Union centriste et républicaine etmembres du groupe interparlementaire France-Israël, Vincent Delahaye, HervéMarseille et Hervé Maurey, ont également adressé une lettre à Jean-Pierre Plancade,sénateur de la Haute Garonne et président du groupe France-Israël. Objectif :obtenir une minute de silence aux Jeux olympiques, mais également au Sénat.

Les deux chambres ont reçu le message. Pour l’heure, Jonathan Curiel etMichael Marciano sont dans l’attente d’un positionnement officiel du présidentfrançais et du gouvernement.

Jusqu’ici, toutes les cérémonies commémoratives s’étaient tenues en marge desarènes olympiques, à Athènes en 2004 et Beijing en 2008. A l’initiative du seulComité olympique israélien. Les femmes des victimes avaient d’ailleurs regrettéque les commémorations aient eu lieu à l’ambassade israélienne d’Athènes,plutôt qu’au village olympique. “Les assassinés n’étaient pas des touristesaccidentels”.

Elles font également remarquer que des sportifs décédés ont bel et bien reçudes hommages officiels lors de certaines cérémonies d’ouverture. Et de rappelerla minute de silence aux Jeux d’Hiver de Vancouver en 2010, en l’honneur dulugeur géorgien Nodar Kumariatashvili. Mort lors d’un accident d’entraînement.

Ce qui conforte Spitzer dans sa conviction : la position du CIO relève de ladiscrimination. “C’est parce que les athlètes venaient d’Israël et étaientjuifs, qu’on ne les honore pas”, affirme-t-elle.