La survie d’un enfant parmi les loups

L’histoire d’un enfant juif qui, suite à l’invasion des nazis en Pologne, s’enfuit du ghetto de Bialystok, et vécut plus de trois ans dans la forêt

P22 JFR 370 (photo credit: screenshot)
P22 JFR 370
(photo credit: screenshot)

Bialystok est une ville polonaise située dans le nord-est du pays, à 188 kilomètres de Varsovie. Tout au long de son histoire, la ville sera sous contrôle de divers pays. Elle est prussienne en 1795, puis annexée par la Russie en 1807, pour être incorporée à la Pologne en 1921. Le 15 septembre 1939, la ville est prise par la Wehrmacht. Suite à l’invasion de la Pologne de l’est par les Soviétiques le 17 septembre, une partie de la région est occupée par les Russes en vertu du pacte Ribbentrop-Molotov. Le 22 septembre, les Allemands évacuent la ville.

Le 27 juin 1941, Bialystok est réoccupée par la Wehrmacht, alors que les Juifs constituent environ 60 000 personnes, soit plus de 50 % de la population. Le vendredi 27 juin, surnommé le « vendredi Rouge », les Allemands massacrent les Juifs dans les rues et les maisons. Au moins 700 Juifs sont enfermés dans la synagogue, qui est incendiée. En ce premier jour, 2 000 à 2 200 Juifs sont exterminés. Dans les deux premières semaines de l’occupation allemande, plus de 4 000 Juifs sont assassinés.

Le 1er août 1941 marque la création du ghetto, qui est entouré d’une barrière en bois et d’une clôture de barbelés. L’espace est totalement insuffisant pour le nombre d’habitants, et deux ou trois familles s’entassent souvent dans une seule pièce. Une série d’ordonnances oblige les Juifs à se faire enregistrer, à porter l’étoile jaune et à se soumettre à toutes sortes de vexations et de discriminations, avec évidement l’interdiction d’étudier, de travailler, et de pratiquer le judaïsme sous toutes ses formes. Tous les Juifs âgés de 15 à 65 ans sont soumis au travail obligatoire. De juillet 1943 au 19 août 1943, des résistants mal armés et en petit nombre se battent avec l’énergie du désespoir. La résistance du ghetto de Bialystok fut aussi héroïque que celle de Varsovie, mais moins connue. Entre 300 et 400 Juifs de Bialystok survivent à la guerre. Certains sont chez les partisans, d’autre dans les camps et enfin, quelques-uns dans la forêt. Tout comme Michka, le héros du livre.

Ce qui a le plus frappé l’auteure dans ses confessions, sont ces quelques mois passés avec les loups. Elle a toujours en tête le livre Survivre avec les loups, de Misha Defonseca. Or cette publication a débouché sur un énorme scandale quand il s’est avéré que la narratrice avait tout inventé, et surtout qu’elle n’avait pas été persécutée en temps que juive durant la Shoah. Pour moi, c’était surtout le reste de l’histoire qui m’a fait douter. Thérèse Zrihen-Dvir écoute sur la radio Galei Tsahal des reportages de Juifs de Russie et de Pologne ayant vécu dans la forêt pendant la Shoah, et leurs rencontres avec les loups. Elle décide de faire des recherches, et de nous transmettre l’histoire de Michka. Ce petit garçon a survécu, mais tous ses repères ont disparu. De la mémoire de son enfance, de son père et de sa mère, de son frère, sa sœur, il ne lui reste plus rien. A cause des coups, de la faim, de la soif, du froid, de ce qu’il a dû endurer… son témoignage est bouleversant et tellement véridique que l’on y croit. Pour moi le plus intéressant, ce ne sont pas les loups, mais le reste de son histoire. Sa fuite du ghetto, la culpabilité d’avoir laissé les siens, ses rencontres, sa vision de petit garçon face à une guerre cruelle durant laquelle on était assassiné parce qu’on était nés juifs. A la fin du livre, j’apprends que Mishka a écrit ses mémoires. J’aurais préféré les lire plutôt que de parcourir Les Confessions de Michka. J’y aurais ressenti obligatoirement plus d’émotions. Défi que n’a pas relevé l’auteure. Dommage. Car dans le destin de Michka, c’est le destin de plusieurs milliers d’enfants juifs pourchassés par les nazis, les Russes, et les Polonais dont il est question. Michka habite en Israël, et continue de rechercher ses souvenirs en racontant l’irracontable.

 

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