Mode capitale

A Jérusalem, les boutiques d’occasion de la capitale ne sont pas seulement « in », elles regorgent de véritables trésors

Mode capitale (photo credit: TRUMPLEDOR VINTAGE CLOTHING)
Mode capitale
(photo credit: TRUMPLEDOR VINTAGE CLOTHING)

 

Il n’y a pas si longtemps, les magasins de vêtements d’occasion à Jérusalem étaient le royaume de clients peu fortunés, jeunes pour la plupart, qui n’avaient pas les moyens de se vêtir avec du neuf. Certes, fidèles à la culture juive de dons et d’entraides, nombre d’associations étaient connues par les services sociaux pour venir en aide aux familles nécessiteuses. Mais l’idée d’acheter des vêtements de seconde main était loin d’être répandue. Ces dernières années, la tendance a fait son petit bout de chemin en Israël. A commencer par les rues aisées de Tel-Aviv, plus branchées, et plus ouvertes à la mode vintage, qui a progressivement pénétré les garde-robes des grands de ce monde. Acheter vieux, c’était acheter chic. Il aura fallu un peu plus de temps à la conservatrice Ville d’Or pour se prendre au jeu. Mais la crise économique aidant, Jérusalem a, elle aussi, fini par accueillir un large éventail de boutiques de vêtements d’occasion, à des prix défiant toute concurrence.

Attention toutefois à la dérive : parfois, effet de mode oblige, on en oublie que seconde main rime – a priori – avec petits prix. Au consommateur de faire preuve de discernement. Pour les fashion victimes de la capitale, voici un rapide tour des magasins de seconde main les plus populaires de la ville. Pour tous les goûts et tous les budgets.

Now me

« Maintenant moi », ou Naomi en hébreu, se trouve depuis déjà 6 ans dans l’une des ruelles animées du marché Mahane Yehouda. L’un des magasins de vêtements vintage les plus établis de Jérusalem. Gérée par Béatrice, Française d’origine, et sa fille Sarit, cette boutique est un paradis pour les amoureux des vêtements qui ont une histoire, avec ses étagères spectaculaires grimpant jusqu’au plafond.
Béatrice, qui a étudié la mode, est horrifiée en découvrant l’importance de l’utilisation des pesticides dans les champs de coton. Et décide donc qu’il serait beaucoup plus respectueux de l’environnement de recycler des vêtements existants. Une idéologie de plus en plus partagée par les consommateurs, et qui, elle l’espère, dépassera la simple mode pour devenir une habitude.
Selon Béatrice, le concept d’acheter des vêtements d’occasion est entré dans les mœurs israéliennes, même si certains acheteurs sont encore surpris de constater que les prix de certaines pièces de qualité sont élevés, alors que les articles ne sont pas neufs.
La plupart des vêtements présentés proviennent de France, d’Italie, et des Etats-Unis. Le magasin s’adresse à une large clientèle, avec une gamme de prix tout aussi variée. Les ados branchés peuvent trouver des T-shirts à 20 shekels exposés à l’entrée du magasin, tandis que les clients plus avertis peuvent s’offrir des sacs à main design pour plusieurs milliers de shekels. C’est le bon endroit pour un premier shopping d’occasion, avec des vêtements en parfait état et des vendeuses dévouées pour dénicher les perles rares dans les rayons interminables et recommander leurs articles favoris.
Now me, 8 rue Hashezif, marché Mahane Yehouda.
Dimanche au jeudi : 10 h 30 - 19h ; vendredi : 8 h 30 jusqu’à une heure avant Shabbat.

Trumpeldor

Située rue Nissim Bachar au cœur de Nahlaot, la boutique Trumpeldor symbolise l’embourgeoisement récent du quartier. Entouré de cafés, d’un glacier et d’un bar, le magasin contribue à la jeunesse et au dynamisme de l’endroit. Trumpeldor offre de magnifiques chandails, des robes stylisées et de superbes sacs à main, ainsi qu’une sélection importante de vêtements pour hommes.
Les vêtements sont sélectionnés et collectés depuis les quatre coins du pays, mais aussi de l’étranger, soigneusement lavés et disposés dans la boutique, dans un état impeccable. Les prix sont très raisonnables pour un magasin vintage, de 20 à 150 shekels en moyenne. L’échoppe est gérée par les époux Shira et Avi Friedman, respectivement originaires d’Afrique du Sud et des Etats-Unis. Selon Shira, à la tête de la boutique depuis 2010, l’image de la brocante et de l’habillement vintage s’est considérablement améliorée au fil des ans. L’étonnement des résidents âgés du quartier a fait place aujourd’hui à une atmosphère accueillante et leur intérêt de pouvoir d’acquérir des pièces uniques. Les Friedman confient leur enthousiasme en voyant l’augmentation de leur clientèle et celle des magasins d’occasion, qui poussent comme des champignons dans toute la ville. Trumpeldor est sans aucun doute un bon endroit pour les acheteurs novices qui veulent goûter à une expérience conviviale.
Trumpeldor, 18 rue Nissim Bachar.
Dimanche au jeudi : 11 h - 17 h ; vendredi : 11 h - 15 h
L’Atik (Le Grenier)
L’Atik, niché dans un coin de l’ancien bâtiment Mashbir du centre-ville, est un magasin vintage soigné qui présente une collection fournie de vêtements pour hommes et femmes, ainsi que de nombreux accessoires et bibelots.
La propriétaire, Olga, est styliste, et estime que l’attrait pour le vintage à Jérusalem s’est grandement amélioré au cours des dernières années : selon elle, ce type de shopping est beaucoup plus fréquent qu’il y a 5 ans, quand elle a ouvert sa boutique. Les besoins de sa clientèle sont diversifiés, allant de la recherche d’un achat bon marché à celle d’un article spécial qui ne peut être trouvé dans les chaînes de magasins. Selon Olga, les Hiérosolomytains ont des goûts vestimentaires sûrs et un style décontracté. La plupart des vêtements de la boutique sont amenés par ses clients réguliers, qui reçoivent un pourcentage sur la vente. Le reste des vêtements, propres et en bon état, est importé de l’étranger, de même que les divers bibelots qui ornent la boutique, avec des prix allant de 10 shekels pour les foulards et autres petits objets à 1 000 shekels pour les bijoux en or.
Le magasin, bien qu’un peu difficile à trouver, en vaut vraiment la peine. Les vêtements sont soigneusement présentés. Fouiller dans les rayons devient un véritable plaisir, en compagnie d’Olga qui se joint à vos recherches de pièces uniques.
Le Grenier, 34 rue Ben Yehouda (au coin de la rue Eliash).
Dimanche au jeudi : 12 h - 18 h, vendredi : 12 h - 14 h

Le Metzion

Le Metzion, ou « La Trouvaille », a récemment fait son entrée sur la scène du vêtement d’occasion de Jérusalem. Ce grand magasin de deux étages a ouvert l’été dernier, à quelques encablures de la rue Ben-Yehouda. A son actif : articles à bas prix, vêtements, accessoires et livres d’occasion.
Pour la patronne du magasin, le public s’est progressivement habitué à l’idée d’acheter des produits non neufs, surtout en découvrant les avantages financiers qu’ils en tirent. Le magasin est de plus en plus fréquenté, et son propriétaire espère ouvrir d’autres succursales à Jérusalem et à Tel-Aviv.
Le Metzion travaille en coopération avec les institutions de bienfaisance autour de la ville comme la Wizo et Naamat. La plupart des vêtements invendus leur sont par la suite offerts.
Le magasin emploie également du personnel de Shekel, un service communautaire pour personnes ayant des besoins particuliers, qui viennent travailler pendant quelques heures chaque jour.
Vous ne trouverez probablement pas de pièces vintage glamour dans cette boutique, mais le Metzion est l’endroit idéal pour ceux qui aiment la chasse aux bonnes affaires et le sentiment satisfaisant qu’elle procure.
Le Metzion, 5 rue Dorot Rishonim.
Dimanche au jeudi : 9 h - 21 h, vendredi : 9 h - 13 h

Le concept autrefois négatif des vêtements usagés est en train de disparaître, et les habitants de Jérusalem découvrent les nombreux avantages de l’achat d’occasion. Amour de la mode, envie de porter quelque chose de différent, facteur idéologique et prix sympathiques conduisent les acheteurs à ouvrir les bras à ce mode de consommation, qui, nous l’espérons, ne passera pas de mode.