Les chiens aboient, le scandale passe

Le procès en corruption ne freine pas les acquéreurs d’Holyland

Immobilier (photo credit: Avec l’aimable autorisation d’Anglo-Saxon)
Immobilier
(photo credit: Avec l’aimable autorisation d’Anglo-Saxon)

Une ombre dans le ciel de Jérusalem. C’est ainsi que beaucoup considèrentle complexe d’Holyland, monstruosité architecturale.Mais Holyland, c’est avanttout 500 demeures haut de gamme qui trouvent grâce aux yeux de la communauténationale-religieuse, ou des Juifs Français qui ont choisi de faire leur aliya,d’investir dans l’immobilier ou de faire l’acquisition d’une résidencesecondaire.

La principale tour résidentielle comprend 30 étages, et 5 autres immeubles de 8à 12 étages se rejoignent aux deux derniers niveaux par une passerelle. Aurez-de chaussée, une série de maisons avec terrasse occupent la base ducomplexe.

Mais Holyland est avant tout l’un des plus grands scandales de corruption depays. La résidence est bâtie sur le site de l’ancien hôtel Holyland, célèbrepour sa reproduction miniature de la Vieille Ville de Jérusalem à l’époque duSecond Temple, sous forme d’une maquette extrêmement détaillée. A l’origine, larégion, peuplée d’hôtels, est avant tout destinée au tourisme. Mais le zonagedevient soudain résidentiel. Une réattribution, ont clamé les procureursd’Etat, due aux larges potsde- vin dont les élus locaux ont été arrosés.

Selon l’acte d’accusation, la société pour le développement d’Holyland adéboursé 10 millions de dollars entre 1999 et 2008 pour corrompre de hautsfonctionnaires à la municipalité de Jérusalem. Parmi eux : les anciens mairesEhoud Olmert et Ouri Loupolianski, ainsi que des membres de la commission deprévisions et de constructions de l’Autorité israélienne des terres.

Le complexe Holyland est localisé dans le quartier hiérosolomytain de RamatSharett. Avec Ramat Dénia, ces deux secteurs du sud de la ville sont considéréscomme haut de gamme et affichent des prix plus élevés que la moyenne dans lacapitale. Tous deux ont été planifiés après la guerre des Six-Jours, lorsque legouvernement voulait élargir Jérusalem.

Ramat Dénia tire son nom de la société Dénia Sibus, qui a participé à laconstruction du quartier et Ramat Sharett de Moshé Sharett, second Premierministre d’Israël de 1953 à 1955. Quand ils sortent de terre, ces quartiers desdeux collines (rama signifie hauteur) vont attirer de nombreuses familles de laclasse moyenne.

Eloignés du centre, ils respiraient alors le calme de la banlieue. Nombre defoyers pratiquants vont également y élire domicile, attirés par la proximité dusecteur religieux de Beit Vegan.

Offrir le meilleur des deux mondes

Aujourd’hui Ramat Dénia est un quartier presque entièrement laïc, tandisque Ramat Sharett est de plus en plus religieux, à l’instar des autresquartiers de la ville.

Une tendance favorisée par l’arrivée de nombreux Juifs de Diaspora, séduits parles lieux. La demande immobilière y est donc assez forte, moins affectée queles autres parties de la ville par la récession de ces deux dernières années. Unétat de fait valable pour Holyland, fort peu touché en fin de compte par le scandaledont il a fait l’objet.

Michal Harel, agent immobilier spécialisé auprès de la communauté anglosaxonne,explique : “Lorsque l’affaire de corruption a été révélée, la mauvaisepublicité, venue s’ajouter aux critiques déjà existantes quant à l’aspectesthétique du bâtiment, ont influé négativement sur la demande. Mais à courtterme seulement. Au final, la demande est basée sur les mérites de la propriétéen elle-même”.

Les appartements sont, dans l’ensemble, grands, aérés et bien conçus. Contrairementà d’autres projets immobiliers récents, Holyland comprend également des lots dedeux-pièces, une denrée rare dans les immeubles construits depuis les années1960. Ici, on trouvera des appartements de 2, 3, 4 et 5 pièces, des maisonsavec terrasse, d’autres avec jardin, des penthouses et des mini-penthouses. Lesprix sont demeurés stables, avec toutefois une tendance à la hausse.

“Le coin est très séduisant pour la classe moyenne et l’atmosphère s’enressent”, explique Harel. “Jusqu’à récemment, Ramat Dénia n’était pas desservipar les transports publics mais la plupart des familles possédaient de toutesfaçons au moins une voiture”.

Pour les orthodoxes modernes, Ramat Sharett est idéal car il offre le meilleurdes deux mondes : un quartier moderne avec tous les avantages de la sociétélaïque, et les institutions religieuses de Beit Vegan à proximité. Cetteattractivité a néanmoins un coût : seuls les plus nantis peuvent acheter dansle secteur.

En moyenne, le prix d’un 2 pièce se situe aux alentours d’1,3 million deshekels. On passe à 1,4 million pour un 3 pièces et un large 4 pièces peutmonter jusqu’à 2 millions, tandis que le 5 pièces atteint 2,5 millions. Penthouseset maisons se situent entre 4 et 6 millions