30 000 orthodoxes manifestent contre l’enrôlement

« Pas de compromis », a scandé le rabbin Auerbach.

JFR P5 370 (photo credit: Marc Israël Sellem/The Jerusalem Post)
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Une marée noire. Plus de 30 000 harédim ont envahi les rues deJérusalem, dans la soirée de jeudi 16 mai, pour protester contre l’enrôlementmilitaire des étudiants de yeshiva. La manifestation a ensuite pris un tourviolent : 8 policiers ont été blessés et 10 hommes ont été arrêtés pourtroubles à l’ordre public et jets de pierres.
Deux des officiers ont dû être hospitalisés dans un état modéré. La foule aincendié des bennes à ordures et jeté des bouteilles de verre et des pierres endirection des forces de l’ordre. En réponse, la police a employé des canons àeau et des grenades assourdissantes pour disperser les émeutiers.
La manifestation a eu lieu devant le centre de recrutement militaire de Romema,un quartier de la capitale. Les protestataires répondaient à l’appel dumouvement ultraconservateur de la Eda Harédite. Le rabbin Shmouel Auerbach,connu pour diriger la faction de Jérusalem, un groupe de harédim non hassidiquesqui rejette le leadership du rabbin Aharon Leib Steinman, généralement reconnucomme le chef de file du mouvement, était également présent.
Prenant la parole pendant la manifestation, il a supplié les harédim de ne pascéder sur l’enrôlement. « Il ne peut y avoir de compromis. Nous formerons unmur contre ces mesures, un mur que personne ne pourra pénétrer. Mais si lemoindre trou se forme dans ce mur, cela deviendra la voie par laquelle ilsentreront », a mis en garde le rabbin. « Les étudiants de yeshiva ne doiventpas écouter ces flagorneries qui leurs disent qu’en allant à l’armée, ilspourront ensuite gagner un meilleur revenu. Ce serait faire comme Esaü qui avendu son droit d’aînesse contre un plat de lentilles ! », a continué Auerbach.
Des propos repris en écho par le rabbin Itzhak Touvia Weiss, dirigeant de laEda Harédite. « Nous ne dévierons pas de notre chemin. Nous ne quitterons pasla salle d’étude et ne permettrons à aucune influence étrangère d’y pénétrer »,a-t-il déclaré, avant de lancer : « Ces gens-là veulent arracher la Torah aupeuple juif, mais notre mission est de ne pas abandonner la salle d’étude ».
Le rabbin Moshé Sternboch, numéro 2 du mouvement radical, a affirmé que lacommunauté continuerait selon ses usages, même si la loi était adoptée par legouvernement. « Nous continuerons d’éduquer nos enfants comme nous l’avons faitdepuis des générations. Vous pouvez faire passer vos budgets et vos mesures,nous continuerons quand même ».
La Eda Harédite est un segment particulièrement radical au sein de lacommunauté orthodoxe, mais ne représente que quelques milliers de familles,principalement installées à Jérusalem. La manifestation n’était pas soutenuepar les principaux courants orthodoxes, qui s’opposent pourtant également trèsvigoureusement à l’enrôlement des harédim.
Selon les accords de coalition passés entre les différents partis dugouvernement Netanyahou, les étudiants de yeshiva devront s’enrôler comme tousles autres jeunes Israéliens, à compter de 2017. Seule exception : 1 800 élèvesparticulièrement brillants qui obtiendront une exemption chaque année. La loidevrait être adoptée ces prochains mois.
3 réformes religieuses 
Le ministre des Cultes, Naftali Bennett, présente cesmesures comme « révolutionnaires ».
Pas peu fiers. Le ministre des Cultes, Naftali Bennett, et son vice-ministre,Eli Ben-Dahan (HaBayit HaYehoudi) ont dévoilé 3 réformes des servicesreligieux, qu’ils ont qualifié de « révolutionnaires ». Objectif : rendre plusaccessibles les services religieux, souvent décriés pour être particulièrementlourds et peu accueillants.
1. Abolition de la séparation des districts d’enregistrement pour les mariagesEn clair : les futurs mariés pourront s’inscrire partout dans le pays, ce quicréera une compétition parmi les conseils religieux régionaux pour les 600shekels de frais d’enregistrement et devrait améliorer la qualité du service.
2. La nomination des présidents de conseils se fera désormais sur des critèresprofessionnels En clair : ces nominations ne se feront plus sur un vote desautorités locales et religieuses et du rabbinat, comme c’est actuellement lecas, évitant ainsi « le népotisme et le favoritisme », selon le voeu deBennett.
3. Le nombre de conseils religieux régionaux seront réduits de 132 à 80 Enclair : le ministère des Cultes souhaite rediriger les fonds économisés, encoreune fois pour améliorer l’accueil du public et la qualité de ses services.
Si ces réformes sont unanimement considérées comme efficaces sur la forme, denombreuses voix se sont élevées dans l’opposition pour en dénoncer le fond.Selon le parti Meretz, Bennett ne fait que « remplacer les kippas noires parles kippas crochetées, plaquer un sourire sur le service », mais ne s’attaquepas au réel problème, à savoir le pluralisme religieux. Une analyse partagéepar les mouvements libéral et conservateur. « La seule révolution qui puisseguérir la crise des services religieux en Israël est l’abolition du monopoleorthodoxe et l’instauration d’un vrai choix pour les différentes communautésjuives », a ainsi écrit le directeur du Mouvement israélien réformé, le rabbinGuilad Kariv.