Les clefs d’une meilleure relation

Conseils de rigueur après la réélection du président américain

Barack Bibi 521 (photo credit: Jason Reed - Reuters)
Barack Bibi 521
(photo credit: Jason Reed - Reuters)
Déjà vu. C’est ce que les correspondants étrangers en poste en Israël ont dû se dire mercredi 7 novembre. Immédiatement après l’annonce de réélection de Barack Obama, les communiqués de la part des adversaires politiques du Premier ministre Netanyahou affluaient, et soulignaient l’incapacité de Bibi à s’entendre avec le président américain.
Mais c’est le chef de l’opposition Shaoul Mofaz qui a décroché la palme de la virulence, en traitant le Premier ministre de “persona non grata” à la Maison Blanche.
Les mêmes avertissements avaient déjà été lancés en novembre 2008 et se sont avérés, pour la plupart, exacts. A l’époque, lorsque le Jerusalem Post publiait les accusations des rivaux de Netanyahou, un spécialiste des relations israéloaméricaines avait objecté : Natan Sharansky, actuel président de l’Agence juive, prédisait que les deux leaders s’entendraient malgré tout. Il a eu tort. Mais une autre de ses prédictions s’est révélée exacte.
Selon le vétéran, ce n’étaient pas les divergences d’opinion qui allaient causer des difficultés entre les deux pays, mais bien ce qu’il avait qualifié de “jeux de pouvoir” et autres surprises entre les deux administrations.
Discrètes confidences Le meilleur exemple de ces “surprises” est l’incident de Ramat Shlomo, lors de la visite du viceprésident américain Joe Biden en 2010. Obama et son équipe avaient accusé Netanyahou d’avoir pris Biden de court en annonçant, pendant la visite officielle, un projet de construction dans ce quartier de Jérusalem situé au-delà de la Ligne verte. Que Bibi ne soit pas impliqué dans la décision et n’ait même jamais entendu parler du quartier n’avait pas complètement apaisé le mécontentement américain.
De son côté, le président a continuellement pris de court le gouvernement Netanyahou par des initiatives diplomatiques et des demandes irréalistes, telles que le gel des implantations dans des zones consensuelles au-delà de la Ligne verte, gel qui a en fin de compte empêché la reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens. Puis, annoncer un plan de paix pour le Proche-Orient à Washington, à la veille de l’arrivée de Netanyahou, tel que l’a fait Obama en mars 2011, est une autre de ces surprises qui n’ont pas favorisé l’amitié entre les deux hommes.
Depuis, ils ont appris à se tenir mutuellement informés. L’année dernière, lorsqu’Obama a proposé un marché à l’Iran, via la Turquie, sur l’enrichissement d’uranium, Netanyahou aurait pu s’en offusquer publiquement. Mais il ne l’a pas fait, car il était clairement dans la confidence.
Pas d’interférences Aujourd’hui, un nouvel accord avec l’Iran pourrait avoir lieu et les Palestiniens s’apprêtent de nouveau à déposer une demande de reconnaissance à l’ONU. Des initiatives en forme de test pour voir si Netanyahou et Obama vont entamer ce second mandat présidentiel, d’un meilleur pied que pour le premier. Ce qui pourrait contribuer à améliorer la relation : notamment ne pas interférer mutuellement dans leurs politiques intérieures, comme ils l’ont tous deux fait au cours de ces quatre dernières années.
Dernier exemple en date : Bibi a été accusé d’interventionnisme dans la course électorale américaine en voulant pousser Obama à adopter une ligne plus dure avec la République islamique. Dans l’entourage de Netanyahou, on a répété sur tous les tons que ses intentions étaient nobles et qu’il s’agissait uniquement d’encourager la communauté internationale à empêcher plus efficacement un Iran nucléaire. Mais les critiques ont répondu que le Premier ministre aurait dû faire davantage attention en cette période délicate que constitue une campagne pour un président-sortant. Aujourd’hui, le camp de Bibi exploite l’incident de la “date-butoir” en voulant y voir la preuve que le chef du gouvernement n’avait pas misé sur le mauvais cheval : Netanyahou aurait tenté de faire pression sur Obama, car il supposait qu’il allait gagner l’élection.
De son côté, l’administration d’Obama a causé des problèmes politiques à son homologue en délivrant à plusieurs reprises des informations aux médias israéliens, généralement au quotidien Yediot Aharonot. Dernier exemple ? Les gros titres, au mois dernier, citant une source américaine selon laquelle Netanyahou avait renoncé à des pourparlers avec la Syrie avant que la guerre civile n’éclate.
Le but des dommages causés par ce titre : une tentative du camp Obama pour dissuader Bibi d’intervenir dans l’élection américaine.
Difficile d’imaginer que le président américain tentera à son tour de jouer les trouble-fêtes dans la campagne législative israélienne, car il sait trop bien que cela ne ferait que nourrir les soutiens politiques du Premier ministre-sortant.
Comme un rayon de lumière Enfin, dernière clef pour des relations apaisées : moins de couacs entre les deux pays. Ce qui a été surnommé “daylight” (comme le rayon de lumière que l’on voit passer entre deux éléments qui ne sont pas complètement joints) par les médias anglo-saxons.
Le terme est entré en vigueur après une réunion controversée d’Obama avec les leaders juifs américains en 2009. Ceux-ci avaient interrogé le président : pourquoi laissait-il entrevoir publiquement les sujets de divergences entre Israël et les Etats-Unis ? Et le démocrate de répliquer que la politique dite du “no-daylight” de l’administration Bush n’avait pas fait ses preuves.
A supposer qu’il remporte l’élection de janvier, Netanyahou se rendra probablement à Washington le 3 mars 2013 pour la conférence annuelle de l’AIPAC, immédiatement après la nomination de son propre gouvernement. Sa rencontre avec Obama sera sûrement déterminante pour les quatre années à venir.
L’annonce d’une visite imminente du président américain en Israël, sa première en tant que dirigeant des Etats-Unis, serait alors la bienvenue. Ce serait la première étape pour qu’en 2016, les correspondants étrangers puissent évaluer différemment les relations nouées entre Binyamin Netanyahou et Barack Obama.