Itzhak Rabin : un hommage en campagne

A l’approche des élections, la commémoration annuelle de la disparition de l’ancien Premier ministre prend une couleur politique

Hommage Rabin 521 (photo credit: Reuters)
Hommage Rabin 521
(photo credit: Reuters)
Samedi 27 octobre au soir, 15 000 personnes étaient rassemblées à Tel- Aviv pour rendre hommage à Itzhak Rabin. Engagé dans un processus de paix avec les Palestiniens, actif dans la signature des accords d’Oslo, l’ancien Premier ministre avait reçu le prix Nobel de la paix, en 1994. Le 4 novembre 1995, il était abattu de trois balles dans le dos, tirées par un extrémiste de droite, à l’occasion d’un rassemblement pacifiste.
Dix-sept ans après l’assassinat, l’édition 2012 de la commémoration a pris un tournant politique. Les bannières donnaient le ton : “En souvenir du meurtre, luttons pour la démocratie !” De nombreuses personnalités se sont exprimées ce soir-là : l’ancienne ministre de l’éducation Yuli Tamir, Rabbi Avi Gisser et le poète Haim Gouri. Sans compter Ouri Matuki, membre de Dror Israël, l’une des associations organisatrices.
Selon Matuki, cette année, discours publics et démocratie se trouvent “dans une bien plus mauvaise posture qu’il y a dix-sept ans”.
Pour parer à toute accusation de récupération politique, Matuki précise que le slogan a été choisi très en amont, bien avant l’annonce de l’alliance entre Likoud et Israël Beiteinou pour les élections 2013.
“Dix-sept ans après le drame, aucune leçon n’a été tirée. Pas de problème pour débattre et “se battre” autour de thèmes divers. Mais, à l’arrivée, ce sont les urnes qui doivent avoir le dernier mot. Pas la violence !”
Un héritage contesté
Samedi soir, la foule était en bleu. De nombreux mouvements de jeunesse, Noar Haoved Vehalomed et Hashomer, ainsi que des partis de gauche, étaient présents. Au cours de la commémoration, une vidéo a été projetée, montrant des manifestations organisées par la droite dans les mois qui ont précédé l’assassinat et auxquelles a participé Netanyahou. Une foule scande “Rabin est un traître” et brandit des portraits à l’effigie de l’ancien Premier ministre, affublé d’un keffieh ou d’un uniforme SS.
Oded Hon, 70 ans, vient tous les ans rendre hommage à la mémoire de Rabin.
Pour la première fois, il n’est pas venu les mains vides : sur sa bannière, on peut lire “La droite a tué la démocratie”. Une prise de position nécessaire selon lui : “si on laisse faire sans réagir, le gouvernement continuera à empiéter sur nos droits et à les bafouer.”
Au sein du mouvement de jeunes nationalistes religieux Bnei Akiva, les avis divergent.
Rabbi Danni Hershberg, à la tête de l’organisation, a condamné le meurtre de Rabin, s’attirant les foudres de Pinchas Michaeli, responsable de la section Bnei Akiva d’Itamar, près de Naplouse : “Durant son mandat de Premier ministre, Rabin s’est battu pour ériger une identité arabe qui aujourd’hui s’efforce inlassablement de détruire l’Etat d’Israël.” Réponse d’Hershberg : “La raison de cette cérémonie est de commémorer le meurtre de Rabin mais c’est également l’occasion de s’interroger : comment résoudre les conflits inhérents à notre société, en maintenant cet appel sans équivoque à lutter pour préserver la démocratie ?” La suite lors des élections de janvier prochain.