La traque du Hezbollah

Le Jerusalem Post participe à l’entraînement d'un bataillon de combattants au sein de Tsahal, dans la perspective d’une confrontation avec le Liban.

P13 JFR 370 (photo credit: Yaacov Laapin)
P13 JFR 370
(photo credit: Yaacov Laapin)

Maîtres incontestés du sud Liban, les miliciens du Hezbollah, envêtements civils, qui se préparent à la prochaine guerre avec Israël,brouillent les pistes en planquant des armes lourdes et des roquettes dans les maisonsde villages libanais. Mais leurs faits et gestes sont surveillés de près parles soldats de Shahaf (qui signifie mouette) : un bataillon de combat del’armée israélienne, basé sur la frontière nord, et spécialisé dans la collectede renseignement.

Ce bataillon, le second en taille de l’armée israélienne, vient d’achever débutjuillet en Haute-Galilée, un entraînement exténuant de cinq semaines,spécialement mis au point pour préparer les soldats à faire face à toutes leséventualités. Continuellement investi de missions secrètes, Shahaf élargit laliste des cibles de l’armée israélienne, qui seront dans le viseur dès laprochaine déclaration de guerre.
Une fois que les hostilités éclateront, le bataillon fournira en temps réel unrapport au plus juste de tout nouveau développement sur le terrain, ce quipermettra à Tsahal d’ajuster sa puissance de feu sur les positions ennemies,avec la plus grande précision.
Le Jerusalem Post a rejoint les rangs de ce bataillon, aux côtés dulieutenant-colonel Yiftah Siboni, commandant du bataillon, au cours de ladernière phase de l’exercice sur les collines de Galilée. « Nous surveillons leHezbollah et mettons à jour la liste des cibles à détruire. Tenir cette liste àjour au fur et à mesure que de nouvelles cibles sont détectées, est au centrede nos activités. Nous sommes des chasseurs, pas des pêcheurs. On n’attend pasque ça morde, on recherche les cibles », fait remarquer Siboni, en traversantune forêt très dense.
Les soldats du bataillon viennent de terminer une marche nocturne de 15 km surun terrain accidenté et montagneux, transportant 40 kg de matériel sur le dos.Avec ce genre de topographie, il faut 2 heures pour parcourir 2 km, au lieu des20 minutes standard.
80 000 roquettes pointées sur Israël 
Mais les membres de Shahaf ne secontentent pas de localiser des cibles. Pendant les hostilités, ils devrontaussi transmettre les positions ennemies avec précision, en temps réel, à la91e division basée en Galilée. C’est elle qui coordonne les missions despremières lignes en cas d’hostilités avec le Hezbollah. « En période deconflit, nous pouvons ouvrir le feu sur des cibles quelques minutes à peineaprès les avoir identifiées. Sinon, leur position est répercutée aurenseignement militaire », explique Siboni.
La collecte de renseignements sur le terrain est un défi de taille, vu que lesmembres du Hezbollah sont déguisés en civils, et que les installations del’organisation terroriste souvent dispersées au beau milieu de zones civiles. «Nous observons leurs mouvements sur tout l’ensemble du secteur, à partir de lafrontière », précise Siboni. L’information, soigneusement recueillie par lebataillon, est transmise à tout un panel de forces militaires, à même de ciblerces objectifs précisément, chars, artillerie et hélicoptères de combat.
Le Hezbollah dispose de quelque 80 000 roquettes, pointées sur Israël, laplupart d’entre elles situées dans les villages chiites du sud du Liban. Lesdonnées recueillies par le bataillon aujourd’hui seront cruciales en casconfrontation potentielle future. Au cours des missions de surveillance deroutine, les soldats travaillent avec discrétion à la mise en placed’avant-postes, soigneusement camouflés. Ils peuvent rester en planque deux àtrois jours d’affilée, et passer de nombreuses heures sur le terrain chaquesemaine. Ils sont soutenus dans leurs efforts par des opérateurs quisurveillent le flux d’images vidéo, provenant de caméras télécommandéesparsemées le long de la frontière.
Prendre des décisions rapides 
Le bataillon dispose d’engins de repérage,appelés « ratons laveurs », des véhicules de reconnaissance, équipés decapteurs avancés. Invisible même de près, une unité de combattants accroupis àl’ombre d’un grand pin, simule une mission en temps de guerre. Chaque soldatest doté d’une carte, tandis qu’un autre est aux commandes d’un dispositif quiles relie à un système de contrôle et de commandement appelé « armée de terrenumérique ».
Ce système de haute technologie permet à tous les niveaux de commandement del’armée israélienne de voir la position des cellules ennemies, ainsi quel’emplacement des unités de Tsahal, dans un secteur donné. « Là, ils sontjustement en train de déterminer quelles seraient des cibles potentielles »,explique Siboni, insistant sur la spécificité de la mission du bataillon.
Sur le terrain jour et nuit, quelles que soient les conditions météorologiques,les soldats doivent prendre des décisions rapides sur la valeur durenseignement glané, et déboucher pendant le combat, sur un tir d’obus à partird’un char ou un tir de missile depuis un hélicoptère, si les soldats ont concluque la cible constitue une menace immédiate.
Comme ils sont amenés à évoluer en terrain sensible, les soldats doivents’attendre à pouvoir être pris eux-mêmes sous le feu ennemi. Ce risque augmentesi le bataillon se joint à l’armée israélienne à l’occasion d’une manœuvre ausol à l’intérieur du Liban. C’est la raison pour laquelle, au cours desdernières semaines d’exercice, les soldats s’entraînent à balles réelles dansdes espaces ouverts et en environnement urbain. D’autres exercices entraînent àla conduite tout terrain de jeeps avec pour objectif d’atteindre un lieu en 30minutes, afin de conserver une mobilité maximale. « L’équipe de combat doitavoir une connaissance holistique de toute la division et anticiper ce dont lecommandant de brigade a besoin de savoir pour gagner la bataille, et quelterritoire a besoin d’être couvert ». Ils doivent être aguerris à la façon laplus adéquate d’évaluer une situation et d’en rendre compte à leur commandementsupérieur », explique Siboni. Au cours de l’exercice, des soldats appartenantau corps des blindés, jouent le rôle de miliciens du Hezbollah quichercheraient à débusquer les combattants de l’unité de renseignement. Lessoldats ont pour objectif de « neutraliser » l’ennemi et poursuivre leurmission.
Faire son devoir 
Le sergent Yotam Wolf, chef de l’unité de combat, en cachesous l’arbre, décrit l’exercice en cours : « en ce moment nous identifionsl’ennemi sur le terrain. Nous créons une liste de cibles pour le commandant dela division. Dès que nous identifions quelque chose, nous faisons directementsuivre l’information. Nous devons nous assurer que nous ne ciblons pas unvéhicule de l’ONU ou des non-combattants. » Une fois une cible ennemie repérée,l’équipe va vérifier qu’elle est bien atteinte par l’armée israélienne ets’assurer du succès de l’opération. « Nous classons les cibles par genre :s’agit-il d’installations de stockage d’armes ou de postes d’observation ? Quefaire ? Faut-il procéder à une surveillance plus serrée ? Si nous apercevonsune faction ennemie armée, avons-nous affaire à une escalade de la situation ?», ajoute Siboni.
Netsah Miller, un étudiant de yeshiva qui a émigré en Israël il y a trois ansde sa Californie natale, est un des soldats en planque sous le pin : « Je voisça comme un travail. Je fais mon devoir. Je pense que mon rôle peut avoir uneinfluence », confie-t-il. « Ne serait-ce qu’identifier une cible peut changerle cours des choses. Le savoir me rend heureux du rôle que j’ai à jouer »,ajoute Miller.
A l’est, sur le plateau du Golan, l’armée israélienne met en place un nouveaubataillon de combattant du renseignement, à la frontière avec la Syrie.
En raison des incessantes frictions aux frontières nord d’Israël, toujoursmenacées et instables, l’armée investit beaucoup de moyens et de ressourceshumaines pour garder sa frontière sous haute surveillance.