Une banlieue dans la ville

Les prix à Pisgat Zeev sont 30 % moins chers que dans le reste de la capitale. Mais vont-ils le rester ?

Après la guerre des Six-Jours, Israël annexe l’est de Jérusalem. La population de la partie ouest compte alors à peine 250 000 habitants ; le gouvernement décide donc de construire des quartiers satellites autour de la ville, pour augmenter sa population juive.

En 1971, les travaux commencent à l’est de Talpiot et Ramat Alon, puis à Guilo et Nevé Yaacov en 1972. Pisgat Zeev est pensé en 1982 pour créer une continuité entre la Guiva Hatzarfatit et Nevé Yaacov, au nord de la capitale. Le quartier est divisé en quatre zones : le centre, la partie originale et la plus ancienne, l’Ouest, concomitante au village arabe de Beit Hanina, l’Est, face au désert de Judée, et le Nord, adjacent à Nevé Yaacov. L’ensemble est construit sur l’ancienne route de Jérusalem à Damas, via Naplouse et la Galilée. De nombreux vestiges archéologiques ont d’ailleurs été découverts pendant les travaux.
A l’époque biblique, la région était une terre de cultures, parsemée de petits villages et de propriétés. De 1 200 à 578 avant J.-C. (destruction de Jérusalem par Babylone), elle est le grenier de la capitale. Des restes de vignes et d’exploitations d’huile ont ainsi été découverts et certains archéologues et historiens pensent que c’est là qu’étaient fabriqués le vin et les huiles locales qui approvisionnaient le .
Au cours de l’époque romano-byzantine, la région se dote d’églises et de monastères, tandis que des paysans, regroupés en petits villages, cultivent la terre. Ainsi, du 5e au 8e siècle, un vaste monastère grec occupe le haut de la colline. Une datation établie d’après la mosaïque qui orne le sol de la chapelle, construite au-dessus d’un caveau funéraire, et une presse à huile découverte dans l’enceinte. Dans une ancienne chambre abandonnée, des casseroles et des poêles ont été déterrées, de même qu’un sac de tissus contenant 200 pièces de monnaie.
A l’est de Pisgat Zeev, se situe une colline appelée Tel el-Foul, probablement la Guivat Shaoul biblique, capitale de la tribu de Binyamin. C’est le plus haut point d’altitude de la région, estimé à 840 mètres du niveau de la mer.
Des habitants cosmopolites et citoyens

Aujourd’hui, Pisgat Zeev est le plus grand quartier de Jérusalem. Avec plus de 50 000 habitants, il est une destination prisée des familles et des jeunes couples qui cherchent à fuir les prix élevés du reste de la capitale. Moshé Aharon, agent immobilier, explique : “De jeunes familles peuvent acheter de grandes maisons avec jardins et terrasses pour des prix jusqu’à 30 % moins chers que des appartements du centre de Jérusalem.”

Le point faible du quartier : sa situation excentrée par rapport au centre-ville. Aujourd’hui, la zone est desservie par le nouveau tramway de la capitale, mais tous les habitants ne sont pas concernés. Ou ne seront pas exempts de prendre leur voiture pour se rendre à une des stations du train léger. Conséquence : les prix restent stables. Et l’offre reste malgré tout moins chère que dans le reste de la ville.
Une maison particulière - peu nombreuses à Pisgat Zeev - se négocie entre 3,2 et 3,4 millions de shekels, tandis que les maisons mitoyennes s’échangent pour 2,5 à 3 millions de shekels. Pour les appartements, un 3 pièces standard de 70 mètres carrés peut coûter entre 1 et 1,15 million, un 4 pièces de 90 mètres carrés entre 1,3 et 1,6 million, et un 5 pièces de 125 mètres carrés se vend entre 1,7 et 1,9 million.
De nombreuses jeunes familles se sont donc installées dans la zone. Conséquence, le quartier se distingue par le nombre important de jardins d’enfants, d’écoles élémentaires et quelques lycées. La population ? Un mélange de religieux et laïcs. On dénombre ainsi un nombre conséquent de synagogues à Pisgat Zeev.
Les habitants ont l’esprit citoyen : avec l’aide de la Société pour la protection de la nature, ils ont transformé 2 hectares de décharge illégale en espace protégé pour fleurs sauvages, avec plus de 55 espèces d’arbres et de plantes.
Les investisseurs, qui sentent le potentiel du quartier, ont commencé à affluer à Pisgat Zeev. Et en raison de sa proximité avec le campus du Scopus de l’Université hébraïque, la demande de locations estudiantines est constante.