...Gauche et plus

Avoda et Meretz ne seront pas dans la coalition.

Labor's Yacimovich at Dizengoff Center campaign event 370 (photo credit: Lahav Harkov)
Labor's Yacimovich at Dizengoff Center campaign event 370
(photo credit: Lahav Harkov)
Avoda, rien n’est joué d’avance ! 
On ne présente plus Avoda,parti au pouvoir depuis la création d’Israël jusqu’en 1977. Porte flambeau ducamp de la paix, son histoire est tourmentée depuis l’assassinat du Premierministre Yitzhak Rabin, un soir de novembre 1995. Lors des élections de 2009,il a ainsi subi un cuisant revers, passant de 19 à 13 mandats. Puis, en 2011,Ehoud Barak, alors leader de la formation, fait scission, et entraîne dans sonsillage 4 députés pour fonder le parti Atzmaout (Indépendance), dans uncontexte de crise parlementaire.
Avec 8 élus, Avoda se retrouve donc au plus bas. Mais le mouvement social del’été 2011, avec pour fer de lance le désir d’une société plus juste et pluségalitaire, remet le parti sur le devant de la scène.
C’est l’heure de gloire de Shelly Yachimovich. Forte d’une longue carrièrejournalistique et de 42 lois passées depuis les bancs de l’opposition, latravailliste fait figure de pasionaria sociale. Elle remporte les primaires àl’automne 2011 et galvanise sa formation qui attire les sympathisants en masse.A une semaine des élections, la plupart des sondages lui confèrent entre 18 et20 mandats.
Yachimovich se distingue de ses prédécesseurs pour faire campagne presqueexclusivement sur les questions socio-économiques, au détriment du frontdiplomatique. Ce qui pousse Amir Peretz, arrivé 3e des primaires du 29novembre, à claquer la porte avec fracas pour rejoindre Tzipi Livni. Leprogramme économique du parti, résolument social-démocrate, souhaite augmenterles impôts des sociétés, alléger les taxes de la classe moyenne, lutter contrela corruption et mettre l’accent sur la responsabilité de l’Etat envers sescitoyens. Côté diplomatique, le parti prône la solution à deux Etats avec unretour immédiat à la table des négociations.
Durant la campagne, Avoda a cherché à se positionner comme le seul véritableparti d’envergure face au Likoud, en axant sa campagne contre lui. Avec deuxgrands slogans : « Avoda. On remplace le pouvoir », et « Bibi, c’est bon pourles riches, Shelly, c’est bon pour moi ». Yacimovich persiste et signe : lesquestions socio-économiques sont « le talon d’Achille » du Premier ministresortant, Binyamin Netanyahou.
Contrairement aux autres partis, les Travaillistes refusent d’admettre lavictoire du Likoud-Beiteinou et clament partout qu’avec 25 mandats, leur partisera chargé de former le gouvernement par le président Shimon Peres. Dans lecas contraire, a récemment affirmé Yachimovich après s’être longtemps refusée àle faire, le parti refusera de rejoindre une coalition dirigée par Bibi etrestera dans l’opposition.
Paroles de militant 
« Lutter pour une société meilleure » Marco Sarrabia, 53ans, né à Tunis, a fait ses études en France (Montpellier). Israélien depuis 24ans, membre du kibboutz Tzova, il travaille dans la recherche et ledéveloppement (industrie automobile).
Militant de longue date au parti travailliste, il a choisi de s’engager dans lacampagne. Entretien Pourquoi votez-vous pour le parti travailliste ? J’aiadhéré au parti il y a 20 ans, après avoir rencontré Yitzhak Rabin à Tzova lorsde la campagne électorale de 1992.
Aujourd’hui, je souhaite continuer le combat incessant pour la paix, pourdonner de l’espoir à nos enfants, même si les résultats sont longs à venir. Laguerre n’est pas notre destinée. Tous les israéliens sont épris de paix, mêmeles plus extrémistes. J’aspire aussi à une société meilleure, contre lesinégalités et la pauvreté, pour la défense des droits des travailleurs, pour lecontrôle des prix, pour la responsabilité de l’Etat sur ses citoyens, surtoutles plus défavorisés.
Quels sont les points forts et les points faibles du programme du parti selonvous ? Le programme économique est évidemment un point fort et une priorité debase pour le parti. Il est basé sur une idéologie sociale-démocrate pourétablir une économie équitable dans une société plus juste, en ne rejetantaucun courant, aucune population, afin de permettre à tous de contribuer aupays et d’accéder au monde du travail.
En ce qui concerne nos voisins palestiniens, nous adoptons la solution de deuxEtats pour deux peuples, selon la proposition Clinton. Shelly Yachimovich s’estengagée à soutenir les habitants des implantations, tant qu’un accord de paixsatisfaisant ne sera pas signé (contrairement à ce qui s’est passé à Gaza).
A mon avis, seul le sujet de l’Education nationale demande à être approfondi etretravaillé. La société israélienne est très complexe. Il faut adapter lescontenus en respectant les sensibilités et les différentes visions du monde.
Quel regard portez-vous sur la campagne ? A titre personnel, quel est votreniveau d’engagement ? Dans les rues, on voit quelques affiches, mais dansl’ensemble tout paraît calme. Certaines personnes semblent même indifférentes.Peut-être ont-elles perdu l’espoir de voir les choses changer ? Aux dernièresélections, seulement deux tiers des israéliens sont venus voter. Pour contrercette tendance, une campagne nationale a été initiée pour encourager les gens àvenir voter. Tous les vendredis matin, les militants travaillistes (dont jefais partie) se postent partout dans le pays et parlent avec les passants pourprésenter le programme du parti. Les candidats participent aussi à toutes lesmissions sur le terrain, en plus des débats organisés dans les villes et dansla presse. Personnellement, je suis responsable de la traduction de la pageFacebook de Shelly en français et de la préparation du scrutin dans tous leskibboutzim de la région centre.
Croyez-vous que le parti travailliste puisse encore gagner ? Sous l’égide deShelly, je pense qu’il peut monter une coalition sociale pour établir unesociété plus juste dans une économie équitable, ce qui est le voeu le plus cherde la plupart des Israéliens. De plus, il a été prouvé que la majorité soutientun accord de paix avec les Palestiniens. Donc le programme du parti estacceptable pour la plupart des partis de centre et de gauche, pour la droitemodérée, et surtout pour les religieux.
Quel avenir pour le parti s’il devait rester dans l’opposition ? Contrairementà Kadima qui s’est évaporé, Yachimovich a prouvé que l’on peut continuer àlutter et défendre son idéologie, même depuis les bancs de l’opposition. Avodaa dirigé l’Etat pendant des décennies et il ne va pas disparaitre demain. Aucontraire, il se renforcera. 
Meretz : 4 anspour faire la paix 
Reconnaitre immédiatement l’Etat palestinien ettravailler de concert avec les Palestiniens pour remplacer les accords d’Oslo.Tels sont les objectifs de Meretz présentés par Zehava Gal-On. Mardi 25 décembre,la présidente du parti réunissait ainsi la presse pour s’autoproclamer le «dernier vrai camp de la paix ».
Selon son plan en 4 points, Israël devrait négocier avec l’Autoritépalestinienne des accords sur la sécurité, l’économie et l’eau. Un remplacementintérimaire aux accords d’Oslo serait en place jusqu’à l’application du traitéfinal. De plus, l’Etat hébreu gèlerait les constructions dans lesimplantations, libérerait les prisonniers palestiniens et ôterait les points depassage en Judée et Samarie.
Le but de la manoeuvre, selon Meretz ? Obtenir un accord satisfaisant pour lesdeux partis en 4 ans. Le parti appelle en outre à la fondation d’un « Quartetrégional », composé de l’Egypte, l’Arabie Saoudite, la Turquie et la Jordanieet inspiré du Quartet international (Etats-Unis, Union européenne, Onu etRussie). Cette formation superviserait les négociations entre les deux partiset travaillerait avec les délégués de la Ligue arabe pour favoriser la mise enapplication de l’Initiative de paix arabe de 2002.
Selon le plan, l’accord de paix sera basé sur les frontières de 1967, avecéchange de territoires, Jérusalem-est comme capitale du futur Etat palestinienet compromis sur la question des réfugiés palestiniens. Par ailleurs, ilprévoit de tendre la main à la Syrie, une fois que la guerre civile y prendrafin et qu’un gouvernement stable y sera établi, et envisage le retour duplateau du Golan en échange d’un traité de paix.
Enfin, ces prévisions comprennent de « continuer la coopération » avec la bandede Gaza, au nom de l’économie et du bien-être de ses citoyens et sans rapportavec le gouvernement de la région côtière.
Meretz, « le camp de ceux qui veulent la paix et croient que la solution estatteignable », est la seule alternative à la politique du « Premier ministreBinyamin Netanyahou, qui nous amènera une troisième intifada », estime Gal-On,pour qui, un gouvernement dirigé par le Likoud-Beiteinou met en danger lasolution à deux Etats. Et de lancer : « il n’y a pas de partenaire pour la paixen Israël ».