Pourquoi Olmert n’a aucune raison de parader

Doit-on le rappeler : Ehoud Olmert a été un des plus piteux Premiers ministres du pays. Alors un conseil : qu’il prenne gentiment sa retraite

olmert (photo credit: Reuters)
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(photo credit: Reuters)

Après le verdict du tribunal d’instance de Jérusalem, j’ai été soulagé de voirqu’Ehoud Olmert ne se retrouvera finalement pas derrière les barreaux. A moinsque le procès “Holyland” n’en décide autrement. Un ancien Premier ministreincarcéré, en plus d’un président, aurait entaché une fois de trop l’image denotre beau pays. Cependant, notons le ton surréaliste des réponsestriomphalistes d’Olmert et les prédictions arrogantes de ses acolytes,alléguant qu’il est à présent sur la voie vers la tête du gouvernement.

Olmert a simplement eu de la chance que le tribunal détienne insuffisamment depreuves pour démontrer de manière concluante qu’il était au courant de ce qui atranspiré, et pour déterminer si l’argent reçu a servi pour une campagnepolitique ou pour son bénéfice personnel.
Cette constatation ne saurait faire d’Olmert un martyr, ni apporte de l’eau aumoulin des accusations débridées selon lesquelles il serait la pauvre victimed’un complot. L’accusé a lui-même demandé une enquête sur des “Juifs de droiteaméricains” qui, selon ses dires, auraient versé des millions de dollars pourorchestrer sa chute.
Ses partisans exigent, requête irresponsable, la démission du procureur del’Etat, Moshé Lador.
Que l’ami cher d’Olmert, l’ancien rédacteur du quotidien Maariv, Amnon Dankner,a même enjoint de “se suicider”.
Olmert devrait plutôt faire profil bas. Malgré ses dénégations, les juges l’ontvivement critiqué pour avoir reçu des quantités improbables de liquidités etaccumulé des sommes d’argent, détenues dans le coffre d’Ouriel Messa, et jamaisdéclarées. Son assistante personnelle, Shoula Zaken, a été reconnue coupabled’accusations criminelles - de fraude et d’abus de confiance - en dépit du faitqu’Olmert était le seul bénéficiaire de ses actes.
Après le procès, Zaken a déclaré aux médias s’être “dévouée pour l’équipe etavoir sauté sur une grenade” pour protéger son ancien patron.
Aujourd’hui, un certain nombre de politiciens, Haïm Ramon en tête, luiconseillent de rejoindre l’arène politique. Certains de ses vieux copains deKadima lui souhaitent ainsi la bienvenue. Et d’anciens ennemis politiques degauche l’ont soutenu avec un enthousiasme affiché, comme Avram Burg, vu autribunal en train de lui donner l’accolade, juste avant le verdict. Olmert alui-même déclaré : “Je concourrai pour le poste de Premier ministre et prendraiYaïr Lapid avec moi” - obligeant ce dernier à dépêcher un démenti immédiat.
La seconde guerre du Liban comme un boulet 

Mais la plupart des Israéliens nesont pas dupes. Ils n’ont pas oublié qu’Olmert a été le Premier ministre leplus désastreux qu’Israël n’ait jamais connu. Son bilan parle de lui-même.Brillant démagogue à la personnalité attachante, le leader centriste incarne lepoliticien personnifié. D’abord opposé au traité de paix égyptien avec Sadate,il a surmonté son différend avec Menahem Begin et s’est construit un soutien ausein du Likoud.

Après avoir fait ses preuves comme ministre de la Santé, il a été élu maire deJérusalem. Il a par la suite jugé opportun de se déplacer vers la gauche pourdevenir l’un des plus fervents partisans d’Ariel Sharon dans le désastreuxretrait unilatéral de Gaza. C’est alors qu’il a endossé le costume de Premierministre, en 2006, après l’AVC de Sharon.
Sa politique en zig-zag a sauté aux yeux lorsque l’ancien faucon a fait ladéclaration devant le Forum politique israélien de tendance de gauche, basé auxEtats-Unis, en juin 2005 : “Nous sommes fatigués de combattre, nous sommesfatigués d’être courageux, nous sommes fatigués de gagner, nous sommes fatiguésde vaincre nos ennemis”.
En 2006, la guerre du Liban signe sa perte. Après avoir annoncé “porterl’entière responsabilité des conséquences de la guerre”, sa propre commissionWinograd, triée sur le volet, émet une condamnation cinglante de la gestion duconflit. Son rapport le déclare coupable “d’avoir manqué une occasion majeure”d’infliger une défaite cinglante au Hezbollah et de rendre à l’Etat juif saforce de dissuasion. Et la commission d’évoquer à plusieurs endroits les“échecs” et “défauts” dans la “procédure de décision” et dans “la stratégie etla planification” qui ont prévalu tout au long des 34 jours de guerre.
Dans n’importe quel pays démocratique qui se respecte, un tel rapportdéfavorable d’une commission indépendante sur la performance d’un Premierministre dans une période de guerre aurait automatiquement provoqué sadémission. Olmert a refusé de partir, et, faisant fi de la responsabilitépublique, a même eu la “houtzpa” de prétendre que les résultats ont “levél’opprobre moral” qui pesait sur lui.
Un révisionnisme historique

Toutefois, avide de regagner un statut, il proposeaux Palestiniens un accord qu’ils ne pouvaient refuser, avertissant lesIsraéliens que, s’il échouait, “l’Etat d’Israël serait déchu”. Lors de laconférence d’Annapolis, en octobre 2007, il fait les yeux doux auxPalestiniens, adoptant pratiquement leur narratif, lorsqu’il évoque“l’incitation au terrorisme, commise par les Palestiniens comme lesIsraéliens”, impliquant une culpabilité égale des deux parties.

Sans l’approbation de la Knesset ou du cabinet, il se lance dans desnégociations à huis clos avec le chef de l’Autorité palestinienne, MahmoudAbbas, et - ignorant la nécessité de frontières défendables et d’une présencesécuritaire le long de la rivière du Jourdain - offre aux Palestiniens 98,1 %de la Judée-Samarie. Après avoir publiquement déclaré qu’il ne négocierait pasle statut de Jérusalem, il concède d’octroyer la souveraineté de la VieilleVille, y compris le Mont du Temple, à une tutelle internationale. Il propose depermettre à un certain nombre de réfugiés arabes de s’installer en Israël, sansaucune allusion à des réparations pour les centaines de milliers de réfugiésjuifs des pays arabes expulsés en 1948. Mais Abbas a rejeté sa généreuse offre,même s’il est peu probable que les Israéliens aient souscrit à ces concessions.
Pourtant, depuis lors, les Palestiniens insistent pour que l’indice deréférence de futures négociations avec Israël soit réglé sur les propositionsnon autorisées d’Olmert. Quand Olmert a été inculpé de corruption, le ministrede la Défense Ehoud Barak et Tzipi Livni se sont retournés contre lui, et augrand soulagement de la plupart des Israéliens qui lui avaient retiré saconfiance avant toute accusation, il a été obligé de se retirer.
Une fois démis de ses fonctions, il s’est lancé dans un révisionnismehistorique, affirmant que s’il était resté Premier ministre, Israël auraitaujourd’hui un traité de paix avec les Palestiniens et les Syriens ! Il aglobalement fait campagne contre le gouvernement, le tenant responsable de larupture des négociations avec les Palestiniens, et encouragé l’administrationObama à intensifier sa pression sur Israël. Olmert s’est aligné avec lesextrêmesgauchistes et a même prononcé le discours annuel de J Street, considérécomme une plaie par la majorité des Juifs américains.
Aucun Premier ministre israélien ne s’est comporté de manière si irresponsable.
Si Olmert faisait un tant soit peu preuve de bon sens, il remercierait sapetite étoile de chance qui lui épargne la prison, prierait de toutes sesforces pour remporter le procès “Holyland”, se conformerait à son engagement dese tenir à l’écart de la politique et prendrait gentiment sa retraite.

Le site del’auteur : www.wordfromjerusalem.com ileibler@netvision.net.il