Pas d’accord pour le bloc de centre-gauche

Yaïr Lapid, Shelly Yacimovich et Tzipi Livni se sont rencontrés « dans une atmosphère conviviale ».

Tzipi Livni 300 (R) (photo credit: Nir Elias/Reuters)
Tzipi Livni 300 (R)
(photo credit: Nir Elias/Reuters)
Il n’y aura pas de bloc d’opposition contrele futur gouvernement « extrémiste » du Premier ministre Binyamin Netanyahou.C’est ce qu’a déclaré Tzipi Livni, lundi 7 janvier au matin. La candidatecentriste n’a pas réussi à conclure un accord avec la chef des Travaillistes,Shelly Yacimovich, et le président de Yesh Atid, Yaïr Lapid.
Dans un communiqué commun publié dimanche soir après leur réunion, les troisdirigeants ont affirmé que la rencontre s’était déroulée dans une « atmosphèreconviviale » et pourrait se répéter en cas de besoin. Objectif du rendezvous ?La formation potentielle d’une coalition de centregauche pour affronterNetanyahou au scrutin du 22 janvier.
C’est Livni qui en a lancé l’idée, vendredi 4 janvier au cours d’un entretienau journal télévisé d’Aroutz 2, deux jours après que Yacimovich se soitdistinguée en annonçant qu’elle préférerait être chef de l’opposition que derejoindre une coalition menée par Bibi.
S’adressant à la radio militaire lundi matin, Livni a déclaré : « Nous n’avonspas fait le nécessaire, qui aurait été de publier un communiqué commun,affirmant que nous travaillerons main dans la main et ferons en sorte que lechoix soit clair : soit un gouvernement d’union nationale sur la base de nosidées, soit un gouvernement extrémiste dont les Israéliens ne veulent pas ».
Au cours de la réunion, Livni a également admis, pour la première fois, qu’elle« ferait avec » si Yacimovich devait former le prochain gouvernement, et nonelle-même.
Selon la radio militaire, Livni aurait affirmé à son adversaire travaillistequ’il était dans son intérêt de se joindre à elle, car Avoda est le plus grosparti du bloc et il « est en bonne position pour former le gouvernement ».
De son côté, Yacimovich a réitéré son appel à Livni et à Lapid pour qu’ilss’engagent publiquement à ne pas siéger dans un gouvernement dirigé parNetanyahou. « Pour que les Israéliens sachent que nous avons la réelleintention de combattre Netanyahou, nous devons tous exclure la possibilité dele rejoindre », a martelé la candidate dans la journée de lundi.
Par ailleurs, toujours selon la radio militaire, et selon une information duministre (Likoud) de l’Education, Guideon Saar, les leaders du centre-gaucheauraient décidé au cours de leur réunion de rencontrer le parti Meretz et lesreprésentants des formations arabes afin de s’assurer que le futur Premierministre les reconnaisse en tant que bloc unique.
Un lit de roses pour Livni 
Une fois de plus, Binyamin Netanyahou devraitfaire envoyer des fleurs à l’ancienne ministre des Affaires étrangères, TzipiLivni. Le mois dernier, lorsqu’elle a décidé de former un parti indépendant, aulieu de concourir sur la liste travailliste, Bibi aurait déjà pu lui offrir desroses.
Car si elle avait rejoint le plus grand parti de centre-gauche alors que leLikoud baissait dans les sondages, la course aux élections aurait été bien plusserrée.
Mais au contraire, Livni a formé son propre parti, divisant par cela le voteanti-Netanyahou. Aussi Bibi pouvait-il dormir sur ses deux oreilles, assuréqu’il était de renouveler son mandat lors des élections du 22 janvier.
Et là encore, Livni vient d’enlever une épine du pied à Netanyahou, en appelantà une alliance à la Knesset entre la formation de Yaïr Lapid, Yesh Atid et leParti travailliste de Shelly Yacimovich. Ses intentions auraient pu être bonnessi l’unité avait abouti.
Mais Livni aurait dû se douter qu’en aucun cas Yaïr Lapid n’accepterait sesmanigances. Il semble, pour sa part, déterminer à tout faire pour rendre legouvernement Bibi aussi modéré que possible. Livni aurait aussi dû s’attendre àce que Yacimovich ne s’allie jamais à une coalition qui n’a pas explicitementrefusé de siéger dans une coalition Likoud, ce à quoi Livni ne s’est pasfermement opposée.
L’idée du méga-parti de gauche tombe donc à l’eau. Mais il ne devrait pas êtretrop tard pour effrayer les électeurs de droite, ce qui était le desseinprincipal de la manoeuvre de Tzipi.
Netanyahou avait pourtant prévenu : le vote pour les partis satellites tend àaffaiblir le Likoud. Mais plus il a averti, plus les électeurs ont jeté leurdévolu sur le Shas et Habayit Hayehoudi au détriment de son parti. Ce schéma atoutefois été bouleversé vendredi.
Merci qui ? Tzipi
Soudain, il n’était plus utopiste d’imaginer un changement detête au bureau du Premier ministre. La place ne semblait plus garantie à Bibi.Ce n’est pas très chic pour un Premier ministre israélien de courird’interviews en interviews pour répondre aux scandales naissants. C’étaitencore moins une bonne idée pour Netanyahou d’attaquer de plein front NaftaliBennett le mois dernier.
Mais les choses se sont calmées. Pour tout cela, Netanyahou peut dire merci àLivni, dont les manoeuvres politiques continuent d’affaiblir le bloc de centregauche. Elle ne cesse d’aider celui qui, assez paradoxalement, elle ditdétester…