Les six grandes réalisations d’Israël

64 ans d’accomplissements au nez et à la barbe de nos infatigables détracteurs

64 ans et 6 realisations (photo credit: © Reuters)
64 ans et 6 realisations
(photo credit: © Reuters)

La sagesse populaire veut que l’on s’adoucisse avec l’âge.Et pourtant, hélas, trois fois hélas, Israël, qui vient de fêter ses 64 ans, nesemble pas jouir de la sérénité qui accompagne la vieillesse. Récemment, nosdirigeants nationaux ont fait montre d’une frilosité surprenante.

Le ministre de l’Intérieur n’a pu s’empêcher de bannir un vieux fanfaronallemand dont les belles années remontent à 1959, pour avoir écrit unpathétique poème propagandiste. Et le Premier ministre, qui n’a jamais pris lapeine d’envoyer de lettre à l’ardent sioniste que je suis, fait parvenir unemissive de réprimande aux fauteurs de troubles venus s’infiltrer dans le paysvia une “Flottille volante.”
Ne vous méprenez pas, je prends les délégitimeurs d’Israël de tout acabit trèsau sérieux. Je partage la fureur de Binyamin Netanyahou face à leur hypocrisie,leur autosuffisance et leur politique de deux poids, deux mesures. Je suisconscient du mal qu’ils causent dans les universités, les médias, et parmi lesJuifs crédules soucieuxd’être- aimés-par-les-goyim.
Isoler Israël, remettre en question son droit à l’existence, les accusationsrépétées de sionisme égal racisme, sont autant d’outrages - et constituent desmenaces stratégiques pour Israël, sans parler du fait que cela alimented’autres dangers encore plus grands en provenance de voisins hostiles.
L’écrivain Cynthia Ozick avait raison. Dans les années 1970, elle avait affirmé: les Juifs ne sont pas paranoïaques, mais naranoïaques. Quand vous pensez queles gens vous veulent du mal - et que c’est vrai.
Mon problème, toutefois, est d’ordre tactique. Tout comme je dis à mes amismarqués par des enfances difficiles que “le bonheur est la meilleure desvengeances”, tel est aussi le salut d’Israël. Ainsi, nous devrions ignorer lesGunther Grass et la bêtise de la foule antisioniste. Nous devrions porter untoast à 64 années miraculeuses, et en particulier à six réalisationsextraordinaires, une pour chaque décennie.
Un Foyer pour tous En premier, le rétablissement de la souveraineté juive dansla patrie juive. Qui ne s’est pas moqué de Théodore Herzl en 1897 lorsqu’ilprédisait la création d’un Etat juif un demi-siècle plus tard. Il s’étaittrompé d’une seule année. Revenir à la maison, créer un Etat - le faireprospérer, et non seulement y survivre - est l’un des grands miracles du 20esiècle, qui se prolonge à présent dans le 21e.
Deuxième réalisation : offrir un foyer accueillant aux survivants de la Shoah,aux réfugiés juifs des pays arabes et à tous les Juifs opprimés, tout enpréservant les libertés civiles et l’immigration ouverte à tous. Depuis 1948,Israël a absorbé plus de trois millions d’immigrants, et sa population atteintaujourd’hui les 8 millions d’âmes. Tel un clair démenti d’un prétendu caractèreraciste à l’idéal sioniste, Israël a accepté sans distinction des réfugiésnoirs, basanés et blancs. Pour l’Etat, la couleur de la peau importe peu.
Pour preuve, près de 80 000 Juifs éthiopiens constituent à ma connaissance laseule migration bienvenue de Noirs africains dans un pays majoritairementblanc.
Troisièmement : redonner aux Juifs une place dans l’histoire, transformer leurimage de victimes en acteurs sur la scène mondiale, avec les droits etresponsabilités qui suivent. La traditionnelle caricature européenne du Juif -opprimé, neurasthénique, brisé, pleurnicheur - a vécu. Les Israéliens fontfigure d’hommes forts, exubérants, fiers et libres.
Mais avec le pouvoir naissent les problèmes. Israël, comme tous les pays, a sesfaiblesses et commet des erreurs. Mais comme toutes les grandes démocraties, ildispose de puissants mécanismes d’autocorrection : des élections libres, unepresse dynamique, un système judiciaire solide, une libre-pensée et une cultureouverte au dialogue et à l’autocritique.
98 % des Juifs israéliens ont une mezouza à leur porte

Quatrièmement, laconstruction d’une démocratie capitaliste de style occidental, à forte saveurjuive. En 2009, 3 416 587 Israéliens ont voté lors de la 18e élection nationalelibre du Moyen-Orient - la 18e Knesset - Musulmans, Chrétiens et Juifsconfondus. La croissance du PIB réel en 2011 était de 3,7 %, contre 1,6 % pourles Etats-Unis cette même année. Lors des protestations sociales de cet été, unfort esprit sioniste a été injecté dans cette tentative collective et novatriced’aborder les questions cruciales sur la richesse et le bien-être qui rongentle monde occidental dans son ensemble. Et parce que les Juifs sont un peuple,lorsque nous parlons d’un Etat juif, il ne s’agit pas d’une théocratie, maisd’une démocratie libérale nationale, aux accents typiquement juifs.

Ce qui nous conduit au cinquième accomplissement : une culture juive qui mêlel’ancien au moderne. Israël a connu la régénération d’une vie juive, laïque etreligieuse. C’est un pays occidental moderne doté d’une “très haute” qualité devie, classé 17e sur 187 en 2011 sur l’indice de développement humain desNations unies.
Jérusalem, en particulier, est un laboratoire vivant du judaïsme moderne, etoffre de fascinantes expressions intellectuelles et une vie spirituellebouillonnante - le tout exporté dans le monde juif.
Plus largement, les enquêtes estiment que 98 % des Juifs israéliens ont unemezouza à leur porte, 85 % participent à un Seder de Pessah et 71 % allumentles bougies de Hanoukka, car ils évoluent dans un espace juif, rythmé à lacadence du calendrier juif.
Et pour finir, comment ne pas parler de la renaissance de l’hébreu.
En 2010, les éditeurs israéliens ont publié 5 432 livres en hébreu, reflétantle taux d’alphabétisation d’Israël de 97,1.
L’hébreu est une langue plus vivante que jamais. Cette année, dans unegénuflexion pittoresque de nos racinesbibliques, j’ai appris que mini hot-dog en hébreu se dit “Moshé Bateva”, bébéMoïse dans son panier.
Alors que l’odeur des barbecues embaume encore la terre, souhaitons- nous une65e année de douceur, de paix, où les délégitimeurs seront frappés de mutismeet les Israéliens vivront pleinement, non par vengeance, mais grâce aux fruitsmagnifiques de leurs accomplissements.
L’auteur est professeur d’histoire à l’Université McGill et membre del’Institut de recherche Shalom Hartman.