Un dictionnaire juif

Un dictionnaire qui compile tout le judaïsme des 70 dernières années, dans sa diversité et par ordre alphabétique

P22-2 JFR 370 (photo credit: screenshot)
P22-2 JFR 370
(photo credit: screenshot)

Le Dictionnaire du judaïsme français depuis 1944 est placé sous la direction d’Antoine Spire, essayiste, journaliste, directeur d’émission à la radio, et de Jean Leselbaum, universitaire, journaliste, ancien rédacteur en chef de la revue Tenoua du MJLF. Avec la collaboration d’un comité scientifique dont les membres sont bien connus du judaïsme français : Dominique Schnapper, Annette Wieviorka, Moïse Cohen, Freddy Raphaël, Jean-Louis Schlegel.

Cet ouvrage de 972 pages rassemble pas moins de 360 articles, rédigés par près de 200 auteurs. Ces auteurs, juifs ou non juifs, font le point sur les notions et les événements les plus importants du judaïsme français de ces 70 dernières années.

Pourquoi cet ouvrage est-il important ? Parce qu’il rend compte des événements culturels, sociaux, de la littérature, de l’antisémitisme, de la Shoah comme des nouveaux courants de la pensée et de l’observance du judaïsme. On retrouve des articles d’auteurs de plusieurs générations confondues, d’idées souvent opposées, religieux ou non, de diverses confessions.

Le dictionnaire fait également état des convictions et des conduites des Juifs de tous les courants, pour refléter la réalité du judaïsme français dans sa diversité. Chaque personne est présentée par son œuvre, pour rendre compte de la trace écrite qu’elle laissera. Claude Lanzman, Robert Badinter, Simone Veil, Serge Klarsfeld ou encore Elie Wiesel. Pour prendre ce dernier exemple, trois pages lui sont consacrées, divisées entre sa vie et son premier témoignage avec le livre La nuit. Après s’être imposé dix années de silence, il est enfin prêt à témoigner. Il rédige en yiddish le récit de sa déportation, Et le monde se taisait. Un témoin, qui au gré des conflits autour du génocide des Juifs, d’interviews en publications, de références hassidiques culturelles à la résistance contre l’oubli, devient la figure emblématique du survivant de la Shoah. Le survivant écrit parce qu’il ne peut pas faire autrement.

Une grande place est également réservée à la littérature, française ou non, ayant eu une influence sur le judaïsme français. On y retrouve Céline, Albert Cohen, Romain Gary, entre autres.

Les auteurs n’ont pas oublié les associations telles que la Wizo ou encore le Bnai Brith, le CRIF et tant d’autres organisations qui ont marqué le judaïsme français de ces 70 dernières années.

Les événements marquants sont également présents, comme l’attentat de la synagogue de la rue Copernic, la tuerie de Toulouse, le procès Papon, l’affaire du Carmel d’Auschwitz, le cimetière de Carpentras…

Le Dictionnaire du judaïsme français depuis 1944 renvoie aux personnages du judaïsme français, à la vie économique et intellectuelle, à la culture comme au religieux. Le tout comme un fait social relevant de l’Histoire, de la sociologie, de la politique.

On ne peut évidemment lire d’une traite ce dictionnaire, mais on s’en sert comme d’un dictionnaire normal. On y trouve un index des principaux noms cités et une table des matières qui va de l’adoption au yiddish à la bande dessinée, en passant par l’amitié judéo-chrétienne, les écoles juives, mai 1968, la musique, Israël, l’humour, Manitou, et j’en passe. Pour ma part ce Dictionnaire du judaïsme français depuis 1944 doit se trouver dans toute bonne bibliothèque. u

 

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