Les heures d’après...

Que redouter durant les 48 heures suivant une potentielle frappe en Iran ? L’INSS apporte un élément de réponse.

Iranian Shahab 3 missile 370 (photo credit: REUTERS)
Iranian Shahab 3 missile 370
(photo credit: REUTERS)
L’institut d’étude de sécurité nationale (INSS) a récemment organisé une simulation de guerre. Le scénario imaginé : les premières 48 heures suivant une frappe de Tsahal sur l’Iran. Point de départ de la simulation, une attaque israélienne unilatérale et sans intervention américaine, dans la nuit du 9 novembre.
L’INSS, basé à Tel-Aviv, a ouvert la simulation avec l’intitulé : “Al Jazeera signale qu’Israël a prévu d’attaquer les sites nucléaires iraniens au cours de trois vagues d’assaut. Suite à cette annonce, Israël confirme officiellement ses attaques en Iran, car il ne lui reste plus d’autre choix possible.” Dans ce scénario, les frappes israéliennes détruisent successivement tous les sites nucléaires et réduisent à néant les avancées du programme d’armement nucléaire, réalisées ces trois dernières années.
L’Iran répondrait alors par une offensive de taille, en tirant quelque 200 missiles “Shahab” sur deux vagues d’assaut et en appelant ses alliés locaux, le Hezbollah et le Hamas, à attaquer Israël.
Au début de la simulation, l’Iran s’abstient de viser des cibles américaines dans la région du Golfe persique. Puis, Israël, renforcé par une attaque victorieuse, tente de réduire et de limiter les frappes suivantes pour apaiser la situation et faire cesser les violences au plus vite. La communauté internationale, quant à elle, reste paralysée, en raison d’une tentative russe de profiter de la situation en servant ses intérêts stratégiques.
“Au bout de deux jours, les Iraniens et, dans une moindre mesure, leurs alliés, continuent leurs offensives contre Israël. La crise ne semble pas prête de trouver une solution.”
Telle est la conclusion de l’INSS à l’issue de la simulation.
Enjeux opposés 
Au cours de ces premières quarante-huit heures, Israël a eu besoin de quatre assauts aériens pour détruire entièrement l’un des principaux sites. Selon l’Institut, “le but stratégique d’Israël était d’empêcher une montée en puissance régionale et de maintenir le niveau des événements à une intensité moindre et sous contrôle. Et ce, le plus rapidement possible, à partir du début des hostilités.”
Bien que les Etats-Unis ne soient pas informés par avance, ils se positionnent clairement côté Israélien et n’émettent aucune opinion divergente, en vue de montrer un front uni et diminuer les chances d’étendre le conflit à toute la région. Ils restent toutefois en dehors du conflit, respectant leur ligne de conduite politique selon laquelle ils ne s’impliqueraient dans le conflit que si l’Iran fermait le détroit d’Ormuz, route principale pour les exportations iraniennes de pétrole. Ou si l’Iran s’en prenait à des cibles américaines situées dans le Golfe.
Au coeur des enjeux : le Hezbollah libanais, allié chiite de l’Iran, se retrouve donc face à un dilemme. D’un côté, l’organisation terroriste est soumise à la pression iranienne qui l’appelle à bomb21arder massivement Israël à coups de missiles et de roquettes.
“Le moment est venu car le ‘jour du Jugement’ est arrivé”, clame Téhéran.
De l’autre côté, une crainte dissuasive pointe : celle d’engendrer des dommages collatéraux et retombées négatives, qui s’étendraient au Liban.
L’INSS conclut : “Le Hezbollah décidera de ne satisfaire que partiellement aux exigences iraniennes, soit d’envoyer roquettes et missiles sur des cibles militaires israéliennes, en majorité aéroports et systèmes de protection active.”
“L’absence de réponse israélienne a d’ailleurs accentué le dilemme du Hezbollah et renforcé sa décision de bombarder de façon modérée, en ce ne ciblant que des zones militaires.”
Le Hamas, enfin, chercherait à éviter de donner une bonne raison à Israël de lancer une offensive massive de terrain sur Gaza.
L’Egypte, l’Arabie Saoudite, la Jordanie, les Etats du Golfe et la Turquie agiraient tous selon leurs intérêts propres, en prenant leurs distances vis-à-vis du conflit et en tâchant d’éviter que la région entière ne s’enflamme.
“Tous agissent de façon rationnelle, selon des politiques en conformité avec leurs intérêts, et en ignorant les contraintes internes et internationales”, souligne l’Institut.
L’étude permet finalement de faire émerger deux courants de pensée. Le premier envisage cette attaque comme le déclencheur d’un conflit qui ravagerait la région entière. Le second estime que la force de frappe iranienne est naturellement limitée par beaucoup d’enjeux stratégiques et que sa capacité à embarquer tout le Moyen-Orient à sa suite dans le conflit reste faible. Reste à peser le pour et le contre.